EN DEUX MOTS : Après deux grands films à plus grandes échelles (Ad Astra et The Lost City of Z) le primé James Gray revient au film citadin et surtout intime avec ARMAGEDDON TIME. Un projet personnel, fictionnel, mais un brin autobiographique qui survient après 25 ans de carrière.
Film en avant-première présenté au festival de Deauville le samedi 03 septembre.
Comme chacun de ces films est un petit évènement dans la planète cinéphile, celui-ci était probablement le plus attendu parmi les avant-premières du festival. Son film le plus intime depuis son premier, Little Odessa (prix de la critique à Deauville en 1994…), et le talent en moins aurait fait de lui un parfait film de compétition.
Synopsis
»L’histoire très personnelle du passage à l’âge adulte d’un garçon du Queens dans les années 1980, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain. »
Festival de Deauville
Réaliste, nostalgique, et dans un montage d’à peine deux heures, le réalisateur (qui signe naturellement le script) décortique son histoire sur une courte période de plusieurs mois en faisant du jeune Banks Repeta son principal héros. Gravite autour de lui un casting restreint, mais de stars, avec notamment Anne Hathaway et l’excellent Jeremy Strong (Succession) dans le rôle de ses parents.
Toutefois, c’est toujours l’impérial Anthony Hopkins, dans un rôle plus fourni qu’on aurait pu le craindre, qui tire son épingle du jeu dans le rôle du grand-père amical et mentor dans l’âme.
On retiendra également la participation remarquée de Jessica Chastain dans le rôle de Maryanne Trump, via un discours moralisateur qui respire le totalitarisme autour du rêve américain. Un parallèle parfait pour gangrener une nouvelle génération prête à les gouverner tous…
RÊVES D’UN JOUR, RÊVES TOUJOURS
ARMAGEDDON TIME s’inscrit ainsi dans un récit réaliste qui débute et s’achève à peu de choses près sur une interview, puis l’élection, de Reagan à la présidence. Pour cette famille juive du Queens, l’armageddon est donc succinctement évoqué et sera révélateur d’un contexte social toujours très délicat.
À noter qu’entre les deux écoles (public et privé) que fréquente notre jeune héros qui se rêve artiste, le fossé et la construction du rêve américain demeurent. C’est atrocement désillusoire et fondateur sur les fondements de la quête de réussite.
Là où James Gray fait des merveilles, c’est dans la caractérisation des personnages cités précédemment qui possèdent une incroyable nuance. Dans un contexte de dureté et d’incompréhension familial autour de l’innocence et l’insolence de notre jeune héros, le récit dispose d’une narration idéale.
Toutefois, James Gray ne révolutionne pas son propos dans sa démonstration qui accuse de quelques lenteurs à défaut d’aucun remplissage. ARMAGEDDON TIME demeure un drame familial et introspectif solide, moins pertinent et viscéral que certaines de ses œuvres hélas.
Cela reste… Un petit événement qui fera nombre d’émules.
Les + :
- Un casting dingue, intime et bien exploités
- Une rigueur de cinéma d’auteur chez les grands
Les – :
- Quelques longueurs et scènes austères
- Un manque de moments dramatiquement forts
Ma note :
De : James Gray / Année : 2022 / Durée : 1h55
Avec : Banks Repeta, Anne Hathaway, Jeremy Strong, Jaylin Webb, et Anthony Hopkins,
Mais aussi : Tovar Feldush, Andrew Polk, John Dielh, et Jessica Chastain
Nationalité : États-Unis