WESTWORLD – saison 3

Un désert d’humanité et un libre arbitre contrôlé

EN DEUX MOTS : Après une 1ère saison fondatrice – solide, mais qui manque d’éblouissement, et une seconde saison plus spectaculaire – intense, mais trop alambiqué dans ses multiplications de time-line, le monstre de la S.F  (du petit-écran) : Westworld signe sont grand retour au printemps.

Espacé de deux années comme les précédentes, cette 3ème aventure  marque un tournant majeur pour la saga puisque son intrigue quitte (quasiment – exclusivement) le parc pour se dérouler dans le ‘’monde réel’’. De quoi renouveler une partie du casting, mais surtout ses décors et son esthétisme, pour baigner à 100% dans un monde SF, futuriste, et grandiose. La série conserve ses airs de Western principalement grâce à la présentation d’un Los Angeles de 2058 – lumineux et désertique (en espace-temps).

ICONE EN TÊTE

Le destin de Dolores

 Dans son 1er épisode « Parce Domine » on y retrouve une Dolores (Evan Rachel Wood) déterminée et ultra charismatique, prête à renverser le monde des humains. Un 1er épisode qui lui est quasiment dévoué (outre la continuité du destin de Bernard (Jeffrey Wright)) bien qu’il prenne le temps d’également présenter l’humain Caleb (Aaron Paul, au jeu d’éternel Jesse Pinkman de Breaking Bad), dans un rôle majeur et futur allié pour la cause de Dolores. 

Un retour qui marque par la grandeur et le soin apporté aux effets spéciaux du show. Toutefois l’intrigue reste brumeuse et permet une implication restreinte du téléspectateur dans les objectifs présentés. Il faut attendre la scène post-générique, ainsi que le second épisode « The Winter Line », pour plus d’éclaircissement, dans un épisode qui éclipse de façon un poil frustrante – Dolores, et se consacre cette fois à sa seconde héroïne : Maeve (Thandie Newton).

Un épisode un poil décevant également, dans sa présentation de l’héroïne coincée dans un parc inédit intitulé Warworld – une reproduction d’un village Italien occupé par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Ce monde n’étant qu’une illusion développé par un nouvel antagoniste mystérieux : Serac (Vincent Cassel), dont le but 1er est de convaincre Maeve de stopper les plans de Dolores. 

Parallèlement, on suit un Bernard motivé du même désir, de retour dans le parc ravagé, le temps d’y trouver un nouvel allié : l’hôte Stubbs (Luke Hemsworth) et un moyen d’accomplir son plan.  Les enjeux de cette 3ème saison sont lancés, en l’absence de William (Ed Harris) qu’on ne retrouve qu’à partir du 4ème épisode*.

DOUBLE DESTINEE

Une 3ème saison plus courte également (8 ép. contre 10 par le passé) est volontairement plus linéaire dans son intrigue (comme annoncé ultérieurement par ses créateurs Jonathan Nolan & Lisa Joy, à nouveau réalisateurs et scénaristes sur différents épisodes).

Cependant, après deux premiers épisodes bancals narrativement, le 3ème « The Absence of Field » est une réussite complète qui fait la part belle à l’émotion. De nouveau centré sur l’intrigue de Dolores – qui convainc subtilement Caleb de l’accompagner dans sa révolution et qui pose un regard intéressant sur la notion de libre arbitre – cette épisode s’intéresse au profil de l’hôte sous les traits de la belle Tessa Thompson, qui subît un cas intéressant de dédoublement de personnalité et d’auto-mutilation.

Une piste narrative passionnante et maintenue en suspense puisque l’identité de l’hôte dans le corps de Charlotte Hale demeure secrète, bien que plusieurs indices soient présentés. Cela nous amène à prendre connaissance de l’ancien profil humain qu’était Hale, la superbe et glaciale antagoniste des 2 premières saisons. La fin de l’épisode est d’autant plus efficace qu’il éclaire les intentions de Serac, en lien avec Hale contre Delos.                 

L’épisode suivant « The Mother of Exiles » permet d’avoir plus d’éclaircissement sur ces différents points puisqu’on apprend que c’est Dolores elle-même qui s’est dupliqué dans le corps des différents hôtes (une partie du moins), et bien que les réels intentions de Serac demeurent encore vagues sont dessein et son implication prennent forme. Toutefois, par ses différentes scènes l’antagoniste demeure convenu dans sa forme, et ce malgré le charisme naturel de l’acteur français.

*Enfin, ce 4ème épisode fait surtout la lumière sur le retour de William, désorienté entre réalité et imagination de sa propre humanité. Manipulé par Hale, l’homme en noir devient l’homme en blanc lorsque celui-ci est interné contre son gré dans un centre de soins particulier. L’heure du mid-season est déjà arrivée, avec cette fois plus de cartes en mains.

FREE WILL

Les choses s’accélèrent toujours un peu plus, dès l’épisode suivant « Genre », puisque la révolution de Dolores se concrétise réellement lorsque celle-ci dévoile dans le monde entier les informations sur chaque individu et leur libre arbitre contrôlé. Résultat, après le chaos du parc en saison 2, le chaos s’abat sur le monde humain et l’action s’intensifie. Parallèlement le passé de Serac est entièrement dévoilé – des éléments efficaces qui épaississent le personnage, aussi convenu soit-il.

 Et c’est bien le manque d’éléments forts et surprenants qui font défaut à cette 3ème aventure qui dans sa linéarité perd son attrait psychologique pour ses trames de Science-fiction. Les rebondissements s’orientent vers des éléments récurrents d’actions et l’attrait sur la caractérisation des personnages perdent clairement leurs forces.

L’exemple le plus concret s’observe dans le 7ème épisode « Passed Pawn », composé de nombreuses scènes flashback sur le véritable passé de Caleb et l’importance du personnage. Des scènes inutilement rallongées, et déjà teasées dans les épisodes précédents, qui révèlent les failles de narration de cette 3ème saison. De plus, malgré un combat réjouissant entre les deux icônes féminines, celui-ci manque d’intensité dans son exécution.

L’épisode final « Crisis Theory » s’avère à ce titre décevant – heureusement que la série a été renouvelée entre temps – et démontre la faible importance de personnages cruciaux tels que William et surtout Bernard, cette saison – contrairement à Dolores et son interprète. Elle s’achève par la chute de Serac, sur un certain suspense pour la survie de Dolores dont-on efface la mémoire et par une scène post-générique qui tease des copies hôtes de William créées par la nouvelle antagoniste – Hale 2.0, qui embrasse entièrement son nouveau destin.

Ainsi, malgré son renouvellement concret et le développement d’un univers SF passionnant et crédible, cette 3ème saison demeure décevante. La faute (majoritairement) à un casting, principal ou secondaire prestigieux sous exploité –  et par une complexité revue à la baisse, qui diminue par la même occasion – concrètement la qualité de narration.

Le destin de Dolores et l’immense talent d’Evan Rachel Wood demeureront les points forts de cette saison. Une saison qui inscrit définitivement Westworld dans une saga d’action SF, lui faisant perdre au passage un certain aspect de sa force de réflexion. 


MA NOTE : 15.5/20

CREATEUR(s): Jonathan Nolan & Lisa Joy

AVEC: Evan Rachel Wood, Thandie Newton, Jeffrey Wright, Aaron Paul,

Tessa Thompson, avec Vincent Cassel, et Ed Harris,

mais aussi : Luke Hemsworth, John Gallagher Jr., Simon Quaterman, Tommy Flanagan, Lena Waithe, Rodrigo Santoro, Angela Sarafyan, Tao Okamoto,

Hiroyuki Sanada, Pom Klementieff, Marshawn Lynch, Michael Ealy, Kid Cudi, Katja Herbers, Peter Mullan, Jimmi Simpson (…)

 EPISODES : 8 / Durée: 58mn     ANNEE DE DIFFUSION : 2020

GENRE : Thriller, Action, Science-fiction       CHAINE : HBO

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