EN DEUX MOTS : Après un démarrage en fanfare en 2016, la saga d’envergure de Science-fiction WESTWORLD s’est dévoilée sous différents registres avec deux suites plus nuancées. D’abord avec une révolution sanglante mais moins réussie sur son côté cérébral, et ensuite dans un renouvellement (quasi) complet dans une saison 3 futuriste et décevante qui l’inscrit dans un registre d’action moyennement convaincant malgré ses qualités techniques.
Avec un habituel interlude de deux ans, cette grande saga HBO revient dans une saison charnière qui pourrait s’avérer décisive pour l’intégrité de son œuvre.
VIDEO GAMES
Si WESTWORLD demeure attaché à l’action, son redémarrage se fait en douceur dans une dynamique inédite à la clé. Après une nouvelle révolution qui a fait rage en saison dernière dans le monde des hommes, on retrouve, des années plus tard, une partie de nos héros sur des portions de vies bien différentes.
En écho à l’éveil perpétuel de notre tête d’affiche en première saison, Dolores (Evan Rachel Wood, magnifiquement magnétique et monochrome ici) évolue dans un contexte drastiquement différent – un N.Y futuriste – et qui soulève bon nombres de mystères jusqu’à l’épisode 4 principalement. Sous le nom de Christina, celle-ci navigue dans une vie routinière et un peu maussade jusqu’au jour où des événements anormaux viennent bousculer son quotidien.
A noter dans le générique du premier épisode la magnifique reprise de »Video Games » de Lana Del Rey par le compositeur Ramin Djawadi, dans une version classique et sans lyric.
Sous des airs calmes de thriller parano WESTWORLD dévoile un nouveau jeu de piste qui prendra tous son sens après la mi-saison. Cela permet également de remettre sur le devant de la scène son ancien amant incarné par James Marsden, disparu depuis la saison 2 et qui fait ici office de lumière dans l’obscurité.
RENOUVEAU 4 POINT 0
En parallèle, le gros de l’intrigue, sous des épisodes aux durées revu à la baisse (entre 48 et 55mn principalement) lève le voile sur deux camps adverses avec d’un côté le duo d’action Maeve (Thandiwe Newton) / Caleb (Aaron Paul) fraîchement créé en toute fin de saison dernière et qui pénètre dès la fin du second épisode dans un parc inédit basé sur l’âge d’or américain… Ce faisant et en renouvelant insidieusement sa formule (l’humain étant le cobaye, la marionnette de l’hôte) WESTWORLD 4 se raccroche aux wagons qui ont fait son succès d’antan. En additionnel le duo fait des merveilles à l’écran par une certaine filiation et fusion homme/femme.
Face à eux, également teasé cette fois dans une scène post générique du final, on retrouve un nouveau duo d’antagonistes avec Tessa Thompson dans la version défaillante de Hale/Dolores accompagné du mythique Ed Harris (plus présent et délectable que jamais) en hôte asservis et nouvel version cruel du puissant homme en noir. A noter qu’on apprend au détour d’une scène S.F pleines de références la survie du William humain cryogénisé.
Afin d’apporter de la cohérence au récit et pour asseoir les desseins de contrôle de la race humaine via des nanotechnologies un peu effrayante (comme le présente le nouveau générique par des essaims de mouches et une tour au sound-design très réussi) les deux showrunners usent d’une ellipse temporel conséquente de 7 ans. De quoi rendre crédible la création conséquente d’un parc inédit sur le territoire américain mais aussi l’infiltration des (249, à l’heure actuelle) hôtes de Hale 2.0 dans les hautes sphères gouvernementales. Le thriller parano et S.F à la Carpenter n’a jamais été aussi proche.
Cette nouvelle dynamique s’avère aussi exaltante qu’elle dispose naturellement de raccourcis scénaristique. D’autant que le montage de cette saison remet en lice, à partir de l’épisode 3, Bernard (Jeffrey Wright) sous une nouvelle temporalité qui va dévoilée quelques nouveaux visages et surprises dès l’épisode suivant. Vite teasé, vite expédiée sa »nouvelle » mission – sauver le monde… – aura l’avantage de remettre son profil sur le devant de la scène grâce à son voyage dans le Sublime.
Ce même épisode évolue vite pour le duo d’action dans le new Westworld pour un résultat à proprement efficace, entre réinvention d’une ligne narrative dans la simulation et exploitation d’une révolte meurtrière. Il éloigne même Evan Rachel Wood le temps d’un épisode (puis un deuxième ensuite).
La saison 4 de WESTWORLD prend un tournant significatif dans son formidable épisode 4 intitulé »Generation Lost » qui va non seulement nous éclairés sur les nouvelles intrigues en cours mais aussi regroupés son intrigue durant les épisodes suivants sous une seule et même temporalité. L’affrontement palpitant qui oppose les deux factions (Caleb, Maeve / Hale, William) prend (en partie) fin sous un dénouement passionnant qui nous ce solde par la mort de nos héros, tandis qu’une version hôte (la 278ème) de Caleb se réveil 23 ans plus tard dans un N.Y entièrement contrôlé par Hale.
Cela va nous menés naturellement à de nouvelles interactions entre personnages, de nouvelles alliances, mais aussi des mystères et des manipulations dont-on lève peu à peu le voile.
A PERFECT WORLD
« Zhuangzi », l’épisode 5 fait directement référence aux textes (voir citations ci-dessous) d’un penseur chinois du IVème siècle avant J.C.
Ses thèmes principaux sont la spontanéité en action et la libération du monde humain, en particulier de ses normes, conventions et technologies. Les fables et anecdotes tentent d’illustrer la vanité des distinctions humaines entre le bien et le mal, le grand et le petit, la vie et la mort, ou l’humain et la nature.
Wikipédia
Il permet, entre autres, de comprendre le monde parfait créé par Hale avec un certain manque de recul mais de bien belle manière. Une nouvelle mélodie et réadaptation de Ramin Djawadi « Perfect Day » l’illustre dans une parfaite chorégraphie et cet épisode illustre tout autant Tessa Thompson en antagoniste totale dont le contrôle s’effrite peu à peu. Face à elle, Ed Harris délivre une nouvelle partition tout à son honneur avec un charisme fou.
Ces pérégrinations sont surtout l’occasion de remettre sur le devant de la scène la sublime Evan Rachel Wood qui a parfaitement su livrer une prestation de jeux totalement inédite et confuse tandis qu’elle entrevoit la vérité. Nouvelles questions, nouvelles réponses, WESTWORLD 4 réinvente son concept et fait amende honorable dans la maîtrise de son genre belliqueux qu’est la Science-fiction.
La suite du récit s’applique toujours – dans un rythme maîtrisé – à privilégier tel ou tel personnage le temps d’un épisode, tout en coupant au montage certains autres. Les minces crédités au générique (du nombre de 7 – pas assez?) avance (trop?) rapidement vers le destin envisagé par le sage Bernard et l’inextricable conclusion. Le tout avec beaucoup d’efficacité mais hélas aucunes belles fulgurances.
NOUVEAU CHAOS ET JEUX DE MASSACRE
Il faut attendre les deux derniers épisodes pour assister à un récit encore plus condensé, maîtrisé et poignant, qui révèle naturellement quelques surprises autour du cadre de la narration. Bien qu’on ne sache jamais vraiment qu’elle mort peut-être définitif ou non pour nos personnages, l’épisode 7 « Métanoïa » (voir citation) s’applique à procéder à l’exécution de nos personnages favoris tandis que le monde de Hale 2.0 s’embrase suite à la révolte d’un William hôte définitivement transformé en homme en noir partit en chasse.
Dans la Grèce antique, métanoïa signifiait « se donner une norme de conduite différente, supposée meilleure »
Wikipédia
« Qué serà, serà », le final on l’on doit comprendre en français « Ce qui doit arriver arrivera » est un beau parallèle à cet épisode 8 décisif pour la saga. Tout aussi meurtrier, voire plus que l’épisode précédent, celui-ci alterne entre très bons éléments de cette saison et imperfections sur un manque de contenu flagrant. Ainsi de nombreuses questions perdurent comme toujours dans WESTWORLD avec un teasing sur »un dernier tour de piste » qui grâce à Dolores/Christina définira le sort de l’humanité, gravement en péril.
Bien que cette fin soit abrupte et manque d’éléments autour des destins de certains personnages elle demeure acceptable et démontre que la série dispose encore de cette force poétique et grandiose toute particulière malgré ses errances. Si la saison 4 n’est pas au niveau des deux premières, fondatrices, elle remet en lice la série après sa très décevante saison précédente. L’espoir renaît.
La série a était annulée début novembre 2022. Hélas. Cette fin convenable mais incomplète boucle donc cette grande saga de science-fiction.
Les + :
- Un renouveau d’intrigue qui mélange les éléments forts de la saga
- Un rythme et une ambiance bien plus maîtrisé qu’en saison précédente
Les – :
- Quelques détours et raccourcis scénaristiques
- Une saison trop courte
MA NOTE : 16/20
CREATEUR(s) : Jonathan Nolan & Lisa Joy
AVEC : Evan Rachel Wood, Thandie Newton, Jeffrey Wright, Aaron Paul,
Tessa Thompson, avec James Marsden, et Ed Harris,
mais aussi : Luke Hemsworth, Aurora Perrineau, Angela Sarafyan, Ariana DeBose, Daniel Wu,
Nozipho Mclean, Morningstar Angeline, Celeste Clark, Michael Malarkey, et Zahn McClarnon (…)
EPISODES : 8 / Durée : 52mn ANNEE DE DIFFUSION : 2022
GENRE : Thriller, Action, Science-fiction CHAINE : HBO
[…] MA NOTE : 16/20 – MA CRITIQUE : ICI […]