The End (Festival de Deauville – 2025)

EN DEUX MOTS : Objet de toutes les curiosités au sein d’une solide Compétition, mais aux genres commun, The End se démarque de ses concurrents par quelques caractéristiques de taille. Le film est notamment amené par un casting très (très) solide dans lequel prône la formidable et atypique Tilda Swinton. Actrice aux mille visages qui se démarque également a la production ici.

À la réalisation, c’est le méconnu et non moins atypique Joshua Oppenheimer qui se charge du projet et pour sa première œuvre dite de fiction. Mais ici encore le film se démarque par son genre : la comédie musicale.

À l'occasion de la 51e édition du Festival du cinéma Américain de Deauville, retour sur quelques séances et films inédits projetés durant l'événement. 
En l'occurrence ici le : 10e film de la compétition projeté le mercredi 10 septembre. (et que j'ai vu en séance différé le jeudi 11).

Alors certes le (sous) genre de la comédie musicale à la côte ces dernières années, mais dans le contexte du festival, The End à plusieurs cordes à son arc. Toutes prêtent à céder cependant. Dans un contexte post-apocalyptique et claustro idéal, le film effraye tout d’abord avec sa durée colossal de 2h28. Et pour toujours plus d’excentricité, son synopsis met en avant des personnages au titre solennelle.

Vingt-cinq ans après qu’une catas­trophe éco­lo­gique a ren­du la Terre inha­bi­table, Mère, Père et Fils vivent reclus dans leur luxueux bun­ker. Pour gar­der espoir et pré­ser­ver une illu­sion de nor­ma­li­té, ils s’accrochent aux rituels du quo­ti­dien – jusqu’à l’arrivée de Fille, une incon­nue qui bou­le­verse leur rou­tine bien rodée. À mesure que les ten­sions montent, leur exis­tence en appa­rence idyl­lique com­mence à s’effondrer.

Mère, Père, Fils ou Fille se font face et échange dans un contexte de fin du monde forcément étriqué. Surtout compte tenu de son décor resserré, aussi prometteur soit-il. La question étant, ce réalisateur de docu engagés parvient-il à allier toutes ses caractéristiques risquées entres elles ? Tout en faisant mouche avec ce portrait d’une Amérique au plus proche de l’Apocalypse. Hélas, pas du tout et le film échoue sur presque tous ses points.

La fin des traumas.

Très vite, The End dévoile ses charmes sous une mise en scène sage, mais posée et surtout une image impeccable. Il n’en fallait pas moins pour rendre (dans un premier temps) hommage à son contexte et sa distribution ou très vite les mélodies et les lyrics se succèdent et mettent en vedette cette drôle de famille. Jusqu’à l’arrivée d’une trouble-fête qui vient remettre en question toute cette équilibre rodé, mais précaire.

Et là, The End signe sa fin précoce. Car très vite, la comédie musicale se montre linéaire et favorise les longueurs. Bien souvent inutile dans les dilemmes qui animent les personnages et d’autant que paradoxalement, le montage fait preuve de drôles de coupes dans son montage.

Sous une mise en scène qui n’évolue que trop peu et un décor qui devient vite étriqué et sous-évalué (malgré d’impressionnants tunnels souterrains qui cassent avec le reste), la comédie musicale manque de souffle. Ses chorégraphies subissent les mêmes longueurs (et rajoutent à son montage son heure de trop), et s’avèrent peu inspirées au même titre que ses lyrics qui paraissent bien souvent timides en plus de leurs classicismes.

Enfin, on aurait pu au moins espérer que son superbe casting apporte du souffle à cette très longue œuvre dramatique, mais hélas, il se retrouve étouffé par le trauma de ses personnages. (quand le film ne les laissent pas de côté, à l’instar de ses seconds rôles masculins). Alors certes, cela rend son déroulement moins attendu qu’on aurait pu l’imaginer, mais cela renforce d’autant plus ses longueurs.

Paradoxalement, ou tristement, ma plus grosse attente du Festival est aussi ma plus grosse déception. Les deux allants de paires.


MA NOTE : 12/20

Les crédits

De Joshua Oppenheimer
Année : 2024
Durée : 148 min
Avec : Tilda Swinton, George Mackay, Moses Ingram, Michael Shannon
Nationalité : États-Unis

Scé­na­rio : Ras­mus Heis­ter­berg, Joshua Oppenheimer
Direc­teur de la pho­to : Mikhail Krichman
Musique : Joshua Schmidt
Mon­tage : Niels Pagh Andersen

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