
EN DEUX MOTS : Si l’attente fut longue entre les deux premières saisons du phénomène mondial, c’est loin d’être le cas cette fois. 6 mois (quasiment jour pour jour) sépare cette nouvelle salve de la précédente, avec, à la clé, 6 nouveaux épisodes. Cela porte au total les deux saisons à 13 épisodes, et vu leurs continuités (et un tournage effectué tout autant) il paraît évident que la série coréenne se compose ainsi de deux aventures distinctes.
Anéanti après avoir perdu son ami, le joueur 456 reprend pourtant courage et défie les plans du maître du jeu dans l’ultime saison de la série la plus regardée au monde.
C’est ainsi en terrain connu que cette ultime saison nous emmène, vers une conclusion qui s’annonce sanglante. Pour preuve, avec beaucoup de visages récurrents et seulement 3 jeux restants, Squid Game 3 déborde d’une fatalité explicite. Un sentiment de fausse précipitation pour un show qui s’est toujours autant étiré le suspense en longueur, mais qui, dans la même veine que ses deux précédentes saisons, fonctionne farouchement bien. Et ce, malgré des défauts bien apparent.

Toujours est-il, la fin de sa saison 2 laisser présager une fin soutenue et funeste pour sa large distribution. Tout en teasant, par la même occasion, de nouveaux concepts enfantins et meurtriers à la clé. Néanmoins, au-delà de son aspect « jeu » prédominant, Squid Game 3 se devait d’apporter quelques éclairages à son vaste univers. Chose qu’elle fait, en partie, même si ces 6 derniers épisodes se concentrent bel et bien sur la cruauté humaine ou le sadisme qui découle des jeux.
Dans cela, son créateur – Hwang Dong-hyuk – explore son sujet jusqu’au-boutisme. Mais donc, avec toujours autant de grandiloquence et avec un certain manque d’ambiguïté. De quoi gâcher le plaisir de la fin tant attendue du plus gros phénomène de la plateforme de streaming ? Probablement pas. Du moins jusqu’à son final qui risque de diviser…
Vous retrouverez ici les critiques de deux précédentes saisons : - SAISON 1 - SAISON 2

Attention la suite contient des spoilers !
Fatalité meurtrière
Squid Game 2 nous avait laissé sur une insurrection ratée et avec elle toute chance de rébellion. Traîtrise, faiblesse, désillusion et exécution étaient autant de coups fatals porter à un joueur 456 (Lee Jung-jae), plus abattu que jamais. Avec une certaine linéarité, faute d’une intrigue en continu, Squid Game 3 débute par ce même sentiment d’abattement. D’autant que le jeu n’est pas terminé.
6 épisodes paraissent tout de même assez peu, même si son format s’avère logique quand on l’additionne à la saison précédente. La question était de savoir si la série coréenne allait suffisamment enrichir son univers au moment de sa conclusion. Et si son épisode de reprise marque une nouvelle transition entre les épreuves, très rapidement cette nouvelle partie nous replonge dans l’enfer du jeu.
En réduisant le nombre de participants, la mort paraît d’autant intime. Et sa partie de cache-cache en est l’exemple parfait. Dans une nouvelle démonstration sanglante et sadique, le créateur, par le bais de différents codes moraux, poussent ses personnages dans leurs pires retranchements. Si l’exercice recèle de faiblesses, la faucheuse n’épargne en revanche personne.

L’amour (du gain)
Ainsi, dès son second épisode « The Starry Night » (dont le décors est une toile de fond récurrentes dans les affiches promotionnel), Squid Game 3 appuie son sentiment de fatalité. 1 heure de traque labyrinthique bien troussée, à défaut de faire la lumière sur des personnages réellement fouillés. Avec sa structure narrative en temps réel, son créateur ne se paye pas le luxe d’apporter un vrai passé à ses nombreux joueurs. Faute de mieux, il dresse ainsi des profils perfectibles, mais trop appuyés.
C’est toute la limite de Squid Game (de manière générale) : son manque d’ambiguïté. Le cheminement, les allégeances et les choix des joueurs n’étonne donc personne. Là où, la série à la faculté d’aller au bout de son sujet et se montre invariablement sans scrupules. Du moins, dans son cercle du jeu, car ses intrigues secondaires vont nous prouvait le contraire.
Il y a des limites indéniable dans certains comportements (comme ses dépendances à la drogue, au bas mot risible), mais la peur et la lâcheté (et l’appât du gain évidemment) amènent nos joueurs à accomplir les pires actions. Résultat des courses : une mère poignarde son fils, les plus égoïstes perdent tout sens moral et une joueuse accouche en pleine épreuve. À ce stade quasi précoce de la saison on peut presque être surpris par ce virage si radical, tandis que le jeu n’a pas encore dévoilé tout ses secrets.

Bas les masques…
Néanmoins, l’arrivée prématurée d’un nouveau-né dans la dynamique du jeu va être l’occasion pour son scénariste d’explorer d’autant plus la part sombre de l’âme humaine. Mais pas que. Ce moment dans l’intrigue et également l’occasion d’afficher une facette spectatrice longtemps fantasmé : ses V.I.P. D’inévitables actionnaires qui se délectent du massacre qui se déroulent sous leurs yeux (un peu comme nous…). Et qui s’adonnent même à l’exécution de candidats disqualifiés.
Avec ce nouvel élément en place dans l’intrigue, Squid Game y trouve l’une de ses principales faiblesses. En présentant un échantillon des 1% de façon si prononcé la série multiplie les clichés de genre, ce qui la relaye directement en seconde zone. Du pur produit Netflix décérébré. Par chance, tout n’est pas si con dans la série et en plus de son efficacité, le reste de sa saison possède quelques atouts.
D’autant que cette dernière salve d’épisodes dresse également un parallèle évident entre le joueur 456 et le maître du jeu (Lee Byung-hun) – l’ancien joueur infiltré. Dommage que l’intrigue laisse planer autant de mystères sur les intentions de ce dernier, même si cela contribue à la force de son final. Avant ça, notre tête d’affiche étranglera de ses mains le joueur 388 qu’il juge responsable de l’échec de l’insurrection, puis se placera comme le sauveur de l’orphelin. Et ce, contre une bande de vautours sans vergognes.

Si le suspense n’est plus le même dès lors, notamment dans un montage qui alterne avec ses deux intrigues secondaires (qui traînent en longueur), Squid Game 3 nous précipite vers son grand final. Et sa dernière épreuve qui lève le mystère sur la raison de ses formes (carré, triangle, rond). Et ce, après une épreuve de corde à sauter fort bien pensée.
Conclusion
Viens avec l’achèvement de cette ultime épreuve le sacrifice de l’ancien vainqueur. Et parallèlement la destruction du site et la fuite de tous ses protagonistes secondaires. (Avec tout de même, ironie suprême, l’arrivée tardive de Hwang Jun-ho (Wi Ha-joon), contraint de quitter les lieux après avoir seulement aperçu son frère au loin). Malgré le pragmatisme dont fait preuve le joueur 456 au moment de sa chute, ce dénouement paraît fatalement légèrement précipité. Et un peu balisé dans son cheminement.
Toutefois, outre ses autres épilogues tout aussi balisé, ses dernières scènes au côté du maître du jeu possèdent plus d’intérêts. (même si j’aurais aimé plus d’éclaircissement sur les rouages de l’organisation).
Évidemment le caméo complètement what the fu** de Cate Blanchett dans les derniers instants ne fait qu’alimenter les spéculations sur la prochaine production chapeauté par David Fincher. Indéniablement l’occasion pour la (future) franchise d’enrichir la qualité de son scénario sous un angle remanié. Pour l’heure, on restera sur ce retour pas totalement indispensable pour Squid Game pour une double aventure toujours aussi perfectible.
Les + :
- Difficile de bouder son plaisir devant ses derniers épisodes et un format relativement court.
- Un sentiment de fatalité indéniable et qui s’avère cohérent avec le massacre qui à lieu au sein du jeu.
- 3 dernières épreuves bien mises en scène et exploitées.
- Une ligne morale toujours parfaitement mise à mal.
- Le parallèle subtil qui subsiste entre le joueur 456 et le maître du jeu, deux anciens gagnants du jeu.
- Un final un peu grisant, mais qui trouve son salut dans la partition du mystérieux maître du jeu. (et son caméo complètement what the fu**).
Les – :
- Quelques incohérences, exubérances, et problèmes de rythme qui subsistent.
- Un manque d’ambiguïté flagrant sur ses nombreux joueurs, dont les décisions, motivations ou comportements s’avèrent peu surprenantes.
- La vision nanardesque de ses « V.I.P », une bande de 1% sadique caricaturé au possible.
- Des intrigues secondaires jamais déplaisantes, mais qui étiolent leurs intérêts (et leurs suspenses) sur la longueur.
- Une mythologie finalement trop peu exploré et qui manque d’éclaircissement dans ses arcanes.
- Un final qui paraît un peu précipité et qui manque d’envergure.
MA NOTE : 14/20

Les crédits
CRÉATEUR : Hwang Dong-hyuk
AVEC : Lee Jung-jae, Wi Ha-Joon, Park Gyu-young, Yim Si-wan, Kang-Ha-neul, Jo Yu-ri, Park Sung-hoon,
Song Young-chang, Lee Jin-wook, Kang Ae-shim, Yang Dong-geun, Lee Da-wit, Jun-Suk-ho, Oh Dal-su, et Lee Byung-hun (…)
ÉPISODES : 6 / Durée moyenne : 55mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Netflix