THE WHITE LOTUS – saison 3 (semi-anthologie)

EN DEUX MOTS : En deux saisons, la géniale The White Lotus s’est imposée comme un nouveau classique de l’écurie HBO. Cette création originale, intégralement chapeautée par l’auteur Mike White, a su se démarquer par son savant mélange de comédie et de drame. Un humour acide, corrosif, qui transforme ses vacances de rêves en doux cauchemar éveillés pour la classe aisée… Blanche. Fort de son succès consécutif, HBO n’a ainsi pas mis longtemps à renouveler sa nouvelle petite pépite pour deux saisons supplémentaires.

Il aura fallu toutefois attendre plus deux ans pour voir cette nouvelle salve qui s’avère, en revanche, d’autant plus dense et peaufiné. Après 6 épisodes à Hawaï, puis 7 en Sicile, ce nouvel établissement « White Lotus » se dévoile en terre Thaïlandaise. (comme le signal très banalement son synopsis identique aux précédents). Et aujourd’hui, via 8 nouveaux épisodes d’une heure. Toujours plus étoffé, la série (semi) anthologique s’entoure d’un nouveau casting prometteur et prestigieux. Mais également plus fourni.

De nouveaux vacanciers en quête d’exotisme, de bien-être et de sérénité arrivent dans un établissement de White Lotus en Thaïlande. La semaine promet d’être mouvementée, aussi bien pour les clients que pour les employés…

Avec toutes ses caractéristiques (trop ?) familières, mais d’autant plus pourvu, ont aurait presque pu espérer que l’auteur/réalisateur allait changer (ou même variée) sa formule. Que nini (presque), cette saison, comme les précédentes, débute par un mystère similaire et meurtrier, puis en suit une dynamique journalière (et nocturne) jusqu’à sa conclusion.

Un problème en soit ? Ou le savoir-faire d’une formule qui s’étoffe tout autant que ses différentes caractéristiques ? Et bien, tout autant l’un, que l’autre.

La luxure, moite et vénéneuse.

Les années passent, mais ne se ressemblent pas. Faux. Et les vacanciers passent, trépassent parfois, mais se ressemblent, inéluctablement. Avec un charme indéniable toutefois, malgré leurs profils détestables. Le secret ? Ce sarcasme salvateur que l’auteur diffuse à l’écran et ou le karma demeure salvateur, mais pas toujours là où on l’attend.

Si jusqu’à présent, Mike White s’est amusé à balayer des personnages aussi passionnants qu’attachants, malgré leurs défauts (d’abord avec Murray Bartlett puis Jennifer Coolidge, dans une chute vertigineuse), le scénariste aime jouer sur les émotions contrites pour nous surprendre et nous bousculer. L’annonce de son nouveau casting (dantesque, pour tout à chacun) n’y fait pas exception et s’avère prometteur.

Dans un nouveau terrain de jeu moite et suffocant (le tournage fut éprouvant selon la production), le danger guète. Sous un Main Title (exaltant) encore remanié et un nouveau générique somptueux, la troisième saison de The White Lotus semble évoluer avec aisance dans un climat orageux et une ambiance sinueuse qu’elle maîtrise à la perfection. À ce propos, le réalisateur étoffe encore un peu plus sa mise en scène, pour un résultat parfois époustouflant.

Ainsi, malgré ses décors paradisiaques, le showrunner parvient avec aisance à insuffler cette ambiguïté latente avec seulement quelques détails anodins qui l’entoure. Ce qui met toujours en valeur sa faune, son folklore comme sa flore locale. “Je n’oublie jamais que ces vacanciers riches, c’est moi”, se confiait Mike White à Télérama au moment de la promo de sa saison précédente. Et c’est aussi grâce à cette transposition satirique que ses personnages finissent engloutis par un monde qu’ils pensent dompter.

Clientèle de rêve.

Avec une quinzaine de crédités au compteur, cette troisième aventure conserve ses attraits scénaristiques en dévoilant des profils riches et variés. Dont certains, détestables ou atypiques, tirent réellement leurs épingles du jeu. Bien que sa distribution est principalement brillée sur petit-écran, on peut noter la présence d’une demi-douzaine d’acteurs et actrices de talent.

[L’amour, Amor Fati]

De l’écurie HBO, Walton Goggins interprète par exemple un homme taiseux, incapable de communiquer alors qu’il est en couple avec une jeune femme pétillante et spirituelle (Aimee Lou Wood). Un premier parallèle de différence d’âge et d’intérêt bien connu et cocasse, que la série n’avait pas encore abordé, mais qui se révèle (relativement) caduc ici. Notamment, car l’intrigue s’intéresse aux traumas passés du mystérieux Rick.

[L’amitié, malgré les affres du temps]

Vient ensuite un trio d’amies de longue date, accomplies et d’âges mûrs. Mais dont certaines solitudes, mensonges ou rancœurs viendront invariablement ternir le tableau. Une dynamique cocasse, espiègle, quoi qu’il en soit, faite de faux-semblants et de ragots dans un trio qui tournoie souvent en duo. Dans celle-ci, se démarque l’époustouflante Carrie Coon (qui a également brillée sur HBO), face à la plus fluette Leslie Bibb et Michelle Monaghan, dans la peau d’une célèbre actrice en mal d’attention.

[La famille, et sa qualité de vie]

Le portrait familial revient également en grande forme cette saison avec la famille Ratliff et ses 5 membres. D’un père accablé par les affaires (Jason Isaacs, idéal), à une mère par les médicaments (Parker Posey, impressionnante), jusqu’à l’aîné imbuvable (Patrick Schwarzenegger, idéal tête à claques). Toutefois, même ses profils les plus imbuvables révèlent de bonnes surprises sous la plume de Mike White. Et certaines longueurs (comme le fardeau de Timothy) apportent tout de même une réflexion de plus en plus réussie sur la privation de certains privilèges.

Et pour ne pas cataloguer (aux premiers abords) toute la famille, l’auteur apporte plus d’empathie à ses plus jeunes membres. Du benjamin influençable (Sam Nivola) à la fille extraterrestre dans ce portrait familial (Sarah Catherine Hook, à la beauté naturelle renversante). Mais comme toujours, de belles nuances et caractéristiques viennent aussi ponctuer ses profils moins détestables.

Une histoire qui Thaï dans le gras.

Cette saison renoue également avec le portrait local. Principalement via deux membres du staff et acteurs thaï aux portraits doux et sympathiques. Maethi Thaphthimthong et la célèbre chanteuse Lalisa Manobal dans son premier rôle. Pour un résultat un peu attendu et qui traîne en longueur hélas.

Malgré sa forme majoritairement anthologique, The White Lotus aime également faire coïncider ses univers. Elle le prouve encore aujourd’hui avec le retour récurrent de Belinda dans l’intrigue (Natasha Rothwell, un peu plus proche de son talent comique qu’en première saison). Mais aussi du plus taiseux et antipathique Greg (Jon Gries), de manière plus secondaire toujours, mais qui révèle de très belles scènes au suspense tangible.

Quoi qu’il en soit, toujours à l’image de ses précédentes aventures, cette saison prend le temps d’installer son suspense et les tensions qui animent ses personnages. Lentement, mais sûrement. Son étrangeté habituelle aidant, Mike White s’amuse à transformer ses nuits de fête en longs malaises faites d’ambiguïtés. Notamment dans ses déviances liées au sexe. Une force d’écriture qui nous amène vers une fin deuxième moitié de saison d’autant plus réussie que ses prédécesseurs. Même si on ronge notre frein au porte du final.

Son rythme étant l’une de ses rares faiblesses, son créateur parvient tout de même à livrer quelque envolés spectaculaires. Comme le prouve ce face-à-face complément fou et inattendu avec cet ami de longue date, interprété par l’excellent Sam Rockwell. Un monologue percutant qui permet une remise en question compréhensible autour des addictions et plus largement de la Foi. Le Bouddhisme en l’occurrence, en adéquation avec la culture Thaï.

Conclusion

Arrivé donc à la clôture de cette nouvelle aventure, The White Lotus 3 se montre d’autant plus imposante avec son final de presque 1h30. Toutefois, malgré de grands moments narrés et joué (le monologue de Laurie sur l’amitié, le tiraillement de Timothy envers sa famille ou la négociation osé de Belinda) son dénouement funeste, comme son ironie, sont de connivence. Peut-être parce qu’au fil des semaines, cette saison a été analysée sous toutes ses coutures. Ou peut-être parce que son auteur est arrivé au bout de sa formule avec cette saison.

Quoi qu’il en soit, l’aventure satirique va se poursuivre dans une nouvelle saison, que j’espère toutefois plus surprenante. Et ce, malgré ces qualités d’exception, qui demeurent indéniables. Les premières rumeurs parlent de la France (ou du Maroc) comme nouveau terrain de jeu… Cocorico et œil critique avisé si cela se confirme.


Les + :

  • Une nouvelle aventure à l’ambiance malaisante palpable et dans le respect des traditions locales. Aujourd’hui la Thaïlande luxuriante.
  • Une nouvelle anthologie encore plus dense et qui brille par une deuxième moitié de saison d’autant plus dense.
  • Une nouvelle distribution absolument époustouflante et complète. De son casting principal, secondaire, comme ses guests stars.
  • Sa filiation très maligne aux deux saisons précédentes.
  • La mise en scène très soignée et d’autant plus peaufinée de Mike White, qui capte à merveille son environnement.
  • L’écriture salvatrice, nuancée et percutante de Mike White, expert dans la satire de la classe aisée blanche…
  • …La preuve avec ce monologue et cette remise en question complètement dingue jouée par Sam Rockwell. Devant un Walton Goggins bouche bée, à l’image du téléspectateur.

Les – :

  • Une formule quasiment identique dans sa forme et sa cadence, qui peine à varier ses dynamiques malgré son savoir-faire.
  • En découle : une première moitié de saison au rythme (contrairement à son écriture) pas toujours accrocheur.
  • Sa conclusion un peu décevante compte tenu de la densité de cette saison.

MA NOTE : 15.5/20

Les crédits

CRÉATEUR : Mike White

AVEC : Walton Goggins, Michelle Monaghan, Carrie Coon, Leslie Bibb, Natasha Rothwell, Aimee Lou Wood, Sarah Catherine Hook, Patrick Schwarzenegger, Sam Nivola,

Maethi Thaphthimthong, Lalisa Manobal, Patravadi Mejudhon…, avec Parker Posey, Jon Gries, et Jason Isaacs, special guest star : Scott Glenn et Sam Rockwell,

mais aussi : Charlotte Le Bon, Dom Hetrakul, Christian Friedel, Arnas Fedaravicius, Nicholas Duvernay, Julian Kostov, Yuri Kolokolnikov (…)

ÉPISODES : 8 / Durée : 1h (final : 1h28) / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : HBO

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