LOST : les disparus – saison 6 (finale)

EN DEUX MOTS : Après un rythme acharné et plus de 100 épisodes, la saga LOST arrive à sa conclusion. Une conclusion qui convoque encore beaucoup de mystères, mais conjugue quelques atouts en cours de route. Si celle-ci s’avère d’autant plus imparfaite que ses saisons précédentes, elle révèle une cohérence d’exécution qui force le respect. En premier lieu, sa distribution, qui répond quasiment entièrement présent au moment de ses adieux.

Vous pouvez retrouver les critiques des précédentes saisons de LOST ici :
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En plus de donner une véritable fin aux parcours des Disparus, cette saison finale en éclaire enfin les destins dans une sorte d’affrontement. Une opposition, avec ambiguïté, des forces du bien contre celle du mal qui peut diviser, à juste titre, mais qui répond définitivement aux dessins mystiques à l’origine de la saga. Son précédent final en façonnait déjà les contours et cette saison 6 en empreinte le chemin. Et ce, après une saison très porté sur les voyages dans le temps.

Aujourd’hui, à l’heure de son final, LOST embrasse pleinement son aura Fantastique, comme le prouvent la réincarnation de Locke (Terry O’Quinn) et la résurrection de Sayid (Naveen Andrews). Et surtout un nouveau type de « flash », après ses flash-back et flash-forward. Sauf qu’à l’instar d’une saison 5 bancale dans son postulat purement S.F., cette conclusion multiplie les errances. Même format que la précédente, 17 épisodes, pour un rythme qui pâtit de quelques longueurs.

Une bombe a explosé, renvoyant Jack, Kate, Sawyer, Hurley et les autres en 2007. L’île livre enfin quelques-uns de ses mystères, comme celui de la fumée noire.

Dans la pure tradition des saisons précédentes, celle-ci débute dans la continuité directe du dernier final. Une nouvelle aventure en temps réel qui ménage toujours son suspense, mais qui finit par se perdre dans sa vaste jungle. Heureusement, en pleine obscurité, les scénaristes parviennent à échafauder quelques issues et autres moments de grâce. Comme le prouve son grand final qui nous permet d’avoir Foi en la saga malgré sa fin décriée.

Tous en Cène. Le Dernier repas avec les Dieux.

De retour au bercail, en 2007, dans la même temporalité que l’homme en Noir qui apparaît sous les traits de Locke, nos rescapés demeure en plein désarroi. Jack (Matthew Fox) endosse la mort de Juliet (Elizabeth Mitchell), tandis que Sawyer (Josh Holloway) la pleure, Sayid agonise et surtout, Jacob (Mark Pellegrino) a fini calciné par son ennemi, sous la main de Ben (Michael Emerson). Influencé par l’homme en noir qui se révèle également être… La fumée noire. Ou la révélation du premier gros mystère apparu au terme du pilote en 2004.

6 ans plus tard, LOST se dévoile ainsi concrètement, mais avec un peu de retard, ce qui minimise ses effets. On peut être les grandes questions n’ont peut-être pas des réponses à leurs hauteurs. Toujours est-il que dans ses traditions de toujours, cette saison impose quelques divisions significatives entre ses fervents membres. En lieu comme en simple dualité morale.

Son début de saison lève également le voile sur le fameux « Temple » ce refuge des Autres évoqué depuis quelques saisons déjà. Ici aussi, ses dessins mystiques seront aussi conséquents que décevant. En intensité comme en représentation. Malgré son budget confortable, la saga prend de l’âge, et même à l’époque ses décors de studio disposés de quelques limites. Ses lieux d’antan (à consonance Inca ou Égyptienne) bien plus que ceux de l’initiative Dharma.

Quoi qu’il en soit, dans un rythme d’aventure ou nos « candidats » et héros se déplacent inlassablement, et errent parfois, LOST patauge tout de même jusqu’à sa conclusion. Les lacunes sont donc nombreuses durant ce début de saison, et même ensuite, d’autant que l’intrigue met l’accent sur un autre type d’élément narratif qui découle de sa problématique spatio-temporelle : les flash-sideways.

Une vie (presque) comme les autres.

Sa saison débute d’ailleurs sur cette dynamique qui dévoile une vie pour nos Disparus, sans le crash du vol Oceanic 815. Une idée brillante, mais qui va alors s’étendre méchamment sur la longueur. L’autre problème qui en résulte demeure sa différence de ton entre le fil rouge de cette saison, qui se veut intense, et ses moments de vies, bien plus communs et pourtant très nombreux.

Néanmoins, cette réalité alternative dispose tout de même de quelques atouts. Comme la caractérisation dramatique de ses personnages qui rappelle ses premières saisons. Dans une émotion contrite toutefois, même si globalement efficace. De plus, malgré de nombreux caméos ou retour au fil des saisons, jamais une saison comme la sixième n’aura autant comporté de visage familier. Et son nouvel outil, les flash-sideways, y contribuent fortement via des connexions parfois cocasses entre les personnages.

De manière globale, les événements de cette dernière saison s’avèrent bien plus oubliables que ses précédentes aventures. Et c’est dommageable auprès d’un univers si atypique et qui a multiplié les twists en tous genres. Seulement LOST s’est fané au fil des saisons, à l’instar de son sens du suspense. En cultivant le mystère sur la longueur principalement.

Néanmoins, malgré tout ses défauts, les scénaristes Damon Lindelof & Carlton Cuse composent un nouveau morceau de Science-fiction Fantastique sous la direction de Jack Bender. Et ce, avant même son final, dans son 11e épisode « Happily Ever After« . Celui-ci fait parfaitement écho entre l’aventure des Disparus et la trame itinérante de Desmond (Henry Ian Cusick) durant les flash-sideways. Même flash qui, comme le signal le junkie interprété par le sympathique Charlie (Dominic Monaghan) : « n’ont pas (vraiment) d’importance, car seul le fait d’avoir ressenti ça compte« . La meilleure proposition de drame de cette saison qui atteint finalement son apogée lors de son final, « The End« .

Les Candidats, les Autres, les Morts… Dans un combat contre le bien et le mal.

Dans sa finalité, on peut grossièrement décomposer cette saison finale en 3 parties. La première s’achève sur la chute du Temple et la distinction des serviteurs du bien contre le mal. Dont un dark Sayid et une Claire givrée (Emilie de Ravin) qui se révèlent être de bons apôtres de l’homme en noir. C’est toute la limite d’efficacité d’une intrigue qui caractérise aussi bien ses personnages pour les exploités à l’accès et avec moins de cohérence par la suite.

Vient ensuite une seconde partie moins laborieuse puisqu’elle éclaire le vrai fil rouge de cette saison. À savoir une division de nos héros en deux groupes et les réelles motivations de Jacob et l’homme en Noir (Titus Welliver). De plus, elle lui donne une dynamique plus intense et complète, tout en étant marqué par les retours de Widmore (Alan Dale) et Desmond sur l’île. Il s’agit de la réelle convergence de l’histoire avant le grand final, mais cela prouve aussi que la série dispose d’un montage globalement bancal.

Malgré quelques caractérisations de personnages qui sont loin de convaincre, on peut également apprécier que l’intrigue lève enfin le voile sur l’éternel Richard (Nestor Carbonell) durant « Ab Aeterno« . Et plus secondairement sur la dernière venue, Ilana (Zuleikha Robinson), qui disparaît ironiquement… Une mi-saison fondamentale dans tous les cas, malgré quelques longueurs en amont et en aval, mais qui vont nous amener progressivement jusqu’à sa dernière partie. Plus soutenue.

The Last Part

Celle-ci mettra en avant les conséquences des charbons ardents de la guerre attisés sur la longueur. Avec naturellement quelques surprises en cours de route. En premier lieu, des alliances qui se font et se défont, ainsi que des flash-sideways qui se regroupent. Une éternelle dynamique d’action qui manque d’intensité, mais qui fait toujours aussi bien graviter les leaders en son centre.

La mort s’invite également fortement durant cette dernière partie. Pour un résultat qui manque pourtant de force émotionnelle. (Comme le prouve le sacrifice de Sayid ou la noyade des Kwon (Yunjin Kim & Daniel Dae Kim)). De plus, même lors de son épisode « Across the Sea« , qui revient sur la genèse des deux frères ennemis, la saga LOST échoue à pleinement convaincre. Et pour cause, malgré de belles idées, la lumière sur ses origines fondamentales de la saga s’était échappée de ma mémoire.

On peut néanmoins soulever une belle cohérence dans la production, en termes de réalisation et surtout d’écriture. Comme le prouve son thème central sur la Foi, substantiel dans l’écriture de Lindelof. La saga dispose avant tout d’un format trop gourmand, calibré, typique d’une chaîne comme ABC et qui a nui à la série sur la durée. La preuve, plus tard, le showrunner est parvenu à parachever son thème de grâce avec The Leftovers, sur HBO.

Conclusion & Fin(al)

Dans sa dernière heure cataclysmique le facteur humain va s’avérer déterminant. La descente de Desmond vers la lumière par Jack & Locke est une représentation très imagé de la Foi universel. Chacun ayant Foi en leur plan respectif. Dans cela, cette dernière saison, et plus globalement son showrunner, va au bout de son idée de départ. Et cette cohérence s’avère farouchement réussie.

Bien plus que le reste, la représentation de la destruction de l’île est, elle aussi, plutôt réussie. De son duel des divinités (mortels) sous la pluie au sentiment d’urgence qui sévit aux alentours. Mais comme la série, l’île demeure, sous la houlette, maligne, de l’attendrissant Hurley (Jorge Garcia). Une finalité forcément satisfaisante, notamment lorsque celui-ci laisse sa chance à l’un des personnage majeur de la saga, Ben pour l’assister dans sa tâche.

Et après avoir sacrifié une partie de ses héros, les scénaristes laissent une porte de sortie aux plus iconiques, tel que Kate (Evangeline Lilly) ou Sawyer, comme plus secondaire, à l’instar de Miles (Ken Leung), Richard et Lapidus (Jeff Fahey), qui quittent l’île comme à leurs arrivés, non sans turbulences. Une fin légèrement amère, mais largement adoucie par son plan final dans les flash-sideways qui fait office de véritable happy-end.

La série s’achève par ailleurs par le même plan (emblématique) d’ouverture, en se focalisant sur l’œil de Jack, au moment de sa mort. Un ultime sacrifice au sein de la série et dans lequel tout s’articule de façon magnanime. La boucle est ainsi bouclé pour l’une des sagas les plus marquantes des années 2000. À ne pas s’y tromper, un classique.


Les + :

  • Une saison imparfaite dans ses différentes réponses, mais qui clôture la saga dans sa dimension la plus mystique.
  • Son thème sacré sur la Foi, définitivement illustré durant sa saison par sa mythologie Fantastique.
  • Ses flash-sideways qui rappellent à la fois ses premiers flash-backs iconiques et révèlent quelques belles subtilités.
  • Le retour quasi-intégral de son casting d’antan. Des récurrents aux plus éphémères visages, pour des caméos astucieux.
  • La division fondamentale qui oppose les Disparus, typique du comportement humain qui divise les individus par cupidité. Avant son moment de réunion final sous forme d’happy-ending.
  • La cohérence de sa production, qui a conservé au fil des années et des saisons, ses principaux réalisateurs et scénaristes.
  • Ses quelques moments de grâce qui subsistent, comme le prouve parfaitement son grand final.

Les – :

  • Une saison finale qui se dévoile plus concrètement, mais qui apporte des réponses qui ne sont pas à la hauteur de l’attente qu’elles ont nourrit jusqu’alors.
  • Une représentation mystique qui manque de force. Physique et spirituel. Comme le prouvent ses décors de studio assez fade et ses effets spéciaux qui ont pris de l’âge.
  • Des flash-sideways malicieux, mais qui s’accordent mal au ton de cette saison finale.
  • Un rythme de saison laborieux, à l’image du cheminement de ses personnages aux allers-retours incessants.
  • Une dynamique d’action éculée et qui manque d’intensité. À l’instar des morts de ses héros les plus récurrents.
  • Des caractérisations de personnages changeantes et agaçantes. À l’image de Claire ou Sayid.
  • Une ultime saison en partie oubliable, notamment comparée à ses premières saisons iconiques.

MA NOTE : 14.5/20

Les crédits

CRÉATEURS : Damon Lindelof, J.J. Abrams & Jeffrey Lieber

AVEC : Matthew Fox…, Evangeline Lilly…, Josh Holloway, Michael Emerson, Terry O’Quinn, Naveen Andrews, Jorge Garcia,

Yunjin Kim, Daniel Dae Kim, Emilie de Ravin, Henry Ian Cusick, Ken Leung, Nestor Carbonell, Jeff Fahey, Zuleikha Robinson,

specials guests stars : Dominic Monaghan, Ian Somerhalder, Maggie Grace, Harold Perrineau, L. Scott Caldwell,

Michelle Rodriguez, Cynthia Watros, Sam Anderson, Jeremy Davies, Elizabeth Mitchell, Rebecca Mader,

mais aussi : Alan Dale, Sonya Walger, Hiroyuki Sanada, John Hawkes, Sheila Kelley, Fionnula Flanagan, Mira Furlan, Tania Raymonde, Kevin Tighe,

Fisher Stevens, Katey Sagal, Kevin Durand, Andrew Divoff, François Chau, avec Mark Pellegrino, Titus Welliver, John Terry, et Allison Janey (…)

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