
EN DEUX MOTS : Assez discrète et pourtant imminente nouveauté de ce début d’année – 2025 – PARADISE dispose de quelques atouts pour convaincre son auditoire. Sous la houlette d’Hulu (et Disney + chez nous) cet intrigant Thriller mélange les genres et les mystères malgré son enveloppe déjà-vu.
Une communauté paisible est habitée par certaines des personnalités les plus en vue de la planète. Mais leur tranquillité explose lorsqu’un meurtre choquant est commis et qu’une enquête aux enjeux considérables se met en place.
Piloté par Dan Fogelman, auteur de l’éminente This Is Us, le scénariste durcit son écriture dans une proposition plus éclectique. Mais non sans twists. D’emblée, une critique sans spoilers de PARADISE s’avère délicate compte tenu de la manière dont s’achève son pilote. Je dirais donc que ce nouveau show dispose d’un contexte global de choix, qui apporte beaucoup de matière à son intrigue dramatique et policière.
Ici, le showrunner retrouve son duo de réalisateurs (Glenn Ficarra et John Requa) à l’œuvre sur sa précédente série, mais également l’une de ses têtes d’affiche. En la personne du charismatique et bodybuildé Sterling K. Brown. Une combinaison qui fonctionne pour les aficionados et malgré son concept d’apparence moins grand public, PARADISE conserve l’efficacité et le côté clinquant de la précédente production.
Un atout autant qu’une faiblesse selon l’effet recherché, mais dès lors le show se pose presque comme un nouveau LOST. Avec sa succession de twists et ses parts de mystères, PARADISE en impose et joue avec le suspense. Notamment sous une direction léchée. Cela est-il suffisant au terme d’une première saison de 8 épisodes ? Globalement oui. Surtout avec une deuxième saison annoncée avant sa fin de saison.

No paradise under the Dome.
Malgré ses aires de Thriller parano, PARADISE navigue sur plusieurs tempos de genre. Le thriller donc, qui s’acoquine du genre policier via ses nombreuses zones d’ombre et son suspense sur la durée. Viens s’y ajouter le genre tranché de la science-fiction dans une forme particulière qui donne tout sous-contexte à la série. Et renforce, par la même occasion, le suspense autour de son récit.
Puis, il ne faut pas oublier le genre, plus global, du drame. Que PARADISE embrasse précisément puisque la série se construit autour de ses personnages. Élément que son showrunner affectionne tout particulièrement. Et pour preuve, chaque épisode, de sa première moitié de saison, se place (ou éclaire) l’un d’entre eux. Qu’il soit central ou plus secondaire. Cette succession de points de vue permet au show d’alimenter à la fois son univers, mais aussi ses différents twists.
À la manière d’un LOST, avec laquelle PARADISE à donc plus d’un point commun, la série joue avec le suspense pour nous surprendre. De ses divers mensonges à ses plus simples apparences. Cette caractéristique à son charme, mais aussi ses limites. À titre d’exemple, sa mi-saison, l’épisode 4 « Agent Billy Pace« , qui s’achève sur un cliffhanger concret, n’aura pas le même impact émotionnel sur tous les téléspectateurs. Pour moi, ici, réside la (seule) vraie limite d’exploitation de la série, avec ses genres et sa direction qui demeure trop grand public. (Ces révélations n’étant, parfois, que trop peu surprenante concernant ses personnages).
En revanche, en termes de pur divertissement, le show s’avère être d’une rare efficacité. Et malgré les révélations successives sur son univers, la série ménage indéniablement son suspense. Elle le fait toutefois avec une démarche parfois grandiloquente (sa bande son pop…) et pour tout à chacun charmant. Heureusement, sa distribution, bien qu’un peu restreinte, révèle également de bons atouts.

L’homme qui voulait tuer le Président.
Sterling K. Brown s’impose comme une tête d’affiche idéale dans son rôle de bodyguard bodybuildé inflexible. En plus d’être un père endeuillé. Il va notamment donner la réplique à la charmante psychologue interprétée par Sarah Shahi mais aussi et surtout James Marsden, au charme encore plus ravageur. Le célèbre acteur se glisse dans la peau d’un Président borderline qui lui va comme un gant, mais qui révèle heureusement quelques subtilités. Un rôle naturellement central dans la dynamique de cette première saison.

Toutefois, à mes yeux (et hormis une distribution secondaire réussie allant de Nicole Brydon Bloom à Aliyah Mastin) le rôle d’opposition majeur est bel et bien interprété par Julianne Nicholson, toujours géniale. (Et qui s’est déjà illustré dans diverses productions HBO). En plus de son nom de code « Sinatra » le scénariste lui offre une origin story très solide, composée de belles nuances, que l’actrice sera exploités au fil des épisodes.

Car en plus de son fil rouge, PARADISE se compose d’une grande part de flash-back au sein de son récit. Qu’ils soient plus ou moins antérieur à l’intrigue centrale, ils révèlent une ambition certaine, en plus de mettre en images les nombreuses révélations qui surviennent après ses tout aussi nombreux rebondissements.
Un point qui atteint son apogée au porte du final avec « The Day« , un épisode flashback aussi percutant que savamment intense. Rarement le chaos au sein des plus grandes institutions n’aura su maintenir le suspense aussi bien.
Et parallèlement, si son montage ne nous perd pas, c’est que cette première saison dispose d’un format parfaitement exploité. Dans un contexte qui se targue de joue sur de nombreux mystères, c’est plutôt un exploit. Et outre un rythme idéal diffusé sur 8 épisodes assez dense, le show jouit aussi d’une enveloppe très solide. Qu’il s’agisse de ses effets spéciaux (assez nombreux) à la largeur de ses décors (typique d’une banlieue américaine propre et moderne) l’ensemble est plausible et contribue à la cohérence de sa mise en œuvre.
Conclusion
Pour le reste, son final nous amène à une conclusion un peu plus précipitée. Sans faire mauvaise tâche comparé au reste, et même s’il délivre son lot de réponses (notamment sur le premier mystère de son pilote), ce final fait moins sensation que le reste de la saison. Il parachève toutefois la notion de nation utopique au cœur de PARADISE grâce à un point de vue inédit et plutôt cocasse. Même si mal placer à ce niveau de la saison.
Dans tous les cas, cette première saison est aussi efficace que remplie de potentiel. Renouvelé il y a peu, sa suite s’avère donc prometteuse et nul doute qu’elle enchaînera d’autant plus les révélations en tous genres. L’aventure ne fait que commencer ?
Les + :
- Un postulat de départ qui dépasse sa plus simple forme et multiplie les rebondissements.
- Après son twist principal, la série enchaîne les mystères avec efficacité et use intelligemment de son contexte.
- Un rythme et un montage parfaitement synchronisé avec son format.
- Une petite distribution principale, mais bien exploité. À l’instar de « Sinatra« , excellente Julianne Nicholson.
- Une enveloppe technique superbe et cohérente dans son exécution.
- Son avant-dernier épisode « The Day« , qui conjugue les atouts de sa première saison, dont son sens aigu du suspense.
- Un beau potentiel pour la suite.
Les – :
- Une enveloppe clinquante, à l’image de certains de ses twists et…
- D’une bande son pop très moderne qui éloigne le show d’une certaine gravité ou maturité.
- Une partie de sa distribution, peu exploitée ou aux parcours redondants.
- Un final un peu précipité.
MA NOTE : 15/20

Les crédits
CRÉATEUR : Dan Fogelman
AVEC : Sterling K. Brown, Sarah Shahi, Julianne Nicholson, Nicole Brydon Bloom, Aliyah Mastin, Percy Daggs IV, Jon Beavers, Krys Marshall, et James Marsden,
mais aussi : Matt Malloy, Charles Evans, Enuka Okuma, Cassidy Freeman, Tuc Watkins, Ian Merrigan, avec Glynn Turman, et Gerald McRaney (…)
ÉPISODES : 8 / Durée moyenne : 52mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Hulu/Disney +