THE APPRENTICE

EN DEUX MOTS : À un mois des élections présidentielles américaines qui oppose le controversé Républicain Donald Trump à la candidate Démocrate Kamala Harris, THE APPRENTICE se place comme le biopic prêt à éclabousser l’ancien Président élu. « Le film que Donald Trump ne veut pas que vous voyiez ». En réalité, ce (faux) biopic est avant tout une satire plutôt qu’un portrait d’un homme hors norme. Ou le portrait d’une Amérique ou la Loi ne fait pas Foi.

Véritable plongée dans les arcanes de l’empire américain, The Apprentice retrace l’ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l’avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn.

Allociné

En reprenant le titre d’une célèbre émission américaine que Trump à lui-même animé durant de longues années, THE APPRENTICE demeure à double sens. Le titre désignant avant toute chose le statut « d’apprenti » du jeune Donald Trump sous l’influence de l’ambigu Roy Cohn. Sous un scénario de Gabriel Sherman, un ancien journaliste politique spécialiste de la droite américaine, c’est plus logiquement le Danois d’origine Iranienne Ali Abbasi qui est choisi pour réaliser le film. Pour son point de vue extérieur qui concordait avec la production.

Plébiscité pour ses trois précédents films, il signe aujourd’hui son premier film en langue anglaise. (après la réalisation d’un épisode de The Last of Us l’année précédente). Et si je qualifie le film de « faux » biopic, c’est puisqu’il s’articule sur la relation de Trump avec son mentor durant un certain laps de temps. Plutôt que narrer de façon linéaire sa vie. Une vision bien plus excitante à mon égard, comme l’a fait avant lui The Social Network ou Steve Jobs.

Deux biopics tout aussi hors-normes que la figure passionnante (et effrayante) que représente Donald Trump. Dans sa finalité, et même si THE APPRENTICE n’en a pas la maestria, le film demeure un drame percutant. Et de plus, brillamment réalisé.

1. Le Roy de New York.

C’est donc sur la tête du séduisant Sebastian Stan, acteur récurrent du MCU, que se pose aujourd’hui le brushing atypique de ce personnage haut en couleur.

Si le choix en tête d’affiche peut, à première vue, déconcerté, celui-ci s’avère logique compte tenu de la direction que prend le long-métrage. En 2 heures tout rond, THE APPRENTICE dresse, dans un premier (et non-négligeable) temps, le portrait d’un homme ambitieux. Mais à contrario, ambivalent, dans l’ombre d’un père autoritaire, séduisant, mais aussi mal assuré.

De belles contradictions qui font mouche et permettent au film de briller par sa force narrative et d’interprétation. Jusqu’à « l’American Horror Story » qui dispose de quelques limites dans sa démonstration concrète à l’écran. (Et se rapproche fatalement de l’image actuelle et caricaturale bien ancrée de nos mémoires).

D’autant que le film d’Ali Abbasi a été tourné comme un film d’époque. (en 16mm pour les années 70 et en format VHS pour les années 80). Ce qui lui donne une aura particulière et un ton idéal pour s’accoupler à son ironie sarcastique. En soi, cette fois, une American Horror Story convaincante. Mais gravitant autour du centre de son histoire, c’est bel et bien le personnage de l’avocat teigneux Roy Cohn qui fascine le plus ici.

2. Ou sa Succession.

Jeremy Strong prouve tout son talent dans une nouvelle démonstration de method acting captivante. Notamment quand la caméra s’éloigne du personnage et parvient à capturer une émanation parfois inquiétante. (ses tocs, sa langue, son regard…). Un profil d’une richesse narrative concrète et qui s’explique également par quelques ambivalences caractéristiques telles que son homosexualité refoulée, qu’il condamne pourtant publiquement.

À eux deux, nos têtes d’affiche bouffent l’écran durant plus d’une heure. La ou sa seconde partie patine quelque peu dans l’exercice d’un biopic plus linéaire.

Par le biais de la transformation progressive de Trump, en parallèle de la dégradation physique de Cohn, le film perd en mordant lorsque sa temporalité se floute. De plus, elle dispose d’un tel potentiel narratif, mais ne parvient qu’à n’en exploiter qu’une partie. Pour preuve, en fond la distribution secondaire peine à se démarquer. Ce qui est tout sauf le cas du portrait de la première épouse de Trump, Ivana, magnifiquement interprétée sous les traits de la Bulgare Maria Bakalova.

CONCLUSION

Demeure le développement concret de ce relationnel magnétique entre les deux hommes, et qui plus est, dans les plus hautes sphères New-yorkaises. Un portrait, une satire, un biopic, qu’importe finalement, THE APPRENTICE est une évidence. Et c’est bien assez.


Les + :

  • Un faux biopic qui s’articule sur une relation magnétique entre un poulain et son mentor. Qui plus est, dans un contexte américain intemporel qui éclabousse ce sarcasme de la victoire avant toute chose.
  • Le portrait ambivalent d’un jeune Donald Trump tout d’abord attachant. Avant sa transformation progressive. Sebastian Stan fait ici un choix de carrière idéal.
  • Jeremy Strong exceptionnel, comme souvent, dans un portrait sans concessions. Entre fascination et inquiétude.
  • Une narration tranchante qui aligne quelques lignes de dialogues croustillantes.
  • Son enveloppe d’époque qui fait mouche.

Les – :

  • Une deuxième heure moins virtuose que la première, notamment dans sa forme de biopic plus linéaire.
  • Outre son duo dantesque et plus secondairement le réussi reflet d’Ivana Trump, l’intrigue peine à y faire graviter d’autres figures secondaires. Preuve d’une richesse narrative un brin sous exploitée.

MA NOTE : 15.5/20

Les crédits

RÉALISATION : Ali Abbasi / SCÉNARIO : Gabriel Sherman

AVEC : Sebastian Stan & Jeremy Strong, avec Martin Donovan, et Maria Bakalova (…)

SORTIE (France) : 09 octobre 2024 / DURÉE : 2h

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