THOSE ABOUT TO DIE – saison 1

EN DEUX MOTS : véritable outsider de l’été 2024, Those About to Die s’est tout de même dévoilé au fil des semaines qui ont précédé sa diffusion. Estampillée comme une production Peacock (quasiment inconnu en France), ce péplum peut se targuer d’atouts-non-négligeables. En premier lieu, le teasing d’une tête d’affiche conséquente, en la personne du mythique octogénaire Anthony Hopkins.

Dans un second temps, la série est distribuée à l’international par le géant Prime Video. Plateforme rarement avare en investissement. Comme le prouve aujourd’hui son budget alloué à 140 millions de dollars pour 10 épisodes. (à titre de comparaison, la dernière saison de Game of Thrones tournés à 15 millions par épisode).

Enfin, pour assurer le spectacle, c’est le mythique metteur en scène Roland Emmerich qui est embauché pour mettre en boîte 5 épisodes. (Marco Kreuzpaintner, metteur en scène émérite de production britannique, se charge des 5 autres). Le réalisateur d’Independance Day, 2012 ou Le Jour d’après, donne ainsi le tempo à cette fable d’envergure qui se dévoile sous un synopsis du même acabit.

Rome en 79 après Jésus-Christ : Le centre de l’Empire romain est la ville la plus riche du monde, et l’on assiste à un afflux massif d’esclaves venus de l’empire en expansion pour prendre en charge le travail. La population romaine – ennuyée, agitée et de plus en plus violente – est maintenue dans le droit chemin principalement par deux choses : de la nourriture gratuite et des divertissements spectaculaires, sous la forme de courses de chars et de combats de gladiateurs.

Les courses du Circus Maximus sont contrôlées par quatre corporations appartenant à des patriciens, les factions bleue, rouge, blanche et verte, et les actions de ces quatre factions sont les choses les plus précieuses de Rome. Les goûts de la population en matière de divertissement devenant de plus en plus blasés et assoiffés de sang, un stade spécialement conçu pour les combats de gladiateurs s’impose : le Colisée. L’ampleur du stade, des combats de gladiateurs et d’animaux est énorme, tout comme le monde souterrain et ses paris florissants. Sous terre, sous les gradins, des milliers de personnes travaillent et vivent, parmi lesquelles des milliers de personnes qui mourront pour les jeux.

D’après le livre éponyme de Daniel P. Mannix.

À l’écriture, c’est un autre vétéran qu’on retrouve aux commandes : Robert Rodat. Auteur d‘Il faut sauver le soldat Ryan, la série de S.F. Falling Skies ou The Patriot de… Roland Emmerich. Le septuagénaire dépeint ainsi le portrait d’une Rome en ébullition à partir d’un roman qui a justement inspiré le premier GLADIATOR sortie en l’an 2000.

Néanmoins, et malgré mon enthousiasme à l’idée de découvrir la série, après le visionnage de la bande-annonce un léger ressentiment de grand nanar persistait en moi. Fausse impression puisqu’on assiste à un show à l’ambition dévorante qui assomme la concurrence ? Pas vraiment, car hélas, les images ne mentent pas…

Pipi de péplum.

Those About to Die a donc de l’ambition et semble s’apparenter justement à un univers violent et pulullant tel que… GOT. Or, sa nature de péplum fait aujourd’hui écho à la sortie prochaine de GLADIATOR II. Sa bande-annonce promettant, elle aussi, beaucoup de spectacle. Hélas, dès son pilote, on s’aperçoit que la série n’a absolument pas les épaules d’une telle entreprise. Caractérisations stéréotypées, décors de studio qui s’avère étriqué et fade, fonds verts récurrents et grossiers, ou situations qui se répètent, ce péplum puise ici est là, mais n’apporte aucune originalité au genre. Pire, s’en est bien souvent une fade copie. Et pourtant…

Une fois la déception passée, et malgré de nombreuses autres lacunes (souvent plus mineurs), le show parvient à divertir sur la longueur. Notamment en fin de saison. Pour ma part, je me suis totalement désintéressé aux sorts de ses nombreux personnages. Ce qui s’est avéré jouissif dans ses derniers épisodes, très meurtriers.

Avant ça, Those About to Die pâtit néanmoins d’un montage problématique. Pour preuve, sa durée totale se rapproche des 10 heures de visionnage et la série peine parfois à convaincre tant elle s’avère répétitive. De ses problématiques récurrentes, ses trahisons cousues de fil blanc, ses nombreuses incohérences, jusqu’à sa demi-douzaine courses de chars complètement laides. A contrario, et même si elles sont dépourvues d’intensité, la série s’avère plutôt avare en scène d’action impliquant ses gladiateurs. Et ce n’est hélas pas la seule intrigue à subir ce manque d’utilisation.

Rome, pomme, pomme, pomme…

Ses aspirations crues sur l’époque, qui mélange sexe et sang, sont, elles, bien présentent, mais manquent cruellement de mordant. Par exemple, son hémoglobine n’est pas si récurrente et surtout vite expédiée. Mais c’est avant tout son rapport à la chair humaine qui prouve ses limites. Ses actrices se dénudent la poitrine, mais guère plus. Les hommes bien sculptés arpentent le décor, fesses apparentes, mais aucun pénis ne vient brusquer cet équilibre. Ses « nombreuses » scènes d’orgies sont par la même occasion présentent pour alimenter le décor, mais n’ont aucun intérêt distinct. Une vision de Rome biaisé et sans nuances.

Hormis ses manigances politiques ou le pouvoir d’influence autour de la figure centrale de Tenax (Iwan Rheon, qui ne révolutionne pas son jeu d’acteur après sa performance de Ramsay), une bonne partie du casting n’évolue pas sur plusieurs épisodes. Pour remplir le tout, la production opte donc pour une distribution large, plutôt inconnus et qui varie les positions. En revanche, aucun acteur ou actrice ne vient s’y démarquer et on se souviendra surtout de la présence d’Anthony Hopkins, même si forcément restreinte sur la durée.

À vrai dire, c’est même l’effet inverse qui s’opère avec quelques interprétations belliqueuses, poussées ou irascible. Jojo Macari est, par exemple, exubérant, Tom Hughes totalement plat, ou Dimitri Leonidas insupportable et sans nuances. Comme je le disais plus haut, ses interprétations et caractérisations sans charmes ont, au moins, l’avantage de rendre la perte de certains caractères complètement divertissante. À défaut d’être bouleversante. Et le divertissement des foules étant l’une des caractéristiques majeures de l’époque, comme présenté dans la série, le show parvient donc à divertir dans sa finalité. Il suffit juste de lâcher prise…

CONCLUSION

Après son final, qui oscille entre le mauvais et l’amusement, le show est au moins parvenu à clôturer le gros de son récit. Elle dispose évidemment d’une fin ouverte qui donne matière à suite. Curieusement, l’annonce de celle-ci ne serait peut-être pas si déplaisante.

Those About to die est tout de même loin d’être un concurrent de taille pour les productions estivale. Son budget assez faramineux est encore la preuve qu’investissement ne rime pas toujours avec réussite. Surtout pour Amazon Prime Video, après les déjà très bancales Citadel et Les Anneaux de Pouvoir.


Les + :

  • Un projet d’aspect colossal, qu’il s’agisse de son budget, ses artisans de cinéma, jusqu’à sa tête d’affiche promotionnel. Si le résultat n’est évidemment pas à la hauteur, on ne peut négliger ses atouts qui auront leurs intérêts distincts durant la saison.
  • Une fois pris dans ce jeu belliqueux, la série se montre parfaitement divertissante.
  • Une fin de saison parfaitement cruelle et meurtrière. Si ses défauts occultent toute émotion à l’égard des personnages, leurs destins funestes est souvent jouissif.
  • La (faible) présence d’Anthony Hopkins en empereur sur le déclin.

Les – :

  • Un budget colossal qui semble très mal exploité. Ses nombreux effets spéciaux sont souvent approximatifs (voir laid quand ils sont en mouvement) et le choix de sa distribution ne révèle aucune bonne surprise.
  • Un montage qui gère aussi mal ses personnages que ses situations, qui ont tendance à se répéter.
  • Un récit bourré d’incohérences et qui multiplie les rebondissements attendus. Au milieu de tout ça, la caractérisation de ses nombreux protagonistes (et leurs interprétations respectives) est souvent risible.
  • Une production qui veut se montrer crue et cruelle, mais qui manque clairement d’intensité et surtout de nuances.
  • Pour preuve, son jeu politique est bien trop conventionnel et la présence de sexe est purement gratuite et ne sert jamais l’intrigue.
  • La trop faible présence d’Anthony Hopkins, dont le rôle aurait mérité plus de profondeur condensée.

MA NOTE : 12.5/20

Les crédits

CRÉATEUR : Robert Rodat

AVEC: Iwan Rheon, Sara Martins, Jojo Macari, Tom Hughes, Moe Hashim, Johannes Haukur Johannesson, Gabriella Pession, Dimitri Leonidas,

Rupert Penry-Jones, Gonçalo Almeida, Eneko Sagardoy, Pepe Barroso, Lara Wolf, Angeliqa Devi, Romana Maggiora Vergano, David Wurawa,

Emilio Sakraya, Alice Ann Edogamhe, Kyshan Wilson, Martyn Ford, Daniel Stisen, Michael Maggi, Alessandro Bedetti, Adrian Bouchet, et Anthony Hopkins (…)

ÉPISODES : 10 / Durée (moyenne) : 55mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Amazon

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *