HOUSE OF THE DRAGON : S.2 – épisode 5 (Régent)

Avant-propos : Voilà un mois que la nouvelle série phare d’HBO a repris. Aujourd’hui, elle est enfin prise au sérieux, au prix du feu et du sang. Après un épisode 4 qui a mis tout le monde d’accord, la saison 2 de House of the Dragon poursuit son aventure fantastique. Sa première moitié de saison aura pris le temps d’installer sa guerre froide devenue brûlante, notamment grâce à un jeu politique brillant. Le premier affrontement tragique entre dragons rabat déjà les cartes d’un équilibre précaire et affaibli les deux camps.

La valeureuse Rhaenys a ainsi péri dans un magnifique suicide et le sort d’Aegon demeure incertain. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’à présent, son frère Aemond sera un vecteur majeur de la guerre. L’ambition de cette deuxième partie sera donc de maintenir cette aura de guerre constante, tout en préparant d’autres tragédies à venir. Pour le cinquième épisode de sa saison 2, HotD temporise naturellement après sa montée en puissance. Et c’est un peu dommage, même si l’avenir s’annonce excitant.

ÉPISODE 5 : REGENT

EN DEUX MOTS : c’est avec calme et amertume que cette suite se dévoile sous la magnifique mise en scène de Clare Kilner. La réalisatrice remet le couvert cette saison pour un second épisode plaisant, tandis que Ti Mikkel se charge de l’écriture. Une scénariste inconnue, mais qui a, jusqu’à présent, officié comme équipe de renfort dans la série. Et avant ça sur… Game of Thrones.

Sobrement intitulé « Régent », ce nouvel épisode de plus d’une heure temporise donc en même temps qu’elle alimente quelques pistes excitantes. Plus sensoriel qu’épique, ce tout début de seconde partie caractérise plus concrètement ses seconds rôles (en seulement quelques scènes), tout en continuant d’explorer les fêlures de ses deux camps. « Régent » fait référence à la nouvelle position d’Aemond (Ewan Mitchell), mais fait ensuite davantage la lumière sur le camp opposé.

Il s’ouvre d’ailleurs sur le deuil succinct de Corlys (Steve Toussaint) et la position affaibli de Rhaenyra (Emma D’Arcy).

À Port-Réal, ce retour de guerre est assez génial, et parfaitement clair dans son amertume. De la détresse du petit peuple (au rôle de plus en plus déterminant) jusqu’à l’ambiguïté du camp Vert. Malgré l’importance de son nouveau rôle, le récit a eu la magnifique idée de rendre le personnage d’Aemond quasi-mutique durant l’épisode. Une position astucieuse, qui permet de renforcer son aura inquiétante, comme le prouvent si bien les regards inquiets de sa mère (Olivia Cooke).

Ce « mauvais présage », comme le qualifie le peuple, est donc à double sens et le personnage d’Alicent brille une fois encore par son pragmatisme. Or, sa formidable scène « d’élection » va encore nous prouver que la misogynie prévaut bien souvent sur le bon sens. La Reine douairière se retrouve ainsi (momentanément ?) amputé de ses alliés. D’un Criston Cole (Fabien Frankel) désillusionné et d’un Larys Strong (Matthew Needham) insondable.

Les femmes de bon sens… dans un monde d’homme.

Le roi (Tom Glynn-Carney) n’est pas mort. Mais c’est tout comme. Le beau (en apparence) Aegon II est sévèrement brûlé (malgré l’armure du Conquérant), comateux, brisé, est par conséquent sur la touche. La série suivra t’elle la ligne du roman concernant son destin ? Je l’espère. En attendant, sa courte scène en fin d’épisode où il susurre « maman », qui était à son chevet, fait son effet.

Pour assurer le pouvoir à la Capitale et maintenir un semblant de paix, Alicent se propose pour gouverner. Comme elle l’a déjà fait auprès de son père (Rhys Ifans, dont l’absence commence à se faire ressentir) auparavant. Les hommes lui répondent que c’était en temps de paix et surtout… qu’elle est une femme. Comme quoi, même dans l’autre camp la condition de femme est toujours sujet à discussions. Il en va de même à Peyredragon, ou Rhaenyra peine toujours à s’affirmer depuis sa querelle conjugale.

Je ne douterais jamais de votre compétence ni de votre vivacité d’esprit. Simplement, le beau sexe, n’a jusqu’ici jamais été au fait des stratégies de combat et de leur mise en œuvre.

Ser Alfred Broome à Rhaenyra

Il manque à son Conseil Restreint des caractères forts et des profils plus identifiables. Malgré des échanges tendus. Peut-être que la nouvelle position de Corlys (comme Main) changera la donne, si elle se concrétise. Le Serpent de Mer est en deuil et toujours sans héritier clair, tandis que sa petite-fille Baela (Bethany Antonia) décline sa proposition. Cette dernière embrassant pleinement son destin de feu et de sang, comme dragonnière.

Dans tous les cas, HotD prouve toujours son féminisme avec tact. Ce plan fixe cadré sur Alicent avec un son amoindri en arrière-plan m’a d’ailleurs particulièrement plu, durant la scène de conseil. Un renouveau technique assez fabuleux de plus en plus présent, qui la distingue peu plus de son aîné. La vue sur les dragons, même succinctes, est également toujours un plaisir à observer et une dynamique propre au spin-off.

Les démons de Daemon.

Hormis le monstre Vhagar qui risque d’être moins présent dans cette seconde partie, le style Serpentin de Caraxès me fascine. À l’instar de son dragonnier tourmenté (Matt Smith). Harrenhal et ses occupants se dévoilent toujours un peu plus au fil des épisodes, tandis que le roi (consort) patine de plus en plus avec un mental vacillant. Malgré sa voix au ton fascinant, Daemon se dévoile sous un profil à la fois persuasif, tranchant, troublé et pathétique.

Si son intrigue demeure statique, jusqu’à présent, elle dévoile de belles nuances dramatiques. Hormis sa culpabilité, ses tourments incestueux et ses hallucinations son sujet à interprétations. Qu’il soit confronté à la version jeune de sa femme, de sa seconde épouse pour qui il avait de l’affection (Nanna Blondell), ou à une mère qu’il n’a pas connu.

Ici, il est toujours difficile d’appréhender les véritables intentions d’Alys Rivers (Gayle Rankin), aux apparitions vénéneuses. Parallèlement, les interventions de Simon Russell Beale dans la peau de Simon Strong sont toujours délectables, qu’il tente de prendre des pincettes ou qu’il soit affublé de ses trois fils (?) un peu nigaud. Les démons de Daemon sont une vaste entreprise, quoi qu’il en soit. De plus, son caractère impétueux est source de différentes problématiques dans l’intrigue.

Son absence va notamment pousser Jaque (Harry Collett) a s’engaillardir. Pour notre plus grand plaisir. Par extension ont peu louer le destin de Mysaria (Sonoya Mizuno), plus lisse, mais attachante que dans le roman. Si ses interventions sont encore restreinte, nul doute que son plan, par le biais des habitants de Port-Réal, va aboutir sur quelque chose d’habile.

Ne sous-estimez pas vos sujets. Ils sont des millions à vivre dans l’ombre, on les néglige depuis trop longtemps. [Rhaenyra : Ils pourraient se tourner vers moi ?] Pour les mécontents, les rumeurs sont de la nourriture. Majesté. Ce que vous ne pouvez faire, laissez d’autres s’en charger. Il y a plus d’une façon de mener une guerre.

Mysaria à Rhaenyra

Stratégie (et personnes) en tous genres.

Les petits gens ne seront pas lésés dans l’avenir de House of the Dragon. C’est, du moins, mon ressentiment après ces maintes et succinctes mise en place. Le destin d’Hugh (Kieran Bew), sa femme (Ellora Torchia) et sa fille malade sont surement les plus parlants durant l’épisode, via leurs détresses pour quitter la Capitale, en proie à la désolation. L’intrigue se montre toutefois plus mouvante que dans ses épisodes précédents et nous laisse même apercevoir la demeure ancestrale du Val d’Arryn. Les Eyrié.

Cette courte scène s’avère moins grisante qu’à l’accoutumé. D’un côté, le destin de Rhaena (Phoebe Campbell) s’avère (pour l’instant) moins passionnant que celui des autres membres de la Team Black, et de plus, sa trame secondaire risque d’être bien plus restreinte. Cela lui permettra de plus nombreuses apparitions dans les prochains épisodes. Celle-ci donne d’ailleurs la réplique à Lady Jeyne Arryn qui est ici interprétée par Amanda Collin. Actrice hypnotique qui, au côté d’Abubakar Salim (le marin Alyn), tenait le rôle central dans la série Raised by Wolves sur max.

Parmi ses profils plus secondaires, contraint à la prudence, l’héritier de Rhaenyra va se positionner avec brio durant cet épisode. En premier lieu dans sa décision d’agir pour le passage des troupes du Nord. Avec indépendance et sans compter sur les ambitions de Daemon dans le Conflans. Cela nous amènera sur le Pont des Jumeaux face à des Frey plus dociles et potentiellement moins espiègles qu’on a pu les découvrir par le passé. La scène est aussi réussi que plastiquement satisfaisante dans son exécution.

D’autre part, l’ainé de Rhaenyra va (enfin) mettre des mots sur la mise en œuvre de l’une des intrigues les plus excitante du roman : l’exploitation des dragons sans dragonniers attitrés. Une perspective fatalement (très) excitante pour la suite.

CONCLUSION

Ainsi, avec son cinquième épisode, cette saison 2 fait le choix de la facilité, par le biais d’une continuité condensé et lente. C’est loin d’être un mauvais épisode, bien au contraire, puisqu’il recèle de très belles et bonnes scènes, mais c’est fatalement sage. Notamment avec une saison raccourcie à 8 épisodes aussi consistants.

House of the Dragon 2 se démarque quoi qu’il en soit par de nombreux atouts. Qu’il s’agisse de sa narration jusqu’à l’intensité combinée de son ambiance et de ses différentes interprétations. La preuve d’ailleurs avec cette courte scène en fin d’épisode dans la scène de Trône. On y découvre la dérangée, mais perspicace Halaena (Phia Saban) qui interroge sobrement son frère. Ce qui en dit long sur la dynastie Targaryen.

Cela en valait-il le prix ?


Les + :

  • Un nouvel épisode dense, magnifiquement mis en scène par Clare Kilner, à l’ambiance lourde et traversé par un décorum très solide.
  • L’amertume d’après-bataille parfaitement retranscrite à l’écran. Du mutisme effrayant d’Aemond, la désillusion du petit peuple, aux regards d’Alicent sur ses fils.
  • Une intrigue plus tangible envers ses seconds rôles. Qu’elles qu’ils soient.
  • Une fable féministe en tout temps. Les destins tourmentés des deux têtes d’affiche le prouvent encore aujourd’hui, notamment via Alicent rabrouée dans sa position de femme, malgré son pragmatisme.
  • La multi-nuance autour du profil de Daemon. D’ambitieux à pathétique et tourmenté.
  • Le teasing de futurs dragonniers.

Les – :

  • Après une première démonstration de force sans égal, cette tempérance est le choix de la raison. Mais manque de force brut dans sa continuité.
  • Quelques destins qu’il me désespère de voir plus concrètement, malgré un montage sans remplissage.
  • On ronge notre frein pour le destin de l’ambigu et magnétique Daemon.
  • Et pour l’apparition de futurs dragonniers.

MA NOTE :

MON CAMP FAVORI DURANT L’ÉPISODE : TEAM BLACK

Les crédits

RÉALISATION : Clare Kilner / SCÉNARIO : Ti Mikkel

DIFFUSION (France) : 15 Juillet 2024 / DURÉE : 63mn

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