THE GENTLEMEN – saison 1

EN DEUX MOTS : Après plus de 25 ans de carrière sur grand écran, l’un des plus iconiques réalisateurs britanniques de sa génération s’essaye au streaming avec la saison 1 de THE GENTLEMEN. Curieusement, il y a 4 ans, celui-ci renouait avec la critique grâce à un film de gangster du même nom. Peu de temps après ce succès, le stylisé Guy Ritchie annoncait un prolongement de son film en série. Pourtant, sa nouvelle production n’en est ni la suite, ni un préquel ou quelconque sequel.

Eddie Horniman hérite soudainement du vaste domaine de son père, avant de découvrir qu’elle fait partie d’un véritable empire du cannabis. Pour couronner le tout, de dangereuses figures du crime organisé en Grande-Bretagne veulent leur part du gâteau. Déterminé à extirper sa famille de leurs griffes, Eddie tente de prendre les gangsters à leur propre jeu. Mais à mesure qu’il s’enfonce dans la criminalité, il commence à y prendre goût. 

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Dans tous les cas, Guy Ritchie revient à ses premiers amours (en format long) en s’attardant sur une nouvelle famille dysfonctionnelle qui tutoie le milieu criminel. Avec deux premiers épisodes réalisés, produit et co-scénarisé par ses soins, le metteur en scène de 55 ans navigue en terrain connu et délivre un récit aussi efficace que convenu.

Seulement après une filmographie aussi réjouissante que malmenée par des grosses productions hollywoodiennes ratées, l’enfant terrible du thriller cynique british par excellence revient-il avec tact au charme de ses premières œuvres plus modeste ? Ou son style s’est-il fané au point d’être devenu has been ? Bonne nouvelle, sans gros éclats, THE GENTLEMEN est une production Netflix plus délicieuse que véritablement paresseuse.

Comme sa précédente production du même nom, au budget modeste de 22 millions de dollars (estimé), THE GENTLEMEN se dévoile via quelques têtes d’affiche quelque peu délicieuses. Bien que bien moins prestigieuse aujourd’hui.

« SO RITCHIE »

Après une carrière en demi-teinte avec la saga young adult DIVERGENTE, Theo James se dévoile plus fermement sur petit écran. Après des rôles assez réussis dans The Time Traveler’s Wife et la seconde saison de The White Lotus, le beau gosse de quasi 40 ans incarne l’outsider et héritier malgré lui par excellence.

Face à ce héros inébranlable au grand cœur, l’intrigue dévoile d’autres profils aussi peu surprenants, typiques à ce genre d’intrigue. La vénéneuse criminelle (Kaya Scodelario), le frère boulet (Daniel Ings), la mère raffinée, mais ébranlée (Joely Richardson, complètement sous-exploitée), ou le garde-chasse énigmatique et loyal (Vinnie Jones) pour les plus récurrents. À noter les présences en guest de choix de Giancarlo Esposito dans un rôle qui fait un peu trop référence à Breaking Bad, ou Ray Winstone a contrario qui ne manque pas de présence.

Néanmoins, là où l’écriture ne révèle aucunes trouvailles scénaristiques, les prestations brillent de mille feux. Theo James s’avère idéal, Kaya Scodelario à croquer, Daniel Ings burlesque ou Vinnie Jones pétrit de charisme. Le casting secondaire n’est également pas en reste comme le prouvent, par exemple, les apparitions délicieuses d’un Peter Serafinowicz possédé ou d’un Kristofer Hivju en pleine caricature.

Pour preuve, le show, de par son format long, s’amuse à (souvent brièvement) faire le portrait de nombreux gangsters, souvent pittoresques et sujets à la comédie, dans un style parfois théâtral.

Cette aisance de charme se détache également à l’écran par une mise en scène sans éclat, mais énergique. Durant les deux bonnes premières heures dirigées par le célèbre showrunner THE GENTLEMEN n’est guère novatrice. Entre ses gros plans carabinés, ses caméras embarquées vitaminées ou ses plans plus larges qui subliment ses décors so british.

CUP OF TEA, MEABY ?

Toutefois se retrouver en terrain connu, avec aisance, procure un sentiment de satisfaction drôlement agréable. Chose qui se conjugue parfaitement avec le tempo du show qui aligne des épisodes suivants beaucoup moins copieux (en moyenne 45 minutes, tout juste). Les péripéties s’enchaînent avec suffisamment de charme et adoptent parfois même un format semi-anthologique.

De quoi variés les situations et les nombreux échanges entre les différents personnages pour un résultat souvent délicieux. Et même si certaines pistes narratives, ou personnages, auraient mérité d’être approfondis.

Une autre caractéristique de THE GENTLEMEN réside dans son degré de violence curieusement géré à l’écran. Ici, l’horizon de la mort s’effectue bien souvent sur un ton assez léger, parfois grotesque, absurde ou même détaché. Et malgré son niveau d’hémoglobine, (quasiment) toujours hors champ. À la longue, la série se montre un brin plus dramatique dans ses différents rebondissements et le tout aboutit sur un final plutôt malin.

Quoi qu’il en soit, sur la longueur, la série ne perd pas de vue sa légèreté caractéristique et se montre docilement linéaire. Son principal attrait réside dans le parcours de ses protagonistes foncièrement attachants et ici encore, on pourra juste regretter un léger muselage dans certains dénouements. On se contentera allégrement des délicieux portraits d’aristocrates en tous genres qui peuplent cette nouvelle série Netflix : l’une des plus agréables distractions de cette fin d’hiver.

CONCLUSION

Ainsi, avec THE GENTLEMEN, Guy Ritchie s’offre une récréation sur petit écran débridé. Jamais bien originale, mais diablement plaisante dans sa générosité. Si l’exercice se montre parfois ronronnant, son charme anglais opère indéniablement, notamment grâce à ses personnages haut en couleur. C’est parfois trop peu, mais souvent bien suffisant.

À l’heure de publier ses lignes, le destin sur le futur de la série reste un brin mystérieux. La série n’étant pas à proprement consistante pour s’achever comme une vraie mini-série. Si elle devait se conclure ainsi, on pourrait dire que les scénaristes et réalisateurs qui ont pris la suite de Guy Ritchie durant la saison ont manqué certaines pistes qu’offrait l’univers de THE GENTLEMEN. Un constat dommageable, mais pas dramatique.


Les + :

  • Un pitch et un univers de Guy Ritchie au charme british ravageur.
  • Une large panoplie des personnages en tout genre assez délicieux.
  • Quelques embardés esthétiques salvatrices. De sa mise en scène énergique à ses décors (british encore) plein de charme.
  • Un rythme et un tempo idéal.

Les – :

  • Malgré quelques petits rebondissements cocasses typiques au genre de la comédie criminelle, un scénario en pilote automatique.
  • Une violence diablement pudique
  • Quelques parcours de personnages précipités ou trop peu exploités.
  • Une saison qui manque quelques occasions de briller.

MA NOTE : 14.5/20

Les crédits

CRÉATEUR : Guy Ritchie

AVEC : Theo James & Kaya Scodelario, Daniel Ings, Vinnie Jones, Joely Richardson, avec Ray Winstone, et Giancarlo Esposito,

mais aussi : Joshua McGuire, Freddie Fox, Laurence O’Fuarain, Kristofer Hivju, Peter Serafinowicz, Michael Vu,

Max Beesley, Harry Goodwins, Chanel Cresswell, Gaia Weiss, Jasmine Blackborow, Ruby Sear, Dar Salim, Pearce Quigley (…)

ÉPISODES : 8 / Durée (moyenne) : 48mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Netflix

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