MONARCH : LEGACY OF MONSTERS

EN DEUX MOTS : Non dénué de projets ambitieux jusqu’à présent, Apple TV+ prouve aujourd’hui qu’elle ne manque pas d’envergure non plus. Ni de moyens. Mais également qu’elle joue dans la cours des grands grâce à ce nouveau show. En se rattachant pour la première fois a une vraie grosse franchise (le MonsterVerse) la plateforme dévoile sa plus grosse nouveauté automnale (et de l’année) avec MONARCH : LEGACY OF MONSTERS.

Malgré plusieurs films aux qualités variables, le MonsterVerse dispose d’un certain potentiel et d’une mythologie assez riche. Une mythologie que le format sériel peut largement exploiter, même si elle peut se retrouver limitée par son nombre colossal d’effets spéciaux pour la mettre en images. Qu’importe, après le succès du dernier Godzilla vs Kong (2021) l’idée d’étendre cet univers est rapidement lancé par le studio Legendary. C’est ici que la chaîne à la pomme décroche le contrat et dévoile pour 2023 sa série MONARCH. (Initialement intitulé Godzilla and The Titans).

Deux frères et sœurs partent sur les traces de leur père pour découvrir les liens de leur famille avec l’organisation secrète connue sous le nom de Monarch. Des indices les conduisent dans le monde des monstres et au final dans le monde parallèle de l’officier de l’armée Lee Shaw, se déroulant dans les années 1950 et un demi-siècle plus tard où Monarch est menacé par le savoir de Shaw. Cette saga dramatique – qui s’étend sur trois générations – révèle des secrets enfouis et la façon dont des événements épiques et bouleversants peuvent se répercuter dans nos vies.

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Aujourd’hui, la production Apple fait suite au film genèse de 2014, après l’attaque du Titan à San Francisco. Mais elle se dresse également comme un préquel de son univers, avec son intrigue genèse dans les années 50. C’est idéalement l’ambition souhaitée pour cette production type blockbuster, notamment avec l’implication du charismatique Kurt Russell au casting. Symboliquement, son fils, Wyatt Russell, y incarne le même personnage dans une version beaucoup plus jeune (sur le papier).

L’ambition et les moyens du géant Américain suffisent-ils à en faire une nouvelle référence du petit-écran ? Loin de là. Et malgré son format idéal, MONARCH semble souffrir des mêmes faiblesses qui incombent certaines grosses productions du grand-écran.

CHASSE AUX MONSTRES. PAS AUX MAUVAISES HABITUDES.

Présenté en plein cœur de l’automne avec deux épisodes réalisé par le grand habitué de série TV : Matt Shakman, MONARCH : LEGACY OF MONSTERS démontre très vite ses faiblesses à l’écran. Dès son ouverture, elle flirte avec ses limites dans une scène qui fait référence au film Kong : Skull Island. Si on peut apprécier le caméo de l’illustre John Goodman (dont l’intérêt sera de retrouver, dans la série, son personnage vingt ans plus jeune, sous les traits d’Anders Holm) le bat blesse dans sa démonstration d’effets spéciaux inconsistants. Notamment avec un décor qu’on imagine aisément sur fond vert.

Si sa batterie de scénaristes (menés par les méconnus Chris Black et Matt Fraction) composent (ou tente de composer) une grande aventure sur papier, à l’écran MONARCH se révèle sans âmes. Notamment, quand elle compose avec l’esthétisme des différents films, selon l’intrigue.

Le montage alterne ainsi entre deux intrigues principales. Qui se répartissent les 9 crédités au générique de façon proportionnelle à leurs présences à l’écran. (C’est-à-dire 2/3 pour l’intrigue de 2015 et 1/3 pour celle des années 50). Du moins quand la petite bande qui revient sur les origines de Monarch englobe la saison, puisqu’ils ne sont pas présents sur son entièreté.

Dans tous le cas, MONARCH chérit le genre de l’aventure et se révèle correctement rythmé pour cela. Particulièrement grâce à des épisodes allant de 40 à 50 minutes. Elle n’est pas exempte de légères longueurs pour autant, avec quelques bavardages inutiles et des backgrounds ronronnant.

BEWARE THE MONSTERS.

Les deux premiers épisodes servent ainsi de grosse introduction durant un peu plus d’1h30, et présentent les personnages dans la dynamique de groupe qu’ils suivront sur le gros de la saison.

Parmi eux, on peut noter la présence d’acteurs méconnus, mais non dénués de charme. Notamment côté féminin grâce à Anna Sawai en semblant de figure central, Kiersey Clemons en petite hackeuse mystérieuse, ou Mari Yamamoto en chercheuse aventureuse. On peut regretter la caractérisation et les dialogues qui les accompagnent toutefois. Les attraits d’une production légèrement nanardesque, diluant peu à peu le charme de la découverte pour les banalités du genre.

Mais au-delà de toutes ses caractéristiques d’intrigues, mouvementées par le déplacement des personnages, l’attrait de Science-fiction fantastique du show réside dans ses monstres. Et ici, évidemment, la série fait pâle figure. Et déçoit forcément. Si on se douter que la présence des Titans serait restreinte ou pouvait espérer que leurs apparitions causeraient néanmoins quelques frissons. Hélas non.

Certes l’attachant mastodonte Godzilla convainc pour la fidélité de son esthétisme. Mais c’est bel et bien tout. Qu’il s’agisse de l’échelle titanesque que représentent les monstres, jusqu’à leurs intérêts dans le récit, MONARCH ne saisit aucun souffle épique envers sa série.

En termes de développement de mythologie, le show dévoile probablement son plus gros défaut. Un défaut qui découle d’une écriture risible qui aligne les facilités et clichés scénaristiques. Épisode après épisode, dynamique après dynamique, et problématiques après problématiques. L’attrait de l’agence Monarch et du poids de celle-ci dans l’univers décrits n’a pour ainsi dire aucune portée concrète. De plus, elle aussi recèle de poncif dans un fonctionnement pourtant quasi-inexistant à l’écran. Son titre porte bien mal son nom.

CONCLUSION

De là, sa diffusion nous amène sur des épisodes très peu consistant et souvent creux. Les révélations finales, qu’elles soient fantastiques ou épiques manque de temps, mais recèlent enfin d’un souffle épique. Notamment après son plan final. Cela prouve tout de même de ce que la série aurait pu être, mais n’est pas encore. Et peut-être jamais ?

Dans tous les cas, et si le chef d’œuvre était peu probable, MONARCH reste une belle déception. Une déception nullement sauvée par ses caractéristiques techniques, ni son casting prometteur. Même le duo père/fils Russell le prouve à l’écran, c’est un artifice, de la poudre aux yeux.


Les + :

  • L’exploration ambitieuse (ou plutôt la promesse vu le résultat) d’un univers S.F et fantastique d’apparat prometteur.
  • Un casting d’apparence charmant et bien dosé.
  • Malgré ses inégalités techniques, le show ne manque pas de moyens et divertit (modérément). Notamment avec la (faible) présence de Godzilla.

Les – :

  • Une mythologie à peine effleurer. Outre la déception qui entoure son aventure en deux temps, MONARCH aligne les poncifs qui dilapident tout intérêt envers son récit.
  • Les principales victimes de la narration demeurent ses personnages désincarnés et caractérisés avec banalité.
  • Ses trop faibles apparitions titanesques, qui en plus de présence, manquent cruellement de dimension épique.
  • Quelques effets spéciaux franchement ratés
  • La déception que représente son intrigue dans les années 50. Une riche idée pourtant, trop peu présente sur la longueur.

MA NOTE : 11.5/20

Les crédits

CRÉATEURS : Chris Black et Matt Fraction

AVEC : Anna Sawai, Kiersey Clemons, Ren Watabe, Wyatt Russell, Mari Yamamoto, Anders Holm, Joe Tippett, Elisa Lasowski, et Kurt Russell,

mais aussi : Mirelly Taylor, Takehiro Hira, Christopher Heyerdahl, Jess Salgueiro, Dominique Tipper,

ÉPISODES : 10 / Durée (moyenne) : 45mn / DIFFUSION : 2023-24 / CHAÎNE : Apple tv+

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