
EN DEUX MOTS : Deux ans, quasiment jour pour jour, sépare le spin-off d’envergure 1923, qui achevait sa première saison, avec le début de cette deuxième salve. Origin story de la dorénavant clôturé et cultissime Yellowstone, sa seconde saison se dévoile ainsi pour une diffusion jusqu’au printemps. Composée cette fois de 7 épisodes, cette nouvelle épopée américaine clôture son récit avec 15 épisodes qui se rejoignent dans leurs finalités. Un chiffre qui ne paraît pas si absurde, son final précédent faisant presque office d’épisode passerelle avec sa deuxième aventure.
Sur fond de western, de prohibition ou de tragédies en tous genres, 1923 mettaient déjà en scène un récit choral aussi large qu’ambitieux. Dans la pure lignée des précédentes productions made in Taylor Sheridan, sa première saison s’achevait néanmoins sur un suspense moindre. Ainsi, dans la pure continuité de la précédente, la saison 2 nous renvoie en plein blizzard, tandis que l’empire Dutton est en péril.
Un hiver cruel apporte de nouveaux défis et des affaires à régler à Jacob et Cara de retour au ranch Dutton. Avec des conditions difficiles et des adversaires qui menacent de mettre fin à l’héritage des Dutton, Spencer entreprend un voyage difficile pour rentrer chez lui, entamant une course contre la montre pour sauver sa famille dans le Montana. Pendant ce temps, Alexandra entreprend son propre voyage transatlantique pour retrouver Spencer et reconquérir leur amour.

Si la guerre est aux portes de ce territoire sacré du Montana, l’intrigue tempère toutefois et replace avec mesure les personnages qui composent son récit. Cette reprise attendue manque par conséquent d’intensité, notamment au vu de son format un brin raccourcie. Est-ce suffisant pour ternir pleinement cette suite et saison finale ? Loin s’en faut, car la guerre annoncée réserve quelques surprises et que c’est à côtés révèlent régulièrement de bons moments.
Le combat d’une vie.
On peut apprécier pour cette saison finale un récit écrit toujours d’une main et réalisé d’un œil unique. Cette cohérence à clairement ses avantages, malgré les défauts de ce spin-off. Une belle combativité pour une production qui jouit d’un traitement bien souvent rare à la télévision. Celui de la liberté. Mais comme le succès est au rendez-vous pour Taylor Sheridan, le créateur mène à bien son spin-off. Avant de nouvelles aventures.

Cette combativité se mesure concrètement dans chacun des récits de l’auteur. 1923 n’y faisait pas exception et permettait aux octogénaires Harrison Ford et Helen Mirren de livrer des performances toutes en forces, malgré leurs âges avancés. Avec son intitulé « Defend or Die« , cette suite n’y fait naturellement pas exception non plus par sa nature définitive. Néanmoins, il convient d’être patient avant d’assister à l’ultime combat des Dutton pour défendre leurs terres.
Entre-temps, cette saison 2 met en valeur, avec plus ou moins de réussite, le combat perpétuel de ses héros. Qu’ils s’agissent de menace humaine comme les éléments de la nature. À coup d’effets spéciaux en pagaille (sur son environnement, à l’instar d’une tempête hivernale ou en pleine mer, comme sur ses animaux sauvages, d’un puma tapi à un loup enragé) 1923 illustre le danger sous toutes ses formes. En tout temps.

Un long fleuve (presque) tranquille.
Parmi les parcours de son récit, celui du charismatique et combatif Spencer Dutton (Brendan Sklenar) demeure, sans surprises, majeur. Notamment, puisqu’il se pose comme l’héritier central de cette famille. Un profil de baroudeur, meurtri, animé par l’amour et la loyauté, toujours prêt à affronter tout type de dangers.
Si son aventure personnelle, pour rejoindre sa famille, n’est pas la seule à évoluer en dehors du Montana, son cheminement demeure assurément le plus fourni en rebondissements. Quoi que. Néanmoins, malgré son goût prononcé pour l’aventure et un attrait pour le réalisme meurtrier, cette deuxième saison manque d’acuité dans son ensemble.

Son montage, qui multiplie les points de vue, s’avère toutefois suffisamment large pour rythmer sa saison. Malgré des intrigues et différentes péripéties en dents de scie concernant leurs intérêts personnels. Pour preuve, caractérisée d’un récit total divisé en deux parties (ou deux saisons, pour le coup), cette suite n’intègre aucun nouveau crédité à son générique. Et parmi ses récurrents, une bonne partie (ceux au Montana, grossièrement) demeurent, grossièrement encore, dans l’attente du grand final.
Mais d’un sens, même avec ses petits riens, la qualité de sa distribution était déjà l’un des atouts de sa première saison. Merci à Helen Mirren, par exemple, pour sa présence impériale. Cette suite permet ainsi dans leurs donner une finalité, même si les nuances manquent parfois à l’écriture. (à l’exception faite, peut-être, du combat intérieur qui tiraille l’excellent Banner (Jerome Flynn)). Dommage donc que le jeune Dutton, Jack (Darren Mann) ou le meurtri Zane (Brian Geraghty) soit un peu délaissés au passage.

Des hommes (sans lois) et des femmes (avec des cou*****).
Côté antagoniste à l’état pur, c’est bel et bien l’ancien James Bond Timothy Dalton qui interprète la chimère ultime du récit. Dans sa peau d’homme d’affaires visionnaire et, parallèlement, amant sadique sans scrupules. Une dualité indirecte entre figure octogénaire, qui va naturellement mener à un dénouement… Logique quand on connaît l’histoire de la famille Dutton et son combat contre le tourisme.
Concernant ses récits « secondaires » (qui ne le sont pas tant), l’intrigue met toujours en vedette la pétillante et déterminée Alexandra (Julia Schafer), après sa séparation avec Spencer. Tandis que la jeune Indienne Teonna (Aminah Nieves) évolue, elle aussi, dans les terres parfois inhospitalières des États-Unis. C’est l’une des principales caractéristiques (mais aussi défaut) de son seul et unique scénariste. Le déroulement semé d’embûches, mais finalement pas toujours surprenant de son récit.

Étiolé dans son suspense, 1923 étire parfois son sens de l’aventure inutilement. La ou son montage manque de fantaisie et de surprises sur certaines de ses intrigues. Heureusement, quelques twists sanglants parviennent à rétablir l’équilibre. Mais surtout quelques parcours très réussis, tandis que l’aventure au Montana s’encroûte inexorablement.

Par exemple, c’est le cheminement difficile de la très British Alexandra qui m’a le plus convaincu. Sous des aspects dramatiques et historiques, qui occulte naturellement le western, Taylor Sheridan et son réalisateur Ben Richardson conjuguent un portrait de femme combative toujours idéal. Et joli paradoxe chez son auteur républicain, malgré l’amour qu’il porte à son pays, celui-ci casse parfois ses codes pour ne contenter personne. Sauf son public.
Conclusion
Sauf qu’arrivé au porte de son final, on se demande véritablement comment son créateur va boucler avec suffisamment de matière son récit. Si son intrigue c’est progressivement montrer meurtrière (envers ses seconds rôles ou guests stars) après sa mi-saison, difficile de ne pas avoir eu l’impression d’avoir été floué par un son nombre de rencontres manquées. Et pour cause, son final ne remplit que partiellement son contrat.
Mais comme le signal la voix de la narratrice (Isabel May) « Il y a probablement plus de tombes sans nom dans le Montana que de sépultures surmontées de marbre présentant le mort aux étrangers. Les amants n’ont nul besoin de repère. Ils savent parfaitement où repose leur moitié. Car ils l’y ont déposée« .
Ainsi avec presque 2h au compteur, son final « A Dream and a Memory » conjugue les forces de sa saison. Mais aussi ses faiblesses. Empreint de ses nombreux effets de grand soap à l’américaine, force est de constater que la formule Sheridan fonctionne toujours. En partie, mais quoiqu’il en soit. Notamment lorsque la légation Dutton se poursuit ou naît à la suite d’une grande aventure et survie face à l’adversité. À l’instar des Rainwater.

Dommage que dans ses longs échanges de tirs, la mise en scène de Ben Richardson révèle bien trop de classicisme et manque de fantaisie. Un effet amoindrissant son sens épique, tandis que son scénario rattrape le tir avec quelques idées bien senti et un sens du drame parfois percutant. Cette ultime saison révèle ainsi bon nombre de défauts, mais demeure globalement très efficace. Et plus important encore, elle révèle une grande cohérence épique et tragique dans l’œuvre de Taylor Sheridan.
Les + :
- Une production aux caractéristiques toujours très solide, et notamment écrite et réalisée en intégralité par ses deux fidèles artisans.
- En son centre, une distribution toujours aussi large et convaincante. Principal comme secondaire.
- Quelques portraits féminins qui ont du chien.
- Une aventure large et plutôt épique, qui nous transporte dans un voyage périlleux à travers les États-Unis.
- Les parcours indépendants de Spencer et Alexandra, guidés par l’amour et la loyauté.
- Un univers remplit des dangers cohérents et qui révèlent, quelques fois, des surprises.
- Son final. Pour ses forces combinés.
Les – :
- Malgré son nombre suffisant d’épisodes pour conclure son épopée, l’impression inéluctable d’avoir manqué quelques rencontres entre personnages.
- Une première grosse moitié de saison qui manque d’intensité et de surprises.
- Des personnages délaissés, peu exploités, et/ou dans l’attente du final…
- …En découle des parcours en dents de scie et parfois étirés sur la longueur.
- Quelques effets spéciaux un peu grossier.
- Son final. Pour ses faiblesses combinés.
MA NOTE : 14.5/20

Les crédits
CRÉATEUR : Taylor Sheridan
AVEC : Harrison Ford & Helen Mirren, Brandon Sklenar, Julia Schlaepfer, Darren Mann, Jerome Flynn, Brian Geraghty, Aminah Nieves, Michelle Randolph, et Timothy Dalton,
Avec la voix de : Isabel May, mais aussi : Robert Patrick, Sebastian Roché, Jennifer Carpenter, Jamie McShane, Michael Spears, Augustus Prew, Janet Montgomery (…)