EN DEUX MOTS : 1 an et demi après une première saison aussi gentiment fade que cocasse, TULSA KING se poursuit. La production prestige de la rentrée sur Paramount + met de nouveau en scène le caïd Sylvester Stallone dans une suite rallongée de deux épisodes. (contre les huit précédents). La durée de ceux-ci n’excédant pas les 45 minutes, le show conserve sa ligne d’efficacité. Une ligne qui mélange toujours celles du polar et du thriller dans son contexte majoritairement rurale assez atypique.
Dwight et son équipe continuent de bâtir et protéger leur empire florissant à Tulsa. Mais alors qu’ils prennent leurs marques, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas les seuls à vouloir s’imposer. Face aux menaces imminentes de la mafia de Kansas City et d’un homme d’affaires local très puissant, Dwight s’efforce d’assurer la sécurité de sa famille et de son équipe tout en gardant le contrôle de son business. Sans compter les affaires encore à régler à New York…
Seulement, après première saison qui brillait davantage pour sa forme que son fond, cette saison 2 dévoile d’emblée ses limites. Un concept finalement assez limité, à l’instar d’une tête d’affiche quelque peu éclaboussé par des accusations de comportement rétrograde lors du tournage. (ce qui a été démenti par la production, sans grandes surprises). Et si ses rumeurs demeurent subjectives, il paraît évident que le mythique acteur de 78 ans dispose d’une énergie restreinte. Du moins, dans ce format, à l’écran.
Ainsi, entre un portrait de gangster à l’ancienne qui s’essouffle et une production branlante, que reste-t-il de cette suite ? Probablement la moins solide des œuvres étendue issus de l’esprit du prolifique Américain Taylor Sheridan.
Être un gangster (fatigué), c’est pas si facile…
Malgré l’absence concrète du showrunner crédité dans le processus créatif de la série, le chevronné Terence Winter demeure au centre de son écriture, malgré quelques turbulences entre la première et seconde saison. Un nom rassurant pour les familiers du polar, TV notamment (Les Sopranos, Boardwalk Empire…), mais qui, pourtant, semble à court d’idées aujourd’hui. Peut-être s’agit-il de sa transposition du papier à l’écran qui prêche ici. Toujours est-il que TULSA KING 2 souffre d’un traitement de petite série B qui la ralentit indéniablement.
À l’image de ses gangsters en herbe mal fagoté, le show de Paramount perd en charme. Et ce, malgré son concept atypique qui le démarquait un tant soit peu. Pour cela, la série dévoile une formule mécanique dans son déroulement, l’enveloppe fade en prime. Sous une direction nouvelle (3 réalisateurs qui se partagent le travail) l’esthétisme de la série conserve ses teintes et son cadrage caricatural. (gris bleu pour New York et jaune et lumineux pour Tulsa).
Sous une mise en scène parfaitement anecdotique, donc, TULSA KING se démarque par son tempo très vintage (et ringard) comme le prouve son découpage, son humour un brin misogyne, et ses thèmes musicaux kitsch. À vouloir jouer sur la caricature, la série en est devenu une. Ce qui s’applique autant à son univers en général qu’à l’écriture de ses personnages. C’est pourquoi sa distribution ne jouit pas d’un meilleur traitement pour sauver les meubles. Bien au contraire.
Team zéro.
Outre un casting de fond (ou plus communément, tertiaire) caricatural au possible TULSA KING se compose d’une équipe dont la dynamique n’a jamais aussi peu fonctionné en action. Malgré une partie introductive largement dépassée. Avec son geek pince sans rire (Martin Starr, qui surfe sur son aura Silicon Valley), un chauffeur afro-américain aussi ambitieux qu’agaçant (Jay Will) ou le country-man à la bonne parole (Garrett Hedlund, à la récente carrière plus oubliable que jamais), la team patine comme jamais.
De ses profils secondaires plus utiles, la narration n’en fait pas grand-chose non plus. C’est ce que prouve ses ajouts au casting, ou la disparition bien arrangeante d’une ancienne récurrente, tandis que d’autres sont poussés vers la sortie avec des gros sabots. (Andrea Savage en tête). Non, cette saison multiplie les menaces de toute part et les différentes problématiques (celle, vaguement judiciaire, dans ses premiers épisodes, est navrante par exemple), mais dans le fond elle ne révèle aucune réelle tension. Et c’est assez navrant.
Ainsi, l’ajout des très identifiables Neal McDonough et Frank Grillo sont de connivence dans ce genre d’intrigue. À savoir, par pur remplissage mécanique. Enfin, on peut se consoler de sa large distribution pour divertir, contrairement à son déroulement d’action qui manque cruellement d’intensité.
Conclusion
TULSA KING 2 demeure de complaisance, même si la présence de Stallone en mode patate chaude dans la bouche (v.o. oblige) fait parfois plus de peine à voir que réellement plaisir. Quel avenir pour la série ? Bonne question avec sa tête d’affiche. Et sincèrement la réponse m’importe finalement assez peu.
Les + :
- Des durées d’épisodes qui ne tirent pas trop sur la corde.
- Quelques moments et associations de personnages divertissants.
- Son casting suffisamment large, pour éviter l’ennuie.
Les – :
- Une formule de thriller léger qui s’essouffle tout autant que l’indécrottable Stallone.
- Son enveloppe de série B un brin trop ringarde et kitsch.
- Des personnages secondaires assez mal exploités et trop souvent caricaturaux.
- Des choix narratifs trop peu surprenants, à l’instar de son déroulement d’action assez fade.
MA NOTE : 12.5/20
Les crédits
CRÉATEUR : Taylor Sheridan
AVEC : Sylvester Stallone…, Jay Will, Martin Starr, Frank Grillo, Max Cassela, Annabella Sciorra, Vincent Piazza,
Tatiana Zappardino, Neal McDonough, Dominick Lombardozzi, avec Garrett Hedlund, et Dana Delany,
mais aussi : Michael Beach, Rich Ting, Chris Caldovino, Dashiell Connery, McKenna Q. Harrington, Justin Garcia-Pruneda, Scarlet Rose Stallone, Cash Flo (…)
ÉPISODES : 10 / Durée moyenne : 40mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Paramount +