THE STRANGER’S CASE (Festival de Deauville 2024)

Prix du public de la ville de Deauville

EN DEUX MOTS : dans la continuité d’une compétition qui expose ses sujets sensibles, la question de l’immigration se dévoile sous la caméra de l’artiste Brandt Andersen. Avec THE STRANGER’S CASE, son premier film, cet activiste dévoué dévoile un récit choral en plusieurs temps qui pourrait avoir la faculté de changer l’opinion des moins au fait de la réalité. (Pour preuve, celui-ci a été récompensé d’un prix justifié). Il diffère également de son concurrent LA COCINA, qui traite d’une immigration mexicaine bien plus répandue sur le territoire américain.

Une tra­gé­die frappe une famille syrienne à Alep, déclen­chant une réac­tion en chaîne d’é­vé­ne­ments dans quatre pays dif­fé­rents impli­quant des per­sonnes unies par un lien de paren­té, dont une doc­to­resse et sa fille, un sol­dat, un pas­seur, un poète et un capi­taine des garde-côtes. 

Seul film a autant déserté le territoire américain, sa production américaine n’est pas non moins légitime, puisqu’elle demeure une terre d’opportunité pour des personnages en quête de liberté et de sécurité. Avec 5 points de vue qui composent son récit d’un peu plus d’1h30, le metteur en scène (et scénariste) nous plonge quasiment exclusivement au cœur de l’action. Tout en donnant un minimum d’épaisseur (et parfois de nuances) à ses protagonistes.

Dans le cadre du 50ème festival du cinéma américain de Deauville, retour sur quelques films que j'ai eu l'occasion de voir durant l'événement. Cette fois, le dimanche 15 septembre 2024, à savoir le dernier jour du festival. Ici, le deuxième film de la compétition, que j'ai bien évidemment vu en séance différée et qui a remporté le Prix du Public de la ville de Deauville, lors de la cérémonie de clôture.

« Ses immigrés pour lesquels on paye« .

La présence au casting de notre frenchy préféré, Omar Sy, était plutôt engageante. (quoi que presque surprenante compte tenu de son rôle aux origines mystérieuses). Son personnage s’avère finalement assez transitoire, contrairement aux autres cheminements présentés. Avec des destins croisés, mais dont la présence est ponctué au fil du récit, ses différents profils s’avèrent suffisamment variés pour donner du corps à l’histoire. Et surtout illustrés de nombreuses problématiques et/ou sujet de morale. (politique comme humain). Ma phrase en entête est ainsi tiré de la dernière partie du film, lors d’une scène de débat, en Grèce.

Le personnage central de la docteure interprété par l’intense Yasmine Al Massri va ainsi traverser le film via un flash-back découpé avec un certain sens du suspense. Même si une partie du récit exclut naturellement son destin au cours de route, THE STRANGER’S CASE nous questionne sur différentes moralités qu’implique cette immigration compréhensible. « L’offre et la demande ».

La comparaison manque un peu de tact (ou de poésie, contrairement à la citation qui ouvre le film), mais révèle une réalité assez limpide pour ces personnes prises au milieu du chaos de la guerre. De près ou de loin, comme le prouvent les dommages collatéraux – les proches – qui entourent les principaux points de vue. Toutefois, j’ai regretté un certain manque de chamboulement dans l’intensité dévoilé. Ce qui s’explique, peut-être, par le traitement expédié de plusieurs profils de son histoire. Aussi dramatique soit-elle.

Si la première partie demeure la plus efficace à mes yeux, sa dernière partie, sous le point de vue bousculé du garde-côte (Constantine Markoulakis) fait preuve d’une belle émotion contrite. Et dans cet effet, la fin du film fait mention d’un réalisme (et d’un sacrifice) bien triste à l’égard de ses personnages.

CONCLUSION

Entre une Syrie ravagée, un camp de réfugiés en Turquie transitoire ou une ville côtière en Grèce sous forme de terre de salut, le réalisateur multiple les décors réalistes et crédibles. Pour un récit qui l’est tout autant. (Seule, peut-être, sa traversée en mer, cruciale, dispose de limite physique et prouve un travail de studio).

Pour un premier film, ce drame s’avère exemplaire néanmoins dans son exécution. Malgré ses limites de mise en scène. Nul doute que Brandt Andersen maîtrise son sujet à la perfection et qu’il lui tient à cœur.


Les + :

  • Une histoire relativement condensé, mais mais complète grâce aux 5 points de vue qui composent le film.
  • La crédibilité et la variété de ses décors extérieurs. De la Syrie jusqu’aux côtes Turques et Grecs.
  • Un récit au déroulement très réaliste, vaste sur ses sujets abordés, et pragmatique comme le démontre sa conclusion.

Les – :

  • Quelques profils (même secondaires) qui manquent un peu d’éclairages, compte tenu de sa trame dramatique.
  • Malgré un savoir-faire précoce pour un premier film, celui-ci dispose de quelques limites techniques.
  • Un manque d’intensité qui peut s’expliquer par de multiples destins vite présentés.

MA NOTE : 14/20

Les crédits

RÉALISATION & SCÉNARIO : Brandt Andersen

AVEC : Yasmine Al Massri, Yahya Mahayni, Omar Sy, Ziad Bakri, Constantine Markoulakis, et Jason Beghe (…)

DURÉE : 1h37 / DIFFUSION (Festival) : 07 septembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *