THE LAST OF US : épisode 7 « Convergence » (final) – saison 2

Après sept semaines d’aventures au rythme émotionnel en montagne russe et pour un résultat qui divise, la deuxième saison de The Last of Us s’achève. Ce qui est sûr, c’est que son final aux airs prématurés risque d’autant plus de diviser. Sauf que les fans le savent, avec une histoire aussi large découper son aventure en (au moins) deux saisons était le choix de la raison.

Avant ça, le public a eu le temps d’absorber la violente disparition de la tête d’affiche tant aimée, Joel (Pedro Pascal), et éclairer sa relation particulière avec son ancienne protégée, Ellie (Bella Ramsey). Et notamment grâce au formidable précédent épisode. Si l’aventure ne semble pas aussi solide sous ses épaules à elle, la série a tout de même dressé le portrait très juste d’une antihéroïne qui a enclencher un nouveau cycle d’une vengeance malsaine.

Ce final en dévoile les premières conséquences. Comme son titre l’indique, avec le retour d’Abby (Kaitlyn Dever), ce 7e épisode fait converger deux forces pour un dénouement sous pression. Cet ultime chapitre, qui met fin au point de vue d’Ellie à Seattle, est cette fois réalisé par la méconnue Nina Lopez-Corrado. Un énième changement de metteur en scène qui trouve son salut pour sa cohérence d’écriture. C’est le même trio de scénaristes que l’épisode précédent – Neil Druckmann, Craig Mazin et l’auteure Halley W. Gross – qui écrit ainsi son scénario.

Et si l’impact de ce final s’annonce radicalement différent selon le téléspectateur, la série parvient à conclure de manière cohérente cette deuxième saison. Tout en peaufinant quelques parcours de personnages au passage.

ÉPISODE 7 : Convergence

EN DEUX MOTS : Le titre de ce dernier épisode est aussi concis que limpide. Du moins une fois visionné. « Convergence » représente un fait, en l’occurrence la convergence de deux lignes, qui sont facilement reconnaissables ici puisqu’il s’agit de nos deux antihéroïnes. Cela représente aussi l’action d’aboutir au même résultat, de tendre vers un but commun. La convergence des opinions.

Pourtant, ici, c’est surtout le fait que les deux jeunes femmes aient utilisé les mêmes méthodes pour arriver à leur fin qui dresse un parallèle intéressant. Surtout qu’elles en payent le prix aujourd’hui. En partie du moins…

Car oui, The Last of Us n’est pas encore arrivé à sa conclusion, celle-ci étant nettement plus amère. Si si. Pour autant avec ce (premier) final, la série nous laisse un goût de métal dans la bouche. On est loin de l’incroyable violence de son deuxième épisode, mais la série bouscule. C’est l’une des forces de son œuvre, qui ne cherche pas à épargner nous autres individus. Et justement, cet épisode est plutôt brut dans ses différents résultats. Notamment meurtrier.

Pas de scènes avant générique et 50 minutes au compteur, ce septième épisode ressemble étrangement au cinquième qui adaptait le deuxième jour à Seattle en allant droit au but. Un peu trop rapidement. C’est également la directive de ce (faux) final qui se passe même de menace infectée. Néanmoins, ses forces armées convergent. Wolfs, Scars, et la Jackson team. Car l’intrigue se resserre naturellement sur le parcours de nos héros et use de nouvelles variantes aujourd’hui.

Jackson team, en perdition.

Avant le retour d’Ellie au théâtre, l’épisode débute sous le point de vue de Jesse (Young Mazino) qui trouve pour la première fois réellement sa place dans cette saison. Dans ce rapide face-à-face avec une Dina (Isabela Merced) blessée, les interprètes épousent à merveille la subtilité de l’écriture qui privilégie les demi-mots et la gravité des expressions.

La scène suivante sera d’ailleurs déterminante et fera état d’une première cassure entre Dina et Ellie. Cette dernière lui avouant, à cœur ouvert, la facilité avec laquelle elle s’est acharnée sur Nora pour la faire parler. Et ensuite en lui révélant les raisons de la mort de Joel via le massacre glacial des Lucioles, dont le père d’Abby.

Ce faisant, les scénaristes peaufinent cette scène centrale qui débouchait, originellement, sur une confrontation entre Ellie et Joel sur les événements de Salt Lake City. L’amertume de ses révélations accablant cette fois la belle Dina. Une nouvelle preuve d’une narration à la fois fidèle, inédite, mais quoi qu’il en soit, cohérente.

Les quarante minutes suivantes vont mettre en scène les dernières pérégrinations de nos héros durant ce « Day 3 ». Dina laisse ainsi la place à Jesse pour un nouveau duo, bien que celui-ci vire davantage à la confrontation verbale qu’à la dynamique d’action. En passant, la série continue de remplir ses scènes de différents items (le bracelet en cadeau) ou de scènes clé qui prouvent la grande fidélité de l’œuvre pour le jeu.

[convergence divergence d’opinions]

Ce nouveau duo part donc à la recherche de Tommy (Gabriel Luna), ce qui permet d’éclairer, un tant soit peu, le cheminement passé des deux hommes pour retrouver Ellie et Dina. Ces quelques échanges sont surtout là pour prendre la température de la relation d’Ellie avec le jeune homme, ainsi que les doutes de celui-ci sur la condition de Dina.

Une future condition de papa et une raison de plus de quitter cet enfer qui l’oppose d’autant plus à Ellie. Et pour preuve, après avoir offert à Jesse une back story inédite et réussie, leur face-à-face se remplit d’amertume et divise le duo récemment formé.

L’ennemi de mon ennemi est… Mon ennemi. (1)

Le lynchage d’un jeune Séraphite par une patrouille du W.L.F sera d’ailleurs une autre scène assez révélatrice sur le degré de pragmatisme qui oppose Ellie et Jesse. En plus d’agrémenter cette guerre terrible qui oppose les deux factions ennemies. Et au-delà de ça, cette scène va permettre d’amener Ellie sur une palette de variante émotionnelle qui fait la force de cet épisode.

Mais ce « Day 3 » a Seattle, même s’il se place majoritairement sous le point de vue d’Ellie, éclaire, encore et en partie, les camps adverses. Et ne serait-ce que pour adoucir le choc de sa conclusion et apporter une certaine cohérence à son déroulement. Une cohérence indispensable, puisque, contrairement au jeu qui nous permettait d’éclairer rapidement l’histoire sous un autre point de vue, l’aventure se stoppe ici. Pendant une période encore indéterminée.

[leardership perdu]

Parmi ces points de vue additionnels et relativement éphémères « convergence » marque le retour d’Abby à l’écran après son absence durant quatre épisodes consécutifs. Mais également celui d’Isaac (Jeffrey Wright), l’ambigu leader du W.L.F. Ce retour permet ainsi d’appréhender l’atmosphère de guerre qui gronde dans la ville, tandis que nos héros de Jackson se retrouvent pris entre deux feux.

Il permet aussi d’apporter un peu plus de recul au profil d’Abby dans un nouveau parallèle qui rappelle… Ellie. Une leader à en devenir, mais qui a abandonner sa communauté. (Pour qui ? Pour quoi ? Cette saison laisse encore naturellement planer le doute sur cela, même si elle laisse quelques indices ici et là).

Dans tous les cas, ce dialogue d’Isaac face à l’une de ses Cpt amère (Hettienne Park, déjà aperçu dans l’épisode 5) apporte une facette résignée et presque plus douce au leader Wolf. Typiquement le genre de nuances qui font le sel de la saga dystopique.

L’ennemi de mon ennemi est… Mon ennemi. (2)

D’un autre côté, dans une continuité cohérente concernant la fidélité de cette adaptation, la production a encore accompli un boulot monstre. Parmi ces lieux les plus iconiques, l’aquarium en pleine tempête figure parmi les temps forts de cette aventure. Le passage en mer en amont brille d’ailleurs d’une mise en œuvre somptueuse et apocalyptique au lourd potentiel atmosphérique.

La limite de cette adaptation réside toujours dans un montage un peu concis, ce qui réduit un peu la force de cet atmosphère. C’était par exemple le cas dans les épisodes précédents, quand la menace est humaine, et ce final n’en ai pourtant pas dénué. Bien au contraire.

Le voyage mouvementé d’Ellie en pleine tempête nous amène (sommairement et avec surprises pour les joueurs) sur l’île des Séraphites. Un petit détour révélateur, glacial et sous forme de désillusion pour la jeune femme lorsqu’une brigade Scars tentera de la pendre haut et court sous les yeux d’une enfant sans scrupules.

Sans autre forme de procès, celle-ci trouvera ironiquement son salut grace aux W.L.F. Via l’attaque d’Isaac sur l’île. Ce qui lui permettra de reprendre la mer et finalement d’atteindre sa destination.

Plus noir que noir.

La suite est à la fois très fidèle et innovatrice, mais dans tous les cas : percutante. Si le téléspectateur ne noue aucune forme d’empathie (ou presque) à propos des deux jeunes Lucioles qui vont croiser la route d’Ellie, le sort qui leurs est réservés se révèle moins sanglant, mais d’autant plus traumatisant pour ceux qui connaissent ce dénouement.

Dans tous les cas, c’est intéressant d’observer que la jeune femme reste obnubilée par sa recherche d’Abby et qu’elle ne cherche pas à tuer les deux personnages en question. Cela reflète sa remise en question en début d’épisode et fait référence au livre qu’elle a choisi au côté de Jesse dans la bibliothèque : Le Monstre à la Fin de ce Livre. Livre qui dresse un parallèle sur le parcours d’Ellie, qui connaît sa part d’ombre, mais ne veut pas qu’on découvre (ou complètement devenir) Le Monstre à la Fin de l’histoire.

Sauf qu’après avoir interrompu une dispute révélatrice, Ellie est contrainte d’abattre le mesuré Owen (Spencer Lord), qui reçoit une balle dans la gorge qui va également atteindre la prénommée Mel (Ariera Barer) à la jugulaire. Triste ironie du sort encore, la jeune femme est enceinte à un stade très avancé. Sauf que plutôt qu’agoniser de sa blessure mortelle, celle-ci va faire foi d’un pragmatisme à toute épreuve en demandant à Ellie d’extraire le bébé…

Cela nous amène à une scène aussi choquante que poignante qui nous permet de réellement mesurer la nuance des actes violents qui se déroulent sous nos yeux. Une très belle (et difficile) manière d’appréhender l’intransigeance d’un cycle vengeance dans ses conséquences les plus funestes. La scène est alors interrompue par l’arrivée de Jesse et Tommy, témoins du carnage. Résultat : retour au théâtre, avec de nouvelles horreurs en tête.

Con(vergence)clusion

Le regroupement des membres de Jackson dans un même lieu est l’occasion d’apprécier le retour du valeureux sniper dans l’intrigue (aussi éphémère soit-il) et de faire plier Ellie sur les priorités de sa quête vengeresse. L’intrigue offre également ici une dernière scène censée au personnage de Jesse. Et c’est tout l’intérêt de l’intrigue de le faire à ce moment, ne serait-ce que pour asseoir le choc brutal qui s’ensuit.

Ici, la série The Last of Us se montre d’une fidélité quasi photographique. Au plan près. La balle dans la joue de Jesse, la position de Tommy et le face-à-face d’Ellie et Abby. À la différence près que celle-ci porte son blouson des Wolfs… Ce qui ne changera peut-être pas la perspective de la scène, sous son point de vue.

Et justement, son épilogue nous emmène dans cette direction avec le réveil d’Abby dans le stade. L’énorme base du W.L.F… en Day One. Sauf que, clap de fin, cette image impressionnante conclut cette seconde aventure. La frustration sera inévitable et notamment car sa première saison ne s’achevait pas sur un réel cliffhanger. D’autant que les scénaristes n’ont pas cherché à surprendre les joueurs aujourd’hui avec ce final. (si on exclut ses quelques différences mentionnées plus haut).

De là à dire qu’il s’agit d’un final raté, loin de là. Un final en demi-teinte, peut-être. Dans tous les cas, « Convergence » manque probablement d’un peu de contenu pour pleinement contenter, mais demeure percutant de son propos. Et très fidèle dans le fond. Les fans, du jeu, eux, auraient pu en demander plus, d’autant que l’attente risque d’être longue à présent.


Les + :

  • Après le deuil de Joel et ses actes violents, le profil d’Ellie trouve un équilibre plus nuancé dans le récit. Notamment, lorsque celui-ci nous emmène sur quelques épreuves psychologiquement difficiles à son égard.
  • L’amertume de Dina dans une scène à cœur ouvert largement remaniée.
  • Une divergence d’opinions qui permet enfin au personnage de Jesse de trouver sa place dans l’intrigue. Aussi courte soit-elle.
  • Le retour d’Isaac dans un dialogue résigné et très enrichissant sur Abby.
  • Sa scène en pleine tempête, somptueuse qui mène à son petit passage sur l’île des Séraphites. Pour une désillusion aussi ironique qu’effrayante.
  • La terrible scène de l’aquarium qui aboutit sur une dernière volonté tétanisant.
  • L’apparition salvatrice d’Abby, second visage d’une vengeance sans fin et aux conséquences sanglantes.

Les – :

  • Un final aussi percutant qu’étriquer.
  • Un léger manque de contenu et de surprises pour les fans du jeu.
  • L’absence de menaces infectées à l’image de celle de la salle d’arcade et son colosse terrifiant.
  • Un cliffhanger grisant.

MA NOTE :


DIFFUSION (France) : 26 Mai 2025 / DURÉE : 50mn

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