
Avant son final qui mettra, en partie, fin au voyage d’Ellie (Bella Ramsey) à Seattle, cette deuxième saison remonte le temps. Pour cela, elle dévoile un sixième épisode mélancolique qui revient sur la dynamique du duo iconique : Ellie/Joel (Pedro Pascal). De quoi reconnecter les fans avec le personnage disparu et tant aimé, mais aussi lever le voile sur quelques moments charniers qui ont composés l’ellipse de temps de 5 ans qui sépare les deux saisons.
Cet épisode flashback met ainsi bout à bout certains événements significatifs dans la relation de nos héros. Mais aussi d’autres qui ont créé le fossé entre ses deux personnages. En un seul bloc, contrairement au jeu qui disséminait le tout au fil de l’aventure. Toutefois, comme à son habitude, la série s’absout de son aînée et dévoile de nouveaux événements clé. Sous la supervision toutefois du co-créateur du jeu et de la série – Neil Druckmann – qui co-écrit et réalise ce chapitre. Ce qui révèle une belle cohérence dans l’exercice. Une pause avant final essentielle.
Plus important encore, avant son « grand » (on l’espère) final, The Last of Us donne l’impression qu’elle va conclure l’arc d’Ellie un peu différemment dans cette seconde saison. Toujours est-il qu’avant de mesurer le « prix » à payer pour Ellie quant à son « choix » de faire vengeance pour Joel, cet épisode revient lui aussi sur le prix qu’à payer son père de substitution sur son choix de lui mentir sur le sort des Lucioles de Salt Lake City. Et ce, avant sa mort symbolique.

convergence avant convergence.
On l’aura compris depuis quelque temps déjà, la notion de choix à son importance dans The Last of Us. Et pas seulement des actes, mais aussi des mots. Son troisième épisode s’intituler ainsi « The Path » et faisait référence au choix d’Ellie d’entamer un cycle de la vengeance vicieux. Le choix de faire couler le sang, comme l’avait fait Joel lors de la conclusion de la première saison, pour sauver sa protégée.
Sauf que son mensonge face à Ellie au moment de son clap de fin laisser présager une certaine amertume à venir. Chose largement confirmée au début de cette saison avec deux êtres éloignés l’un de l’autre. Et histoire de remuer le couteau dans la plaie, ce drame s’avérer d’autant difficile puisqu’il semblait ne laisser aucune chance de rédemption pour le duo, avec la mort prématurée et tragique de Joel.
ÉPISODE 6 : The Price
EN DEUX MOTS : Pour enfoncer le clou, « The Price » revient sur cette relation perdue et bouche les trous qu’à laisser cette ellipse de temps conséquente. Des moments iconiques du jeu jusqu’à des passages passer sous silence ou même complètement inédits. Dans tous les cas, le choix d’introduire ses différents flashbacks à ce moment précis (en une fois) semble être un choix cohérent. Bien qu’à double tranchant pour la construction de cette saison.
Pour ce qui est de l’ensemble de l’épisode, c’est une franche réussite. D’un anniversaire attendrissant, à une légation artistique inspiré jusqu’au un rappel brutal d’une immunité gâché, le co-showrunner Neil Druckmann s’emploi à détailler les grandes lignes de ce qui a défini la relation de son duo iconique. Avant comme après cette saison. Un doux rappel d’un monde où se mêlent haine et amour.

Avec cela, The Last of Us saison 2 y trouve son chant de cygne pour la figure que représente Joel. 1 heure durant laquelle cette saison va continuer à nous surprendre grâce à sa narration pragmatique. Une écriture que l’on doit aujourd’hui aux deux showrunners, mais aussi, et pour la première fois accompagnés d’une troisième scénariste : Halley W. Gross. (déjà auteure sur Part II).
La scène introductive de « The Price » est une nouvelle démonstration d’une narration remaniée qui parvient à poser sa pierre à l’édifice dans la saga. Une nouvelle courte scène révélatrice, qui nous place dans le domicile des Miller à Austin, Texas. Mais en 1983. Soit 20 ans avant le début de l’épidémie.
Legacy return
On y découvre Joel et Tommy, encore adolescent, tandis que le frère aîné prend la responsabilité d’assumer les erreurs du second pour le protéger du courroux de leur père.

Ce dernier se dévoile sous les traits de l’excellent Tony Dalton. Dont le portrait paternel et aussi concis qu’utile à la compréhension d’une certaine légation dans le comportement violent de ses fils. En réalité, ce policier, dont le prénom est seulement suggéré via son badge « J. Miller », trouve toute sa nuance dans son témoignage et sa justification des coups qu’il a déjà pu porter à ses deux fils par le passé. Justifiant que durant sa propre jeunesse, son père lui avait briser la mâchoire pour avoir volé une confiserie.
Avec justesse, ce père avoue faire au mieux pour ses garçons, remettant en doute ses actions, tandis que cette violence semble inévitablement héréditaire. Comme le témoigne le comportement de Joel par la suite. Un effet miroir de Joel sur Ellie, et déjà évoqué par Tommy (Gabriel Luna) durant cette saison.


L’intrigue nous place alors 2 mois après l’arrivée d’Ellie et Joel à Jackson, après la première saison. C’est l’occasion d’apprécier les talents manuels comme de contrebandier du Texan pour le 15ème anniversaire d’Ellie. Cette douce attention est alors interrompue par la brûlure que s’est infligée la jeune fille afin de masquer sa morsure à l’avant-bras. Un des nombreux détails qui figurait dans le jeu (via son journal intime, évolutif) et qui permet d’apercevoir l’empathie dont fait preuve Joel pour sa protégée.

Pour ce qui est de l’apprentissage de la guitare envers elle, ce moment ouvrait presque le deuxième jeu et se révèle donc remanié ici. À contrario du morceau a cappella chanté et joué par Pedro Pascal, d’un titre qui fait référence au premier épisode de cette saison. « Future Days« .

Happy birthday 2 nous.
La suite de l’épisode nous montre sa première division en plusieurs parties. Chaque partie étant séparée par des ellipses d’un ou deux ans et couvrant (presque) tous les anniversaires d’Ellie. (si on fait abstraction de la dernière qui se place entre le premier et le deuxième épisode).
Ainsi, lors du long voyage dans l’enfer moite de Seattle, les joueurs de TLOU Part II voyaient leurs parties entrecoupées de plusieurs flashbacks révélateurs et progressifs. Le premier (plus long et poétique) d’entre eux survenait après « Day One ». (Pour nous : le 4e épisode).


Cette journée d’anniversaire enchantée pour l’héroïne était ainsi teasé dans les derniers instants du 5e épisode. Et c’est certainement le moment le plus doux et lumineux dans la relation d’Ellie et Joel. Une balade qui aboutit sur quelques belles surprises pour la jeune fille (le T-REX, la capsule d’Apollo 15, l’enregistrement) dont le portrait est encore traversé d’innocence. Dans tous les cas, c’est l’occasion d’apprécier toute la complicité du duo dans un moment père-fille très fidèle et poétique.


Ici encore, la série se plaît à capturer la lumière naturelle comme le démontrent ses incartades lumineuses qui s’immiscent dans un environnement à l’abandon. Évidemment, c’est dans ce genre de scène qu’on apprécie d’autant plus la bande originale minimaliste de Gustavo Santaolalla. Quoi qu’il en soit, malgré sa douceur, on ne peut s’empêcher de penser au slogan des Lucioles « Quand vous êtes perdu dans l’obscurité, cherchez la lumière« . Et justement, cette partie s’achève sur un petit rappel de la présence (in)visible des Lucioles.
Le papillon de nuit
Dans sa continuité, « The Price » laisse place à un début d’amertume, d’incompréhension, de doute persistant via un passage plus naturel à l’âge adulte. Une émancipation naturelle qui passe par la fumette, les tatouages et les batifolages, tandis que l’homosexualité d’Ellie est abordée de façon pragmatique via la réaction contrastée de Joel. Qui passe du déni à plus de bienveillance.

Après sa présence inédite et parfaitement utile pour caractériser le profil d’Ellie, l’atypique Gail (Catherine O’Hara) revient à l’écran pour une nouvelle courte apparition. Celle-ci survient avant la mort de son mari (dans un premier temps) et permet de mettre un mot sur ce que représente le papillon de nuit. Encore une fois, de façon réaliste et pour ce qui y chercherait des signes puisqu’il représente la mort dans l’analyse des rêves. Aussi large soit-elle, et notamment dans la série.


Ce segment est aussi l’occasion d’apercevoir le premier vrai fossé qui s’installe entre Joel et Ellie. Symboliquement, celui-ci est représenté par l’éloignement physique d’Ellie pour plus d’indépendance. Celle-ci quitte ainsi le concon familial pour s’isoler dans son antre -le garage réaménagé en chambre – qui représente à la fois sa solitude, son univers et son questionnement personnel.

Le prix des fausses promesses.
Et 2 ans après cet éloignement progressif (comme va le souligner plus tard Joel, nostalgique de leur pèlerinage passé) c’est une Ellie peu à peu rongée par le doute qu’on retrouve. Dans son désir de réponses, la jeune femme passe en revue ses différentes questions, stressée à l’idée de confronter son ancien protecteur. Chose qu’elle ne fera pas en finalité, puisque cette dernière journée d’anniversaire s’achèvera dans la douleur. Une douleur des promesses perdues.


Une première patrouille sur un sentier tranquille va ainsi se transformer en dilemme moral salvateur. De ce fait, il s’agissait probablement d’une des plus grosses nouveautés et/ou différence d’apparence anecdotique avec le jeu : le destin d’Eugene. Qui apparaît aujourd’hui sous les traits d’un autre acteur atypique : Joe Pantoliano. Comme on l’apprenait avec amertume de la bouche de sa femme dans l’épisode introductif de cette saison, l’ancien membre des Lucioles avait été abattu, moins d’un an auparavant, par Joel. À la suite d’une morsure.


« The Price » décide de faire de ce moment difficile un élément révélateur sur la personnalité de Joel. Dont les mensonges, par égoïsme, par bienveillance ou par amour vont l’amener à une première vraie cassure avec Ellie. À l’instar de la formidable scène du porche qui va quasiment conclure cet épisode, c’est la force des interprétations et des demi-mots qui font de The Last of Us une adaptation très réussie. Tout ce déroulé le prouve. Comme ici lorsque Ellie révèle devant témoins la vérité sur la mort d’Eugene. Ça fait mouche, mais pas autant que son dernier segment.

Le prix du pardon.
Cet ultime flashback se positionne 9 mois après la dernière scène et se replace lors du bal du réveillon, à Jackson. Mais cette fois, sous le point de vue de Joel. Ce « tonton grincheux » qui a peu à peu payer le prix de son/ses mensonge(s) à Ellie. En étant contraint d’être loin de celle qu’il considère comme sa fille, qui lui interdit de la défendre. Cette mise en place à pour but de nous mener a LA scène salvatrice de son épisode. Et plus largement encore, de son duo.

Cette même scène, qui semblait subtilement avoir été évitée lors de son premier épisode, se révèle avec tact aujourd’hui. Pour un déroulement encore très fidèle. À une différence près, puisque cette adaptation combine la confession de Joel sur Salt Lake City avec cette scène de pardon qui concluait le jeu. Le résultat dispose ainsi de nombreuses lignes de dialogues supplémentaire, mais sa finalité demeure inchangé. Heureusement.
Ellie demeure bouleversée que son immunité n’est pas donner un réel sens à sa vie. Joel, lui, avoue que par amour, et s’il en avait l’occasion, il ne changerait pas son choix d’éliminer les Lucioles pour la sauver. C’est ici que la jeune femme ne pense pas arriver à lui pardonner, mais aimerait pourtant essayer…


C’est puissant, douloureux, affreusement ironique avec la mort de Joel le lendemain. Et à bien des égards, cela justifierait presque la sauvagerie perpétuée par Ellie à Seattle. (Comme le dévoile son résultat d’expression aperçu dans la scène pluvieuse qui conclut cet avant-dernier épisode).
Conclusion
Il s’agit également d’une nouvelle démonstration d’intensité impressionnante de la part de Pedro Pascal. Qui démontre une force sincère dans son jeu. Et si l’émotion semblait un peu en retrait jusqu’alors, cette dernière scène entre les deux personnages happe tout sur son passage.
Après trois épisodes complets sans son héros disparu, cet avant-dernier épisode est un retour crève-cœur. Toutefois, il s’avère nécessaire. Et notamment pour réellement faire le deuil de son héros nuancé qui nous a était arracher brutalement. De quoi laisser pleinement la place à une antihéroïne qui marche dans ses pas, et surtout avant un nouveau point de vue qui va donner une direction totalement nouvelle pour la série. Sauf que pour cela, il faudra être patient et attendre sa troisième saison.
Et à la question que se posent de nombreuses personnes : est-ce que la saga peut survivre sans Joel ? La réponse est oui. Et peut-être que son final pourra laisser apercevoir cette certitude. En attendant, on pourra toujours revisionner cet épisode pour s’apercevoir de la grande cohérence de cette adaptation.
Les + :
- Un épisode habilement construit et segmenté.
- L’ultime (?) prestation toute en sincérité de Pedro Pascal dans la peau de ce père nuancé.
- Quelques scènes iconiques du jeu parfaitement retranscrite à l’écran.
- D’autres scènes inédites et/ou remaniées qui font mouche et assoient les questions morales abordées dans le show. (À l’instar de sa nouvelle introduction inédite sur la légation des comportements violents).
- La force des non-dits et la véracité qui se dégage des personnages.
- Un ultime face-à-face gargantuesque entre Joel et Ellie. (entre amour et amertume).
Les – :
- Une émotion contrite, avant sa dernière grande scène.
MA NOTE :

RÉALISATION : Neil Druckmann / SCÉNARIO : Neil Druckmann & Halley W. Gross & Craig Mazin
SORTIE (France) : 19 Mai 2025 / DURÉE : 1h