THE LAST FRONTIER

Chargé à bloc. Mais pas en neurones.

Cet automne, Apple TV étoffe son catalogue avec un divertissement digne de Netflix ou d’Amazon : un postulat d’action efficace, plus percutant dans la forme que dans le fond. Pour ce faire, la plateforme s’acoquine avec Jon Bokenkamp (le créateur de The Blacklist), accompagné ici de Richard D’Ovidio.

Ensemble, ils dévoilent The Last Frontier, un thriller d’action sous haute tension, qui rappelle les productions musclées des années 90 : gonflé à la testostérone, pauvre en matière grise, souvent invraisemblable, parfois spectaculaire et, à terme, d’une efficacité toute relative.

Le Marshal américain, Frank Remnick, travaille dans l’Alaska. Bientôt, sa juridiction est bouleversée lorsqu’un avion de transport de prisonniers s’écrase dans la nature, libérant des dizaines de détenus violents. Chargé de protéger la ville, il commence à soupçonner que le crash n’est peut-être pas un accident…

Sauf que…

Dès son pilote, The Last Frontier embrasse ce credo, flirtant constamment avec ses propres limites. La surenchère s’y mêle à un sens du spectacle d’abord revigorant, quitte à laisser la cohérence sur le bas-côté. Rien de dramatique dans un premier temps : avec son terrain de jeu aussi sauvage que ses détenus en liberté, la série limitée dispose d’un bac à sable (ou plutôt à neige) riche de possibilités.

Et encore une fois, son épisode — il y a-t-il un (pilote) dans l’avion ? — d’une heure multiplie les promesses de divertissement. D’autant que son récit lève le voile sur un mélange d’enquête, de conspiration, de poursuite et de survie en milieu hostile. La question demeure : Bokenkamp, habitué aux formats étirés, parvient-il à maintenir tension et rythme dans ce cadre plus resserré ?
Hélas, pas du tout.

Un crash de cohérence

The Last Frontier tente de divertir généreusement, mais s’empêtre dans ses propres longueurs. La première moitié de saison souffre d’un vrai problème de structure : une formule hebdomadaire répétitive où chaque épisode a comme toile de fond la capture d’un ou plusieurs détenus. Leur dangerosité comme leurs caractères finissent vite par s’émousser à l’écran.

À l’instar de son suspense et de ses scènes d’action, la série s’enlise après un démarrage solide. Les rebondissements abracadabrants et les clichés s’accumulent, jusqu’à frôler le ridicule. Le crash spectaculaire du premier épisode et l’embuscade initiale laissent rapidement place à quelque chose de beaucoup plus convenu et prévisible.


Casting et production en pilotage automatique

Côté interprétation, rien ne vient sauver l’entreprise. Jason Clarke campe un marshal bourru en pilotage automatique ; Haley Bennett, en agente déchirée, peine à exister ; Dominic Cooper joue les génies criminels avec une fausse malice, tandis qu’Alfre Woodard, pourtant talentueuse, reste tristement effacée. Quant aux guests — Johnny Knoxville, Clifton Collins Jr. et consorts — ils n’apportent qu’un peu de folklore à un ensemble déjà trop mécanique.

Avec The Last Frontier, Apple TV choisit la séduction à court terme plutôt que la qualité et l’originalité qui faisaient jusqu’ici sa marque de fabrique.


Conclusion

Malgré un concept engageant, la série se heurte d’emblée à ses propres limites, rendant ses dix épisodes inutilement étirés. Gorgée de poncifs du genre, découpée mécaniquement (une traque après l’autre), tirée par les cheveux (certaines décisions frôlent l’absurde) et truffée de faux twists improbables, The Last Frontier souffre d’un fond creux et d’une écriture paresseuse.

Résultat : une série qui voulait repousser les limites du thriller d’action… mais qui n’aura fait que franchir la dernière frontière de l’ennui.

EN DEUX MOTS : The Last Frontier s’annonce comme un divertissement sous haute tension, mais s’écrase rapidement sous le poids de ses ambitions. Malgré un concept prometteur et un décor alaskien propice au suspense, la série manque cruellement de cohérence et de profondeur. Son écriture mécanique, son rythme irrégulier et son absence d’émotion sabotent un ensemble qui aurait pu être une série d’action solide. En cherchant à copier les codes du thriller musclé des années 90, Apple TV+ signe une production spectaculaire en surface, mais désespérément creuse en substance.

MA NOTE : 1.5/5


⚙️ Points forts

  • Concept de départ accrocheur (le crash, les prisonniers en fuite, l’isolement)
  • Cadre visuel immersif : l’Alaska sauvage
  • Rythme initial énergique, avec une mise en scène solide et quelques scènes d’action efficaces
  • Une vraie promesse de divertissement immédiat, du moins au début

🧱 Points faibles

  • Scénario répétitif et mécanique : une traque par épisode, sans réelle évolution
  • Écriture inégale et dialogues creux, souvent prévisibles
  • Cohérence narrative fragile, avec des rebondissements improbables
  • Personnages peu développés, caricaturaux ou en pilotage automatique
  • Suspense en perte de vitesse après un démarrage solide
  • Durée excessive pour un contenu aussi mince (10 épisodes trop étirés)
  • Manque d’originalité et d’identité propre, malgré le pedigree de ses créateurs
  • Casting sous-exploité : aucune performance marquante

Les crédits

CRÉATEURS : Jon Bokenkamp & Richard D’Ovidio

AVEC : Jason Clarke, Dominic Cooper, Haley Bennett, Simone Kessell, Dallas Goldtooth, Tait Blum, et Alfre Woodard,

mais aussi : Clifton Collins Jr., Johnny Knoxville, Rusty Schwimmer, Gus Birney, Prince Amponsah, et John Slattery (…)

ÉPISODES : 10 / Durée moyenne : 55mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Apple tv

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