À peine un an après une seconde saison raccourcie mais réussie, qui faisait office de passerelle vers celle-ci, The Diplomat revient pour une nouvelle salve de huit épisodes — comme la première. Véritable successeur d’House of Cards sur Netflix, (même si elle s’inspire plus de The West Wing) la série brille autant par sa fausse simplicité (il suffit de voir sa promotion étonnamment discrète) que par son efficacité. D’autant que la saison précédente laissait les téléspectateurs sur un suspense particulièrement prometteur.
Prise dans une spirale de diplomatie de crise, Kate Wyler doit désormais composer avec une nouvelle administration fragile et faire face à une menace aux répercussions potentiellement mondiales.
Fidèle à sa réputation énergique, cette troisième saison nous replonge en plein chaos, voyant notre formidable héroïne — toujours incarnée avec brio par Keri Russell — devoir coopérer avec l’ambiguë Grace Penn (Allison Janney), récemment propulsée à la présidence des États-Unis. De quoi ouvrir toujours un peu plus les enjeux politiques et personnels de la série, tout en élargissant son cadre géographique entre Londres et Washington.
Les luttes de pouvoir internes, désormais situées au cœur même du gouvernement américain mais sur des territoires distincts, apportent une ampleur nouvelle à cette saison qui continue d’explorer les thèmes chers à la série : alliances, trahisons et jeux de pouvoir.
Pour autant, cette troisième saison ne suit pas un plan narratif linéaire : elle se fragmente en plusieurs arcs, donnant parfois une impression de cassure dans sa structure. Un succès assuré après deux saisons efficaces ? Pas tout à fait — quelques imperfections viennent tempérer l’enthousiasme.
La diplomatie à l’épreuve du pouvoir humain.
Avec ses huit épisodes — un format toujours aussi agréable dans le paysage des séries actuelles —, The Diplomat semble se diviser en quatre salves de deux épisodes. Les deux premiers installent habilement la nouvelle dynamique, sans toutefois briller par leurs rebondissements plus convenus. La continuité est assurée, mais la saison peine parfois à surprendre une fois sa mécanique lancée.
Malgré un suspense et un rythme globalement solides, cette troisième saison suit un schéma narratif assez peu audacieux. C’est là toute la limite du genre politique : les enjeux, sur la durée, deviennent parfois redondants. On regrettera surtout le manque de « regards secondaires » : si les six personnages récurrents restent solides, aucun nouveau protagoniste ne s’impose durablement.
La présence d’Allison Janney est excellente, tout comme celle du distingué Bradley Whitford, impeccable dans le rôle de son mari d’abord nonchalant, mais leurs interventions demeurent trop sporadiques. Paradoxalement, cette nouvelle dynamique met un peu de côté la politique britannique, et donc les personnages incarnés par David Gyasi et Rory Kinnear. Du côté américain, Ato Essandoh et Ali Ahn s’en sortent mieux, mais sans que l’ensemble retrouve la richesse des saisons précédentes.
Le couple central, Kate et Hal Wyler (Rufus Sewell, irréprochable), continue néanmoins de fasciner. Leurs désillusions, dilemmes et luttes d’influence confèrent à cette saison une profondeur émotionnelle réelle, même quand la distribution secondaire paraît globalement sous-exploitée.
Une diplomatie toujours fine, mais moins trouble
The Diplomat conserve ce qui fait sa force : un regard aiguisé sur les arcanes du pouvoir, ses dérives, ses cachoteries et ses compromis. En revanche, la fameuse « zone grise » — cette ambiguïté morale qui rendait la série si captivante — s’estompe légèrement au fil de cette saison.
Résultat : si l’ensemble reste intelligent et finement écrit, on ressent parfois un léger sentiment de déjà-vu. La série semble hésiter entre prolonger sa formule ou oser un véritable renouveau.
Conclusion
Dans un paysage de streaming souvent saturé, The Diplomat – Saison 3 reste une production solide, élégante et crédible, tant dans ses décors que dans son style visuel épuré. Sans être totalement à la hauteur des attentes suscitées par la saison 2, elle confirme néanmoins sa place de valeur sûre du catalogue Netflix. Toujours porté par des dialogues incisifs et des interprétations soignées, le mélange entre thriller politique et drame conjugal demeure efficace au possible.
Bonne nouvelle : une saison 4 est déjà en production. J’espère cependant que la série saura éviter les rebondissements trop alambiqués et étoffera sa distribution avec de nouveaux points de vue pour maintenir son souffle politique et émotionnel.
EN DEUX MOTS : Sans révolutionner sa formule, The Diplomat livre une troisième saison solide, intelligente et toujours portée par l’énergie de Keri Russell. Si elle perd un peu de son mordant politique et de sa complexité morale au profit d’un récit plus convenu, elle conserve une efficacité certaine et un sens du rythme indéniable. Entre pouvoir, couple et compromis, la série confirme sa maîtrise du thriller diplomatique, tout en laissant entrevoir le besoin de se renouveler pour continuer à briller dans la durée.
MA NOTE : 14.5/20
Les points forts :
- Keri Russell toujours impeccable, au centre d’une écriture fine et nuancée.
- Le tandem avec Allison Janney, excellent ajout à la dynamique politique entre Londres et Washington.
- Des dialogues incisifs et un rythme globalement maîtrisé.
- Une production élégante, sobre et crédible dans sa reconstitution du pouvoir.
- Un équilibre toujours réussi entre tension politique et drame intime.
Les points faibles :
- Un schéma narratif plus prévisible, avec moins de rebondissements marquants.
- Des personnages secondaires sous-exploités et peu de nouveaux visages.
- Une réduction du regard britannique qui limitait la richesse des intrigues.
- Une légère perte de la “zone grise” morale qui faisait la singularité de la série.
Les crédits
CRÉATRICE : Debora Cahn
AVEC : Keri Russell, Rufus Sewell, David Gyasi, Ali Ahn, Rory Kinnear, et Ato Essandoh,
mais aussi : Nanna Mensah, Miguel Sandoval, Aidan Turner, avec Bradley Whitford, et Allison Janney (…)
ÉPISODES : 8 / Durée moyenne : 45mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Netflix