The Chronology of Water (Festival de Deauville – 2025)

EN DEUX MOTS : À l’instar de sa collègue actrice mondialement connue Scarlett Johansson, l’Américaine Kristen Stewart présentée cette année son premier film en tant que réalisatrice. D’abord au prestigieux festival de Cannes et maintenant à Deauville. Si le parallèle est de mise, les deux productions diffèrent drastiquement dans leurs démonstrations. Pour preuve, loin de la comédie dramatique, ce premier film se pose comme un biopic (sur le papier) aussi sensoriel que fracturé dans son montage. Une expérience qui risque autant de diviser que de passionner artistiquement.

Le 13e film de la Compétition demeure une œuvre idéale pour clôturer cette sélection, puisqu’elle ne laissera personne indifférent. Sous couvert d’une image d’enfant terrible, mais ambitieux (artistiquement), The Chronology of Water semble être une évidence pour la toute jeune réalisatrice aujourd’hui. En adaptant les mémoires de Lidia Yuknavitch, la metteuse en scène (qui signe le script) tente d’adapter un matériau jugé inadaptable puisqu’il se base sur des ressentis plus que sur une structure classique et sage.

À l'occasion de la 51e édition du Festival du cinéma Américain de Deauville, retour sur quelques séances et films inédits projetés durant l'événement. 
En l'occurrence ici le : 13e (et dernier) film de la compétition projeté le vendredi 12 septembre.(En présence de la réalisatrice Kristen Stewart).

À bien des égards et sans pour autant citer des influences précises lors de son passage à la projection (la cinéaste étant une vraie pipelette passionnée) son premier film à des similitudes avec le cinéma de Terrence Malick. Surtout visuellement. Occultant le côté poétique du réalisateur de The Tree of Life, pour une mise en scène très corporelle, le film de 2h (le 2e plus long de la Compétition) est donc un pari risqué qui suit de très près l’actrice Imogen Poots, toute trouvée pour le rôle.

Le résultat est aussi imparfait que passionnel et à le mérite de retranscrire avec véhémence les écrits de son auteure. En plus de révéler une réalisatrice prometteuse.

Ayant gran­di dans un envi­ron­ne­ment rava­gé par la vio­lence et l’alcool, Lidia, une jeune femme, peine à trou­ver sa voie. Elle par­vient à fuir sa famille et entre à l’université, où elle trouve refuge dans la lit­té­ra­ture. Peu à peu, les mots lui offrent une liber­té inattendue… 

Les ondes sont comme les traumatismes, ils fluctuent, bougent, vont et viennent.

Kristen Stewart nous embarque donc dans un voyage sensoriel, organique et souvent crue puisqu’il dresse le portrait autodestructeur de Lidia, addict victime d’abus durant l’enfance. Sa première partie (la plus longue (largement) sur 5 au total) sera d’ailleurs plutôt révélatrice à ce sujet, même si le film demeure légèrement en retrait dans sa démonstration des sévices à l’écran. (mais suffisamment explicite pour convaincre, croyez moi).

Sous un montage déstructuré, suivant une ligne linéaire en temps, mais n’hésitant pas à dévoiler des coupes franches, The Chronology of Water est donc une plongée intense de la vie de son héroïne. Si le film ne révolutionne pas viscéralement les traumas qu’il met en scène, il le fait avec sincérité, et encore une fois organiquement. L’exercice peut s’avérer étouffant, surtout sur sa longueur, et aurait mérité des cassures dans son rythme, mais sa crédibilité et la prestation de sa tête d’affiche domine l’expérience.

Imogen Poots bouffe sans surprises l’écran, et se donne à corps perdu dans son rôle. Une souffrance au plus près du réel dont la vie est traversée de rencontres et d’expériences, et dans cela le film les laisse rentrer aussi rapidement qu’ils s’évanouissent à l’écran. C’est parfois grisant, démontre toute la faiblesse de sa structure puisqu’elle peine à faire battre d’autres cœurs que celui de Lidia. (On pourra tout de même ce souvenir de la prestation du discret Michael Epp, très crédible en père abusif.)

Dans sa finalité, The Chronology of Water demeure une odyssée féministe hybride, queer et sensoriel qui souffre avant tout d’un montage difficile et (trop) déstructuré. (même quand il s’agit d’un de ses atouts majeurs). En revanche, via sa démonstration sincère et non intéressée, le film pourrait facilement bouleverser une partie de son public. Mais pas aussi aisément qu’il divisera son autre partie.


MA NOTE : 14.5/20

Les crédits

De Kristen Stewart
Année : 2025
Durée : 127 min
Avec : Imogen Poots, Thora Birch, Jim Belushi, Charles Carrick, Tom Sturridge, Susanna Flood, Esme Creed Miles, Kim Gordon, Michael Epp
Nationalité : USA, France, Lettonie

Scé­na­rio : Kris­ten Ste­wart d’après les mémoires “La Méca­nique des fluides” de Lidia Yuknavitch
Direc­teur de la pho­to­gra­phie : Corey C. Waters
Musique : Paris Hur­ley super­vi­sée par Alexan­dra Eckhardt
Mon­tage : Oli­via Neergaard-Holm

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