STATION ELEVEN

Survival décousu

EN DEUX MOTS : Scénariste émérite sur des œuvres TV peu anodines et peu communes, telles que Maniac et The LeftoversPatrick Somerville dévoile aujourd’hui une mini-série sous la récente houlette ‘’max original’’. 

À travers plusieurs dimensions temporelles, un groupe de survivants d’une grippe qui a décimé l’humanité tente de rebâtir un nouveau monde, tout en se raccrochant à ce qu’ils ont perdu de plus cher. 

Adaptation d’un roman d’Emily St. John Mandel, paru seulement en 2014, STATION ELEVEN semble avoir un écho tout particulièrement récent avec la pandémie actuelle. Toutefois, là où la série se démarque est fait oublier une situation du quotidien agaçante, c’est bel et bien dans sa dimension dramatique et émotionnelle – chère à son showrunner –  qui se détache de son contexte post-apocalyptique abordé de façon récurrente autour de la survie. 

Certes, ici le mot ‘’survie’’ est abordé avec plus de nuances et de mystères, mais STATION ELEVEN sait exploiter son scénario avec plus d’intimité grâce à un découpage de timeline bien spécifique. Ainsi, son pilote ‘’Wheel of Fire’’, s’attarde quasi exclusivement sur le jour-j de l’épidémie, à Chicago, à quelques jours de Noël, alors que Jeevan (Himesh Patel) fait la rencontre de la jeune Kirsten (Matilda Lawler), et va alors la sauvée en l’amenant chez son frère Frank (Nabhaan Rizwan) tandis que le monde est au bord de l’extinction.                 

La dernière scène nous présente une Kirsten adulte (Mackenzie Davis), dont la vie et la psychologie seront largement développées dès le second épisode ‘’A Hawk from a Handsaw’’, se déroulant, lui, 20 ans plus tard. Un second épisode qui apporte une bonne touche de mystères – que chéri également son showrunner – et multiplie les minis flashbacks laissant planer le doute sur le sort réservé à son protecteur, l’attachant Jeevan.    

Cette 2ème intrigue, qui s’avère être l’intrigue centrale, manque pourtant d’accroche et révèle une part d’étrangeté qui casse un rythme déjà relativement précaire, bien qu’il ait sa touche de subtilité. La suite adopte un schéma prédéfini qui suit un (ou plusieurs) personnages par épisode, variant ainsi les temporalités. 

Si le rythme n’est pas souvent au rendez-vous, (dans des épisodes aux durées très variables : 44-58mn) l’écriture, elle, définit parfaitement ses personnages, qu’ils soient éphémères ou plus récurrents dans le récit. Plus techniquement, les décors itinérants dans ou autour de Chicago, d’hiver comme en été, sont convaincants par leurs naturels.

STATION ELEVEN mélange ainsi beaucoup de bonnes choses, dont un récit poétique, indépendant, qui a l’avantage de posséder, comme toute mini-série qui se respecte, un début, un milieu et une fin. Si l’étrangeté qui transporte les survivant(e)s post-pandémies paraît cohérente, l’attrait de la ‘’Symphonie itinérante’’, ce groupe nomade d’artistes, ne crées pas l’empathie suffisante et ainsi tout le point émotionnel de l’intrigue – 2040 – repose sur la formidable Mackenzie Davis et Daniel Zovatto dans la peau du ‘’Prophète’’. 

Trahi parfois par sa vision minimaliste, on appréciera les nombreux personnages aux destins liés et reliés et des retrouvailles brèves, mais émouvantes sur la fin.  


MA NOTE : 14.5/20

CRÉATEUR : Patrick Somerville

AVEC : Mackenzie Davis, Himesh Patel, Daniel Zovatto, Lori Petty, 

David Wilmot, Nabhaan Rizwan, Matilda Lawler, Phillippine Velge, 

Danielle Deadwyler, Caitlin FitzGerald, et Gael Garcia Bernal (…) 

ÉPISODES : 10  / Durée : 50mn   ANNÉE DE DIFFUSION : 2021-22

GENRE : Drame, Science-fiction   CHAINE : HBOmax

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