SILO – saison 2

EN DEUX MOTS : Formidable nouveauté du printemps 2023, la dystopie SILO se dévoilait dans une première saison très solide. En adaptant qu’une moitié de son premier roman « Wool », et s’achevant sur un cliffhanger détonnant, sa suite laisse la porte ouverte à une continuité d’autant plus prometteuse. Rondement mené par la prodigieuse Rebecca Ferguson (j’avoue ne pas cacher mon admiration pour l’actrice), son personnage nous était laissé dans un état de survie extrême exaltante.

Juliette Nichols continue sa quête de vérité après avoir été expulsée du silo. Ayant survécu à l’extérieur, elle découvre l’existence d’autres silos et se retrouve face à un dilemme crucial : doit-elle unifier ces silos pour une rébellion contre les dirigeants tyranniques, ou se concentrer sur sa propre survie ?

Ni une, ni deux, cette reprise nous plonge dans un silo parallèle en pleine révolution. Pour un résultat éloquent. Une bien belle manière de mesurer les conséquences de la révolution qui gronde dans celui qu’on a découvert durant une saison. (ce que son affiche promotionnelle en entête suggère amplement).

La dystopie. (partie 2)

Ainsi, entre quelques flashback aux décors familiers, cette saison 2 s’ouvre et s’attarde d’abord exclusivement sur la survie de Juliette au milieu hostile. Un retour certes imparfait, à l’instar de la composition de cette saison, mais largement relevé par le magnétisme de l’actrice suédoise et cette envie de découverte d’un univers passionnant.

Cela va d’ailleurs résumer brièvement cette seconde saison haletante, même si plus inégale. Pour preuve, dans sa proposition de Science-fiction post-apocalyptique, cette deuxième saison est stimulante, mais bien avare en réponse. Du moins, avant son final. De plus, en compartimentant son intrigue en deux endroits, son montage pâtit de quelques inégalités. Son format, qui demeure identique (10 épisodes allant de 40 minutes à une heure, grand maximum), se révèle par la même occasion un brin étiré.

Malgré cela, ce petit mastodonte signé Apple TV+ demeure encore une large valeur sûre en cours de diffusion. Pour ma part, son visionnage hebdomadaire (et sans connaître la nature des romans) a su maintenir un suspense exaltant semaine après semaine. Ainsi, passé deux courts premiers épisodes qui nous plongent dans des dynamiques inédites, et la série a beau ménagé son suspense, elle révèle de beaux atouts lors de sa production. Et notamment de sa nature primaire : son univers et les personnages qui le composent.

Survivant du 17 et survivants du 18.

Son actrice en tête d’affiche en premier lieu, qui, aujourd’hui va quasiment exclusivement donner la réplique à un personnage inédit et central interprété par l’atypique gueule de Steve Zahn. L’acteur et humoriste américain compose de manière idéal ce caractère de survivant solitaire en proie aux doutes, la paranoïa, et dont le cheminement va nous amener sur une conclusion parfaitement efficace. Et notamment via une partition plus rare dans SILO : l’émotion via l’empathie.

Pour ce qui est de la fougueuse Juliette, cette saison s’applique notamment à mettre en avant une combativité relative au désarroi qu’elle subit. Dans un environnement encore plus austère et inhospitalier qu’auparavant. Une tentative de retour en arrière au goût amère, même s’il traîne en longueur lui aussi. Dans tous les cas, l’indomptable actrice bouffe l’écran. Une fois n’est pas coutume puisque c’était déjà le cas au préalable.

Parallèlement, et même sans sa tête d’affiche, l’intrigue dans notre silo familier maintient le cap d’un intérêt non-négligeable. Si son insurrection ne demeure pas son plus gros atout, sa large distribution comble très efficacement ses quelques lacunes de remplissage. Qu’il s’agisse des ambigus Bernard et Sims (respectivement Tim Robbins et Common, tout deux géniaux) à ses profils plus attachants, dit « d’en bas », chacun y trouve sa place. Principaux comme secondaires. Sur la durée comme de façon plus éphémère.

Mention personnelle au sympathique Knox (Shane McRae), moins tête brûlée et plus pragmatique que son personnage pouvait le laisser craindre. Ou encore Camille Sims (Alexandria Riley) presque aussi nuancée que son mari.

Silo 2… intrigues. Mille mystères.

De ce fait, il est assez dommageable que son montage alterne parfois brutalement entre ses deux intrigues. Qui naviguent pourtant sur des tempos différents. Quoiqu’il en soit, on peut apprécier que cette saison accorde plus de place à ses nombreux protagonistes, notamment quand ces derniers apportent du relief aux différents aspects qui compose l’univers du show.

C’est pourquoi, une fois la compréhension du fonctionnement global d’un silo élucidé au cours de sa saison introductive, on pouvait s’attendre à plus de réponses concernant les nombreux mystères qui englobe son récit. Chose qu’on finit par lui pardonner tant la série recèle d’atouts en tous genres.

Et outre son casting et son écriture suffisamment subtils pour nous entraîner dans son aventure dystopique, SILO 2 jouit toujours d’une plastique irréprochable. Certes condensé et en manque de vrais nouveaux décors, mais dont la crédibilité et l’exécution crève l’écran. (ses parties dans le silo immergé sont somptueuses a titre d’exemple).

De plus, sa dynamique de thriller s’avère toujours aussi jouissive. Hormis sa partie survie plus inédite, ses diverses manipulations et mystères tiennent en haleine. Quoi qu’on en dise, et même si l’intrigue se montre moins meurtrière qu’à ses débuts. Si son déroulement sur 10 épisodes n’apporte que trop peu de bouleversement a l’ordre établi, sa mythologie se dévoile peu à peu par le biais du « pacte ». Ce qui permet au personnage de Lukas (Avi Nash) de revenir au cœur de l’intrigue et d’analyser l’influence d’une forme de savoir et de religion sur tout individu. Malmené comme ambitieux.

Enfin, sa fin de saison rattrape largement ses errances grâce à un final dévastateur. Un final qui finit par répondre à quelques questions même s’il en soulève de nouvelles, mais qui demeure d’une rare efficacité.

Conclusion

Avec encore 2 romans à adapter et le renouvellement de deux saisons bel et bien confirmer, l’ambition du show demeure. À voir donc ou la suite de l’aventure nous mènera puisqu’elle celle-ci devrait largement éclairer le passé de son univers. Ainsi, si cette suite semble marquer un retour en demi-teinte pour le show de Science-fiction, forcé de constater qu’il n’en est rien.

Certes, cette saison 2 dispose de légères lacunes, mais dont l’apparat déception ne fait que prouver tout l’engouement que représente le reste de son contenu. Une contradiction qui démontre la force des récits sérielles qui s’établissent sur le suspense et les mystères en tous genres. Surtout lorsqu’ils sont bien menés. SILO ne manque ainsi pas de souffle.


Les + :

  • Une reprise imparfaite, mais en pleine immersion dans son univers cauchemardesque et rondement mené par sa tête d’affiche.
  • L’incroyable magnétisme de l’actrice suédoise Rebecca Ferguson. Héroïne complète et esseulée durant cette saison.
  • Un casting secondaire aussi large que bien exploité. De l’atypique nouveau venu, joué par Steve Zahn, a des précédents protagonistes mis aujourd’hui sur le devant de la scène.
  • Une écriture qui évite le piège de la caractérisation d’antagonistes trop appuyés. Comme le démontrent les profils nuancés de Sims et surtout Bernard.
  • Un univers enclin au mystère et qui ménage son suspense, mais qui n’en demeure pas moins passionnant à découvrir. Comme le prouve sa partie thriller pleine de richesse narrative.
  • De ces décors austères à ces quelques effets spéciaux, la série jouit d’une exécution de qualité. Ce qui favorise, par la même occasion, l’immersion dans son univers dystopique.
  • Une fin de saison qui gomme ses imperfections et maintient le suspense.

Les – :

  • Une nouvelle dynamique d’intrigue en deux parties qui révèle moins de surprises et s’étire sur la longueur.
  • Un montage parfois mal découpé qui navigue trop souvent sur deux tempos distincts.
  • Un manque global d’éclaircissement sur les mystères de son univers post-apocalyptique.

MA NOTE : 16/20

Les crédits

CRÉATEUR : Graham Yost

AVEC : Rebecca Ferguson, Steve Zahn, Harriet Walter, Common, Chinaza Uche, Remmie Milner, Shane McRae, Avi Nash,

Alexandria Riley, Clare Perkins, Billy Postlethwaite, Rick Gomez, et Tim Robins, mais aussi : Tanya Moodie, Olatunji Ayofe, Caitlin Zoz, et Iain Glen (…)

ÉPISODES : 10 / Durée moyenne : 52mn / DIFFUSION : 2024-25 / CHAÎNE : Apple TV+

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