SEVERANCE – saison 2

EN DEUX MOTS : À un mois et un jour près, 3 ans sépare la première et la seconde saison de la série SEVERANCE. Le début de l’année 2022 avait également marqué le début d’une succession de production ambitieuse pour la plateforme Apple TV+, dont Severance demeure le fer de lance. Du moins niveau originalité et dorénavant son plus gros succès. Avec son postulat de Science-fiction d’anticipation atypique et un traitement de qualité clinique, la série cumule les mystères et s’achevait sur une ligne de suspense idéal suivi d’un cliffhanger percutant.

Pourtant, cette série réalisée, en partie, par un Ben Stiller méticuleux, à subi de plein fouet les grèves hollywoodiennes. Expliquant notamment son délai de production fatalement rallongé. Un léger revisionniage s’impose donc, tant la première saison recèle d’indices et de mystères sur la suite. Une suite toujours énigmatique, en partie, et qui promet de mettre définitivement le feu aux poudres. Du moins, s’ils ont en croit ses premières images.

Thriller conspirationniste, psychologique, S.F. dystopique ou drame sur le « travail de bureau », nombreux sont les adjectifs et les sous-genres qui définissent SEVERANCE. Entre renouveau, nouvelle dynamique, et étranges familiarités, cette saison 2 se montre t’elle à la hauteur ? Notamment, lorsqu’elle le voile sur les fameux mystères qui composent son univers unique ? En définitive, pas vraiment.

Mark et son équipe apprennent à leurs dépens qu’on ne plaisante pas avec les frontières de la dissociation.

Synopsis – saison 2

Comme le démontre son synopsis plutôt avare en nouvelle dynamique, les événements de cette nouvelle saison vont prendre le temps de faire évoluer les choses dans l’univers de SEVERANCE. C’est néanmoins l’une de ses principales faiblesses. Un rythme lancinant, qui a l’atout de dévoiler une ambiance clinique toujours aussi réussie, mais qui se noie par la stagnation du déroulement de son intrigue.

L’ascenseur du déclin.

Pour autant, et notamment après une si longue absence, le retour de la série fait d’abord forte impression. Sous la direction de Ben Stiller, ce thriller labyrinthique nous renvoie avec brio dans le calvaire des « inters ». Le réalisateur prouve encore toute son inventivité par sa fluidité technique et l’utilisation subtile de son décorum. Encore bien présent cette saison, ce sont cette fois 5 épisodes qu’il met en scène assez brillamment. (dont son imposant final d’1h15.)

Pourtant, et malgré des durées d’épisodes toujours bien pensées (compte tenu de son rythme notamment), la construction de cette saison 2 accuse de quelques longueurs. Si son épisode de reprise s’attarde par exemple sur les conséquences de la première saison, il le fait uniquement sous le point de vue des inters. Et inversement dans son second épisode avec les « exters« , dont la vie personnel et peu à peu éclairer.

Si cela compartimente avec succès certaine tranche de l’intrigue (comme sa retraite en extérieur lors du 4e ép.), SEVERANCE 2 exploite sa dimension unique de Science-fiction jusqu’à l’overdose. Et c’est dommageable, car cette dimension possède un réel pouvoir hypnotique. Or, son récit peine à lever le voile sur ses nouveaux mystères, mais aussi à se renouveler malgré les richesses de son écriture. Hélas, après les événements très intenses qui ont conclu sa première salve, ce retour tempère bien trop et finit par frustré.

Heureusement, cette stagnation du récit permet à la série d’exploiter quelques richesses de son univers. Comme divers services qui composent les sous-sols de Lumon ou ses mystérieux projets sous forme d’expérience humaine. Et le tout avec une ambiance et un climax toujours aussi délectable. Et aujourd’hui bien plus qu’hier, la dualité entre exter et inter est au cœur du récit.

La dualité opposée.

Mark S. (Adam Scott) en demeure l’employé idéal, et sa dynamique d’équipe et d’émancipation reste central comme le prouve la suite de son intrigue. Mais aussi son drame personnel qui a mené à sa dissociation. Tardivement, mais intelligemment, le récit s’oriente enfin sur le mystérieux destin de sa femme, Gemma (Dichen Lachman). Le tout via un portrait mélancolique comme jamais dans la série. (sous la direction raffinée de Jessica Lee Gagné, également directrice de la photographie).

Si la présence drastiquement restreinte de certains crédités s’avère toutefois assez frustrante (à l’instar d’Harmony Cobel (Patricia Arquette), qui aura tout de même (et également) le droit à un profil peaufiné), le récit exploite à merveille ses principaux raffineurs. Tout comme le remplaçant de Cobel, l’excellent et inquiétant Milchick (Tramell Tillman) qui leur donne la réplique. Grâce à une présence plus large et hors du sous-sol, la production lui offre même la possibilité d’étendre son jeu vers de nouvelles nuances de caractère. Notamment, face à une direction toujours aussi stoïque et rétrograde.

Cette saison, le casting se compose uniquement d’une seule nouvelle crédité. Bien que savamment efficace avec l’étrange présence de la candide Sarah Bock en nouvelle subalterne. Néanmoins, et de manière plus ambitieuse, cette salve additionne les guests stars d’où s’y détache Merritt Wever, Gwendoline Christie ou encore l’islandais Ólafur Darri Ólafsson. Ces différents protagonistes sont l’occasion d’appréhender d’autres facettes de son univers et s’avèrent toujours utiles. Même s’ils conjuguent de nouvelles questions.

Au centre de l’intrigue, résident toujours les grandes questions (ou l’équilibre) du show : inters et exters sont-ils réellement les mêmes personnes ? Peuvent-ils cohabiter équitablement malgré des désirs qui s’opposent ? Des questions qui vont s’avérer centrales à l’heure de son final, bien que celui-ci se révèle bien moins percutant malgré son suspense étendu.

Conclusion

Sur cela, la série explore intelligemment le sujet grâce à une dualité conséquente entre les deux facettes des personnages. C’est également largement le cas avec Helly R. (Britt Lower), dont les révélations sur sa véritable identité promettaient de grandes choses pour la suite. Mais a cela cette deuxième saison est globalement une déception. Assez cuisante pour ma part.

Outre ses qualités indéniables, SEVERANCE 2 tombe dans le piège des mystères étendus, tandis qu’une saison 3 se profile doucement. Par chance, les dilemmes moraux de ses principaux personnages continuent de faire mouche, à l’instar des réflexions que nous offre le show. Avec sa multitude de petit détails anodins, inoffensifs, invisibles et parfois malaisant, SEVERANCE conserve dans tous les cas son aura d’ovni du petit écran. Son succès conséquent (notamment à domicile) le prouve. Espérons ne pas attendre 3 ans pour voir sa suite à présent…


Les + :

  • Une ambiance clinique et anxiogène, globalement percutante.
  • Une mise en scène qui dispose de quelques fulgurances épatantes. (Sa course dans le couloir qui ouvre la saison le prouve bien).
  • Une saison au découpage méthodique qui renforce la caractéristique structurée de son univers.
  • Quelques twists et détails ravageurs.
  • Son quatuor de raffineurs idéalement exploité dans leurs problématiques. Adam Scott et Britt Lower en tête.
  • Dans un contre-poids idéal, la présence de l’inquiétant Milchick est saisissante. Le jeu nuancé de Tramell Tillman aidant.
  • L’éclairage tardif, mais brillant, du destin de Gemma. Dans un portrait mélancolique et un calvaire humain percutant.
  • Ses nombreux guests qui contribuent à enrichir son vaste univers.
  • Une réflexion poussée sur la dualité morale qu’engendre cette dissociation.

Les – :

  • Un rythme lancinant qui s’avère handicapant compte tenu du peu de rebondissements qui composent cette nouvelle saison de 10 épisodes.
  • Des épisodes à la qualité très variable. Créant une attente en dents de scie.
  • Un univers de Science-fiction très riche, mais abordé de manière trop peu concrète.
  • La présence drastiquement restreinte de certains crédités.
  • Une fin de saison qui laisse un goût amer en bouche.

MA NOTE : 15/20

Les crédits

CRÉATEUR : Dan Erickson

AVEC : Adam Scott, Zach Cherry, Britt Lower, Jen Tullock, Tramell Tillman, Sarah Bock, Dichen Lachlan, Michael Cernus,

avec John Turturro, Christopher Walken, et Patricia Arquette, mais aussi : Merritt Wever, Ólafur Darri Ólafsson, Gwendoline Christie, Sandra Bernhard (…)

ÉPISODES : 10 / Durée moyenne : 48mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Apple TV

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