PACHINKO – saison 2

EN DEUX MOTS : Très belle surprise du printemps (et de l’année) 2022, PACHINKO poursuit enfin son aventure dans une suite qui navigue de nouveau sur les années. Si plus de 2 ans sépare cette deuxième saison de la première, l’odyssée historico-dramatique en deux temps confirme tout le bien qu’on pouvait penser d’elle. Les années 40 et 50 succèdent aux années 30, tandis que le cheminement de cette génération semble (pour l’instant) s’arrêter en 1989.

La créatrice Soo Hugh continue son écriture, tandis que trois metteur en scène cette fois gèrent méthodiquement sa mise en boîte. Un attrait qu’on retrouve également dans son montage caractérisé. Une nouvelle saison raisonnable dans sa durée et d’à nouveau huit épisodes qui vont ainsi traverser le récit principalement entre Osaka et Tokyo.

Aussi riche que le parcours de ces personnages, cette suite étoffe tout de même son récit dans une parenthèse en dehors d’une ville bombardé. Un contexte en temps de guerre qui s’avère primordial, puisqu’il fait office de reconstruction sous différents aspects narratifs. (pour ses décors comme les personnages qui l’arpentent avec résilience).

De quoi donner de la matière à la nature historique de PACHINKO, une fable conséquente. En plus d’enrichir un peu plus le catalogue déjà bien rempli d’Apple TV+, la série s’inscrit comme une référence en tant que production coréenne. Notamment en abordant le sujet de l’immigration de manière frontale et objective. Une vérité qui blesse.

La Seconde Guerre Mondiale oblige Sunja à faire des choix dangereux pour que sa famille puisse survivre. Poussé à bout, Solomon décide de se battre.

Les affres du temps. 2.0.

À l’image même de ces machines de pachinko dans les billes virevoltent et s’entrechoquent de manière aléatoire, la série coréenne fait tourbillonner de nombreux destins avec une certaine forme de suspense. (un nouveau générique dansant et entraînant illustre toujours aussi bien ce récit choral). En rapprochant peu à peu son intrigue préquelle à celle plus stagnante de la fin des années 80, cette saison 2 peaufine son tableau d’ensemble. Et précise par la même occasion le destin de ses protagonistes.

Cette suite en regorge par ailleurs. Il s’agit de l’une de ses plus grandes forces, même si cela est au détriment de la présence plus restreinte de certains. Car PACHINKO fait preuve d’une magnifique continuité. Elle parvient sans mal à caractériser chaque profil en seulement quelques scènes. Ainsi, sa vision chorale et doublement bénéfique et chaque nouveau chapitre regorge de richesses.

Malgré son rythme très linéaire, un visionnage hebdomadaire de la série s’est avéré idéal à mon égard. De quoi laisser un temps de diffusion et de réflexion suffisamment étendue pour savourer la poésie dramatique de son récit. Celui-ci se structure sur les années, de façon méthodique et subit quelques bouleversements réguliers. Il fait ainsi évoluer son histoire comme tel. Entre les saisons et les années, de surcroît, avec toutes les conséquences qui l’accompagne.

À l’instar d’un grand poème enclin à la douceur, le show est une grande histoire d’amour contrite par les impossibilités et la mélancolie. Des romances impossibles bien évidemment, mais également l’impossibilité des immigrés d’atteindre l’absolution compte tenu de leurs origines. Le récit regorge d’exemple pour illustrer cette dimension dramatique.

Impossibilités intergénérationnelles.

Sunja (Minha Kim / Youn Yuh-jung), légèrement plus en retrait aux deux âges, mais dans le profil demeure centrale, s’illustre dans son combat permanent. Aujourd’hui dans un profil de mère qui tente d’offrir le maximum à ses fils. Face à elle, rôde son ancien amant (Lee Min-ho) qu’elle préférait oublier, mais dont la présence demeure cruciale. Son profil reste terriblement magnétique et guider par ses émotions enfouit. Mais son parcours, bien qu’en apparence plus florissant, demeure sous le joug d’un beau-père japonais influent malgré son déclin. Le personnage d’Hansu n’étant finalement bon qu’à accomplir les basses besognes, aussi lucratives soient-elles.

Et comme son récit s’attarde sur la légation générationnelle, les fils de Sunja trouvent une place naturelle au centre du récit. De Noa (Kang Tae-Ju / Kim Kang-hoon) – tirailler entre l’absence de figure paternelle et sa place d’homme au sein du foyer, mais aussi son avenir et celui de sa famille – a Mozasu (Soji Arai), qu’on découvre enfin sous deux visages intrépides durant son enfance (Eunseong Kwon / Mansaka Takada).

À noter les destins plus secondaires, mais pourtant cruciaux de Kyunghee (Jung Eun-chae), la belle sœur de Sunja et du nouveau venu, M. Kim (Kim Sungkyu), qui traversent tout deux l’ensemble du récit dans une discrète, mais touchante histoire de non-dit.

Enfin, le destin de Solomon (Jin Ha) demeure le centre de gravité de sa seconde (et plus secondaire) intrigue. Rare personnage étant présent sur l’ensemble des épisodes, son destin plus moderne et indépendant prouve encore l’ultime difficulté qu’engendrent ses racines, même indirectement. Ce qui l’amène à faire des choix moraux difficiles. Un autre exemple d’ambition et de romance impossible qui résume parfaitement toute la difficulté d’intégration de ses ancêtres sur 4 générations.

CONCLUSION

PACHINKO 2 demeure ainsi une formidable fable dramatique et historique, qui puise tout le potentiel d’un récit étalé sur le temps. D’autant plus pour nous, occidentaux, dans des us et coutumes qui nous sont plus étrangères. Pour le reste, cette saison 2 conserve l’ensemble de ses atouts techniques élégant et son montage millimétré. Celui-ci suffit à nous faire circuler quasiment sans longueurs sur les rivages de son histoire qui s’étend toujours un peu plus.

Dans sa finalité, sa fin de saison ne boucle pas toute son histoire et conserve son amertume mélancolique. On peut juste regretter une émotion parfois aussi pudique que ses individus, ce qui amène à restreindre son flot dramatique. Mais parfois, une lueur d’espoir résonne tout autant qu’une fine ligne d’émotion qui fait mouche. Une force tout aussi fine que sa bande son minimaliste qui nous rappelle la maîtrise dont regorge PACHINKO… L’une des plus belles séries en production à l’heure actuelle.


Les + :

  • Un récit qui navigue idéalement sur les années via un montage bien pensé.
  • Une enveloppe historique toujours aussi élégante. Couplé à sa bande son minimaliste.
  • Une très belle continuité dans le destin de ces personnages. Qu’il soit central, comme plus secondaire. (récurrent comme éphémère d’ailleurs).
  • Une grande fable historique et dramatique. Y virevolte l’amour et la réussite impossible d’une génération d’immigrés en combat permanent avec la difficulté qu’incombent leurs origines.

Les – :

  • Une superbe suite, la surprise en moins.
  • Une émotion parfois contrite. Ce qu’il l’empêche d’atteindre certains sommets.

MA NOTE : 16/20

Les crédits

CRÉATRICE : Soo Hugh

AVEC : Minha Kim, Lee Min-ho, Jin Ha…, Anna Sawai, Jung Eun-chae, Kim Sungkyu, Inji Jeong, Han Joon-Woo,

Soji Arai, Steve Sang-Hyun Noh, Kang Tae-Ju, Jimmi Simpson, et Youn Yuh-jung,

mais aussi : Louis Ozawa, Mansaka Takada, Kim Kang-hoon, Eunseong Kwon, Kilala Inori, et Jun Kunimura (…)

ÉPISODES : 8 / Durée moyenne : 52mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Apple TV+

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