MONSTERS : The Lyle and Erik Menendez story – saison 2 (anthologie)

EN DEUX MOTS : après le phénomène « Dahmer« , il y a deux ans, une seconde saison de la saga « true crime » MONSTER a rapidement émergé. Rebaptisez subtilement MONSTERS, cette suite s’intéresse à une autre histoire qui a fait couler beaucoup d’encre durant les années 90.

L’histoire troublante de Lyle et Erik Menendez, deux frères qui ont été condamnés en 1996 pour le meurtre de leurs parents.

Saison 2 de la série d’anthologie de Ryan Murphy et Ian Brennan sur les monstrueux criminels qui ont marqué notre société. La saison 1 retraçait en 2022 le parcours de Jeffrey Dahmer.

Avec l’histoire des frères Menendez, le célèbre duo de scénaristes prolifique revient à un exercice qu’ils maîtrisent bien. Ce changement de ton significatif, moins sombre malgré quelques aspects sordides, est à la fois rassurant et décevant. Rassurant, puisque cette saison prend des risques malgré son succès précédent. Mais décevant, puisqu’elle se rapproche bien trop des productions plus fantasques des deux comparses de Glee. D’autant que Dahmer s’avérer (sobrement) plus travaillée dans sa photographie.

Au-delà d’un esthétisme lumineux déjà revisité sur Netflix, MONSTERS adopte également un rythme moins soutenu que son prédécesseur. Et fatalement, moins macabre compte tenu de l’unique crime (aussi graphique soit-il) survenu. Si l’intrigue dévoile très vite son meurtre en 1989 (et boucle son intrigue en 96), elle n’exclut pas de nombreux flash-back disséminés dans son montage et qui explique une certaine vision de son histoire.

Toujours est-il que MONSTERS se base donc sur une certaine forme de la vérité. Une certaine nuance qui traverse le récit et étoffe son déroulement compte tenu des témoignages glaçants des deux frères. Malgré quelques errances, cette seconde saison tire sa plus grande force de ses différentes visions de la vérité. En est-ce une où ils s’agirait-il de mensonges disculpatoires ? Préméditation ou légitime défense ? Sociopathes et menteurs pathologiques ou victimes de terribles abus ? C’est toute la subtilité d’un récit cette fois étalé sur 9 épisodes moyennement gourmand.

La zone grise.

MONSTERS : The Lyle and Erik Menendez Story débute sous des auspices peu avantageux. Aux premiers abords. Dans un montage décousu et antipathique envers les principaux intéressés (des gosses de riches qui semblent capricieux) leurs détresses et futurs calvaires se dévoile peu à peu. Avec une certaine naïveté exubérante. Et c’est peut-être tout l’intérêt d’une intrigue écrit (pour son pilote uniquement) de consort par Ryan Murphy et Ian Brennan, sous la direction de Carl Franklin (à qui l’on doit les premiers épisodes des deux saisons en question).

Le second créateur et scénariste, Ian Brennan, se charge ensuite seul (ou à plusieurs) de l’écriture des scripts restants. (et réalise même l’avant-dernier). Tandis que 4 réalisateurs se partagent la mise en scène des épisodes restants également. Si cela est pertinent à détaillé, c’est puisque MONSTERS n’a pas grand-chose à offrir de plus comparé aux productions ultérieures des deux showrunners. De son atmosphère vintage assumée (ici les années 90) à ses personnages parfois fantasques sujets aux discordes. Cette fois dans un jus californien qu’on connaît sur le bout des doigts.

Mais avant tout, ce sont certains thèmes sacrés des showrunners qui transpirent dans cette nouvelle œuvre. À commencer par l’homosexualité et toutes les dérives qui accompagnent ses préjugés. En son centre réside les deux jeunes interprètes qui représentent idéalement des figures masculines made in Ryan Murphy. Sous les traits des encore méconnus Cooper Koch et Nicholas Alexander Chavez. De(ux) beaux jeunes hommes sculptés comme des dieux Grec et à la sexualité comme aux comportements parfois ambigus. À la fois exubérant et touchant.

L’art de la vérité vraie.

Ses caractéristiques de nuances représentent aussi bien la perception du récit que ses deux figures centrales et leurs victimes. À savoir les parents Menendez, crédités en premier lieu et pourtant trop peu présents dans le montage. Son choix d’interprètes prévaut à ce manque de présence puisqu’on découvre Chloë Sevigny en mère désaxée et surtout Javier Bardem en père autoritaire et plus si affinité. On peut toute de même se reposer sur un épisode qui leur est consacré après sa mi-saison audacieuse et permet d’appréhender davantage ses deux profils également ambigus.

Le cœur de son intrigue demeure alors l’histoire des frères Menendez. (comme l’indique son titre secondaire). Celle qu’ils racontent en détail et qui va bouleverser le récit après deux premiers épisodes assez communs. Une histoire dont la véracité demeure tangente, mais pourrait faire de leurs parents les véritables « Monsters » de son titre.

Les différents rebondissements qui rythment ses 9 épisodes sont éclairés par certaines vérités (ou mensonges) jusqu’à une dernière partie judiciaire qui s’étend sur trois épisodes. Un double procès qui traîne en longueur et perd, par la même occasion, en efficacité. Il y a tout de même une certaine ironie qui traverse cette fin de saison via le parallèle d’un second procès perdu d’avance. Un sentiment lié à une certaine lassitude du public dans l’affaire.

Dommage que pour dynamiser le récit si peu de points de vue secondaire soient réellement exploités. On retiendra toutefois les personnages de l’avocate déterminée (Ari Graynor) et le journaliste à sensation bafoué (Nathan Lane).

CONCLUSION

Dans sa finalité, ce MONSTERS est à la fois très familier, mais peut également s’avérer surprenant. Familier d’abord puisqu’il dispose d’une technique sans charmes (si on exclut son plan-séquence statique de l’épisode 5) couplés à quelques interprétations très bancales. Mais surprenant grâce à sa vision scénaristique nuancée.

Pour preuve, son côté fiction demeure tout d’abord un frein dans sa cohérence tangible et la véracité de ses faits. Et pourtant ces inexactitudes nourrissent justement les profils perfectibles des frères Menendez. Par prolongation, cette saison 2 se renouvelle radicalement dans sa vision des criminels qui ont marqué notre société.


Les + :

  • Une seconde anthologie qui prend le risque de changer radicalement le ton de sa série criminel.
  • La grande ambiguïté du récit entre mensonges et vérités.
  • Le jeu des deux jeunes têtes d’affiche, tout d’abord exubérant et ensuite réellement touchant.
  • Quelques témoignages sans filtres et qui exploitent ses sujets sensibles.

Les – :

  • Une enveloppe sans charme d’une production trop familière du duo.
  • Un rythme pas toujours soutenu et qui accuse quelques répétitions.
  • Malgré de bonnes prestations (mention à l’excellent Javier Bardem) le rôle des parents Menendez demeure trop en retrait.
  • Et le récit manque également de points de vue secondaire.

MA NOTE : 14.5/20

Les crédits

CRÉATEUR(S) : Ryan Murphy & Ian Brennan

AVEC : Cooper Koch, Nicholas A. Chavez, Ari Graynor, Dallas Roberts, Nathan Lane, avec Chloë Sevigny, et Javier Bardem (…)

mais aussi : Jason Butler Harner, Leslie Grossman, Enrique Murciano, Jess Weixler, Michael Gladis, Paul Adelstein (…)

ÉPISODES : 9 / Durée (moyenne) : 52mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Netflix

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