MAYOR OF KINGSTOWN – saison 3

EN DEUX MOTS : à l’article de la mort après un accident de dameuse conséquent, la tête d’affiche Jeremy Renner a repris du poil de la bête et reviens plus fort que jamais dans cette troisième aventure à Kingstown. Le « maire » de cette sinistre bourgade est ainsi de retour un peu plus d’un an après sa précédente fournée, pour une nouvelle salve de 10 épisodes.

Un délai qui semble finalement assez court, notamment post-pandémie, pour un résultat qui s’en ressent à l’écran. À mes yeux. Dans un concept de Thriller à la Taylor Sheridan, la troisième saison de MAYOR OF KINGSTOWN flirte avec ses limites dans une intrigue fatalement mécanique. D’anciens ennemis laissent la place à de nouveaux pour une dynamique d’action bien huilée.

Une série d’explosions secoue Kingstown et ses citoyens, alors qu’un nouveau visage de la mafia russe s’installe dans la ville et qu’une guerre contre la drogue fait rage à l’intérieur et à l’extérieur des murs de la prison. La pression est sur Mike McLusky pour mettre fin à la guerre, mais les choses se compliquent lorsqu’un visage familier de son passé incarcéré menace de saper les tentatives du maire de maintenir la paix entre toutes les factions.

Allociné

Bourré à la testostérone, plus glacial que jamais, Kingstown (et ses hommes de loi, qui flirtent constamment avec l’illégalité ou la morale au nom de la justice) s’embourbe-t-elle dès sa 3e saison ? Ou l’efficacité du thriller et sa formule made in Paramount et compagnie prend-elle le pas sur ces facilités ? Malheureusement, de mon côté, une certaine lassitude s’est installée dans le visionnage de cette aventure. Dire qu’on assiste à un mauvais divertissement serait cependant un vilain mensonge.

Avec son slogan « Vous ne pouvez pas enterrer le passé« , cette saison 3 navigue tout de même dans une démonstration de genre hélas sans grande surprise. Après avoir évincé son antagoniste le plus imagé (Aidan Gillen) et la McLusky (Dianne Wiest) la moins utile à l’intrigue, cette saison débute pourtant sous des hospices de (léger) renouveau.

MURDER KING

Son début de saison se montre d’autant plus meurtrier avec son casting tertiaire, ce qui permet de laisser de la place à de nouvelles têtes plus charismatique. Plus identifiables. Et à de nouvelles problématiques. Qu’elle soit extérieure comme intérieur à la prison – édifice qui demeure central dans la série – ces menaces sont cette fois illustrés avec un certain pragmatisme. Sans parler de classicisme.

Le néerlandais Yorick van Wageningen use de son charme nordique pour s’afficher comme un antagoniste posé, rigoureux, vaguement cruel et addict. Un cocktail original, mais pas nécessairement percutant dans sa finalité. Richard Brake, quant à lui, est naturellement inquiétant quand on pose les yeux sur lui. L’acteur incarne ainsi idéalement cette figure de taulard vieillissante, mais influente. Toutefois, derrière ces rôles d’apparat efficace, se cache une narration en roue libre. La preuve également avec cette promesse d’un passé troublant pour Mike, mais jamais vraiment exploité à l’écran depuis le départ.

Passer une reprise de presque une heure, les épisodes suivants se raccourcissent majoritairement à la quarantaine de minutes. Ce qui, vu la qualité vacillante de la narration, n’est pas toujours une mauvaise idée. MAYOR OF KINGSTOWN 3 n’en demeure pas moins efficace, à l’instar de ses saisons passées. Dans une certaine mesure. Notons d’ailleurs que la production tente inlassablement de se montrer frontale et assez bourrine avec un tant soit peu de réalisme. Seulement, sa formule s’essouffle par son manque de nuances et un déroulement d’action sans forces.

Cette saison (comme la précédente) peine alors à nous bousculer malgré sa frontalité. Elle manque d’imprévisibilité, et passer la bonne surprise de sa première saison, montre vite ses failles. Il faut dire qu’à la production, metteur en scène et scénariste (homme comme femme, heureusement) semble se succéder pour un résultat monochrome. Ou du moins, mécanique.

Les morts-vivants de Kingstown.

Narrativement, on saisie parfaitement ce qui tiraille les personnages. Et hormis la mince ligne de moralité qui sépare notre héros de la criminalité, même les plus sympathiques perdent en intérêt. La belle Emma Laird ennuie dans sa dépendance perdue, Nishi Munshi dispose d’une intrigue secondaire mineure, Derek Webster demeure invisible dans son rôle de partenaire, Hamish Allan-Headley agace dans ses traumas et Tobi Bamtefa surfe sur son rôle de caïd esseulé. Un ressenti global désavantageux puisqu’il réduit considérablement la force de son suspense.

Ainsi, en ajoutant seulement le nom de Michael Beach au générique, cette nouvelle saison peine à insuffler un nouveau souffle durable à son intrigue. Malgré des non crédités récurrent et impliqués. Celui-ci dispose néanmoins de ses meilleures scènes en fin de saison. Curieusement, seul le co-showrunner et acteur récurrent Hugh Dillon et le sympathique Taylor Handley font partie intégrante de son univers. Si on exclut évidemment sa tête d’affiche.

Quoi qu’il en soit, avec un scénario et un déroulement convenu, plus de traitements de protagoniste en perdition, le thriller perd en force. On peut évidemment se raccrocher à son ambiance industrielle du midwest qui s’installe cette fois en plein hiver. Une vision austère qui lui va comme un gant, mais qui ne pèse pas bien lourd dans la balance.

Sa fin de saison ne surprend pas plus malgré son twist. Elle se révèle dans deux épisodes rallongés, dont le final dépassant l’heure, mais suit la même ligne linéaire pour un dénouement efficace et convenu. Toujours modérément, puisque hormis peut-être un dénouement funeste en particulier, sa grosse démonstration et l’évincement de ses problématiques semblent n’avoir été qu’éphémère.

CONCLUSION

Pour l’avenir de la saga, Mayor of Kingstown devra prendre des risques. À l’instar d’autres polar qui, pour survivre, doivent se renouveler. Ou mourir…


Les + :

  • Même s’il demeure sage, le retour de Jeremy Renner fait forcément chaud au cœur.
  • Une durée moyenne d’épisode qui lui sied mieux aujourd’hui.
  • Deux nouveaux antagonistes plus identifiables et bien caractérisés. Malgré leurs simplicités.
  • Une efficacité relative. De son rythme à quelques protagonistes toujours appréciables.

Les – :

  • Une formule éculée, sans risques, moins intense, et qui occulte des pistes intéressantes.
  • Une intrigue qui se répète inlassablement. Notamment dans sa guerre de gang.
  • Des scènes d’actions parfaitement anecdotiques.
  • Une distribution récurrente plutôt malmenée compte tenu de leurs lignes de narration assez pauvres.

MA NOTE : 13/20

Les crédits

CRÉATEUR(S) : Hugh Dillon & Taylor Sheridan

AVEC : Jeremy Renner, Taylor Handley, Hugh Dillon, Tobi Bamtefa, Emma Laird, Derek Webster, Hamish Allan-Headley, Nishi Munshi, et Michael Beach,

mais aussi : Yorick van Wageningen, Richard Drake, Nichole Galicia, Necar Zadegan, Lane Garrison, D Smoke, Denny Love, Kenny Johnson, et Aidan Gillen (…)

ÉPISODES : 10 / Durée (moyenne) : 45mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Paramount +

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