MASTERS OF THE AIR

EN DEUX MOTS : Nouvelle décennie, nouvelle épopée de guerre sur petit écran. 23 ans après la culte Band of Brothers et 14 ans après l’autre référence The Pacific, tous deux sur HBO, un troisième volet guerrier se dévoile aujourd’hui. C’est cette fois sous la houlette d’Apple TV +, toujours plus ambitieuse dans ses investissements télévisuels, que le duo de renom Steven Spielberg / Tom Hanks produit cette nouvelle fable historique. Après la terre, puis la mer, c’est au ciel d’être à l’honneur dans MASTERS OF THE AIR.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, des pilotes de chasse risquent leur vie au sein du 100e groupe de bombardement, une confrérie unie par le courage, les défaites et les victoires.

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En se basant aujourd’hui sur un ouvrage de Donald L. Miller le scénariste John Orloff se charge de l’écriture des 9 épisodes qui composent le show. Scénariste méconnu, celui-ci a notamment écrit, en 2001, deux épisodes de… Band of Brothers. En revanche, côté réalisation, les quatre premiers épisodes sont mis en scène par Cary Joji Fukunaga, qu’on ne présente plus. Avec des moyens colossaux (300 millions de dollars de budget) et un jeune casting très prometteur (Austin Butler et Callum Turner en tête) Apple tente définitivement de s’imposer comme une nouvelle référence du streaming. Celle de la qualité.

Néanmoins, ses atouts techniques et sa distribution rafraîchissante suffisent ils à en faire une référence directe ? À l’image de ses aînés ? Où atteindre les sommets si aisément n’est-il pas, peut-être, un peu présomptueux ? Hélas, la réponse se rapproche davantage de cette dernière interrogation.

Dans tous les cas, MASTERS OF THE AIR s’avère bel et bien impressionnante. Techniquement du moins. Mais cela ne l’empêche pas d’être une mini-série hors-sol, quasiment déconnecté de la réalité. Outre le fait d’être une fiction, cette production, qui relate les destins exceptionnels de ceux qui ont donné leur vie vaillamment pendant la grande guerre, se dévoile parfois comme un exercice vain. Explications.

PERDUS DANS LES NUAGES ☁️

À coup de voix off, de brushing gominé, d’allure de rockstar pour une jeunesse sur d’elle (ou à contrario pétri par la peur) et bien évidemment d’un générique crépusculaire annonciateur d’aventure à la musique épique, MASTERS OF THE AIR marche assurément dans les pas de ses aînés. Le naturel en moins. Alors, à n’en pas douter, l’immersion est totale. Des costumes au décor, jusqu’à l’utilisation des coucou bombardiers qui survolent l’ennemi : le tout transpire de réalisme.

Et pourtant, le show transpire également le blockbuster, dans ces attraits les plus impersonnels. Malgré deux têtes d’affiche assez iconique, l’étourdissant young cast se perd parmi les innombrables visages que le montage chevauche à l’écran. Au cœur de l’action, ce sentiment est décuplé par des visions authentiques imputables (les hommes sont bien évidemment cagoulés et masqués).

L’immersion perd alors en élan et il est parfois difficile de s’immiscer dans le destin personnel des nombreux personnages. De ce fait, le montage s’avère d’autant plus brut avec certains de ses protagonistes, partiellement présent sur l’ensemble des épisodes. C’est par exemple le cas avec le trio de pilotes afro-américain ou la charmante espionne interprétée par Bel Powley, tous méchamment sous exploités.

À noter la présence, difficilement oubliable du golden boy Austin Butler. Qui malgré son talent, m’a particulièrement agacé dans son rôle aux aires ténébreux et aux regards lancinant. L’acteur semble, à ce stade, toujours un peu coincé dans son rôle d’Elvis Presley, contrairement à un rôle plus dérangé dans DUNE II par la suite.

Pour le reste, MASTERS OF THE AIR dévoile une intrigue somme toute classique. Avec ses petites et ses grandes tragédies de guerre. Et ses destins tourmentés par les horreurs et les incohérences que celle-ci engendre. Ici aussi, la production (et son montage) patine un tantinet.

LES AURORES DE LA GUERRE

Heureusement, la série se compose de 9 épisodes finalement assez peu gourmand. (allant de 48mn à 1h15 (pour son final), dont quelques longues minutes de crédits). Entre cela et la routine de mission récurrente en haute altitude, le rythme n’a pas réellement le temps de nous ennuyer. D’autant que le montage fait parfois abstraction de certaines longueurs autour du développement des personnages. Au détriment d’une réelle épaisseur à leurs égards hélas.

Sa caractéristique la plus clinquante réside quoi qu’il en soit dans son immersion de genre. Dans les airs, la série a donc mis les moyens pour nous faire vivre l’enfer de la guerre. En supposant que cette caractéristique l’éloigne nettement de ses grands frères, compte tenu de son nombre d’effets spéciaux à l’écran, force de constater que le show s’avère être un mastodonte du petit écran.

Si elle ne brille pas par ces quelques effets (rares) de ralenti ou de style, son réalisme guerrier demeure suffisant pour marquer la rétine. Sans verser dans l’horreur pure, la production sait se montrer très brutale en quelques images, aussi succinctes, soient-elles. Qu’importe la raison (brûlure, impact, amputation, et j’en passe) les dégâts s’avèrent souvent considérable.

La production peine un peu plus à varier ses scènes d’action. Au point que son concept semble parfois étirer. Du moins en première partie de saison. Fatalement, entre ses intrigues qui s’entrecroisent parfois de manière impersonnelle et des durées d’épisodes parfois peu consistants, la série semble adopter un format assez inapproprié.

Il y a bien des incursions au sol, en terre inhospitalière, qui sont censées apporter à la fois de la variété comme du suspense, mais ici le récit manque d’un réel souffle épique et dispose d’une seconde moitié de saison qui, cette fois, traîne en longueur.

CONCLUSION

Désincarner, amputé d’une réelle émotion, le spectacle visuel que nous offre MASTERS OF THE AIR semble noyer par ses propres ambitions. Néanmoins, au milieu de sa diffusion, Apple a révélé que sa nouvelle série a battu tous les records d’audience, comparé aux autres productions de la plateforme. Comme quoi… Le spectacle prévaut souvent sur le reste. Toujours est-il qu’avec les années, pas sûres que le show se révèle aussi iconique que les deux précédents. Et cela serait mérité.

Les + :

  • Des moyens colossaux mis en place pour donner vie au show à l’écran.
  • Un jeune casting globalement très inspirés et talentueux. Comme c’était le cas en 2001 avec Band of Brothers.
  • Un rythme plutôt bien pesé sur la longueur, qui ne rechigne pas à ne mener au cœur de l’action.
  • Des scènes de combats aériens lisibles et brutales. Par touches suffisamment subtil pour ne pas versé dans l’hémoglobine la plus absurde.

Les – :

  • Malgré des qualités techniques évidentes, le show se révèle peu percutant.
  • Un montage qui gère assez mal sa très large distribution. De ce fait, difficile d’être épris par les destins souvent funestes des valeureux soldats.
  • Un exercice de style assez vain au fil des épisodes, notamment dans une démonstration narrative qui s’essouffle.
  • Si ses scènes dans les airs sont largement convaincantes, la rengaine reste souvent la même.

MA NOTE : 14/20

Les crédits

CRÉATEUR : John Orloff

AVEC : Austin Butler, Callum Turner, Anthony Boyle, Nate Mann, Barry Keoghan, Ncuti Gatwa, Josiah Cross, Branden Cook,

James Murray, Stephen Campbell Moore, Sam Hazeldine, Edward Ashley, Raff Law, Elliot Warren, avec Isabel May, Joanna Kulig, et Bel Powley,

mais aussi : Sawyer Spielberg, Nikolaï Kinski, Laurie Davidson, Jamie Parker, Josh Dylan, Louis Hofmann, Kai Alexander, Bailey Brook (…)

ÉPISODES : 9 / Durée (moyenne) : 52mn / DIFFUSION : 2024 / CHAÎNE : Apple TV+

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