
EN DEUX MOTS : Après trois saisons conséquentes pour un cumul de 72 épisodes, la saga LOST atteint un point de non-retour. Néanmoins, si son excellente fin de saison dernière marqué un tournant majeure en termes de narration avec l’apparition de son premier flash-forward, cette suite se pose comme une suite directe et complète à celle-ci. Ainsi, malgré ses changements, cette quatrième saison clôt le plus gros chapitre de la saga et s’inscrit dès lors comme « le début de la fin » pour la série. C’est par ailleurs le titre de son épisode de reprise.
Un cargo s’approche de l’île, officiellement pour secourir les rescapés. Sayid, Desmond et Frank s’y rendent en hélicoptère. La confusion temporelle s’accentue. Les relations passées entre les personnages, tous liés entre eux avant d’arriver sur l’île, continuent à être explorées.
Toujours est-il qu’à l’époque l’attente fut (un tout petit peu plus) longue pour les fans assidus, tandis que la production avait été marqué par la grève des scénaristes de 2007. Cela a surtout eu pour conséquence de réduire la saison à 14 épisodes. Contre plus d’une vingtaine jusqu’à présent. Malgré tout, les équipes de production demeurent et font le lien entre la fin de saison 3 et celle-ci. Et notamment via un nouveau final savamment exécuté.
mysteries are not my enemy.
Si les grandes interrogations mystiques ne font que s’épaissir, cette saison répond aux nombreuses nouvelles interrogations concernant la survie des Disparus. Cette quatrième saison raccourcie dispose donc de deux lignes directives qui se rejoignent dans leurs interrogations. Comment les rescapés ont quitter l’île et qui sont leurs fameux sauveurs ? Et parallèlement, via les flash-forward, qu’elles Disparus composent les 6 rescapés de l’Oceanic 815 ?
Ce faisant, si la série ne se détache pas entièrement de ses fameux flash-back, elle vise une nouvelle dynamique de suspense et intensifie sa partie action. Les « Autres » laissent ainsi la place à un nouveau groupe ennemi. Qui dit nouveaux ennemis, ou nouvelle faction, dit nouveaux personnages. Et cette saison n’est pas en reste de personnages comme le prouvent son casting et ses différents chamboulements à leurs égards.
Believers or not believers.
Dans tous les cas, la discorde et le doute seront des vecteurs majeurs de cette saison. Notamment après le sacrifice poignant de Charlie en fin de saison dernière. Comme souvent dans LOST, mais de manière centrale, aujourd’hui, les rescapés se divisent en deux groupes. L’un mené par Locke (Terry O’Quinn), le second par Jack (Matthew Fox). La Foi d’un dessin mystique contre ceux qui vise le pragmatisme. Ou plus simplement, ceux qui souhaitent rester contre ceux qui veulent quitter l’île.
Grossièrement, puisque de nombreuses constantes entrent en compte et ternissent parfois le récit dans leurs incohérences ou inutilités narratives. C’est par exemple le cas avec le retour de Michael (Harold Perrineau) à mi-saison. Un retour qui n’a globalement pas convaincu son monde. Quoiqu’il en soit, cette séparation en deux groupes permet d’avoir deux lignes directives en deux endroits. L’éternel camp de plage et les baraquements.
Qu’il soit en mouvement, ou non, nos personnages sont définis par leurs actions ou inactions. Si les flash-back permettaient d’éclairer leurs doutes, leurs peurs ou leurs états d’esprit en général, les flash-forward jouent la carte du twist et des conséquences de nouveaux mensonges ou de nouvelles rancœurs. Un exercice qui fonctionne à la perfection, et notamment sur une durée rétrécit. (même si son triangle amoureux en pâtit naturellement).
Cette fois, les rares flash-back sont donc plus explicatifs que purement dramatique comme le prouve le second épisode qui présente ses 4 nouveaux récurrents. (Si on exclut le pilote Frank (Jeff Fahey, non crédités parmi les plus récurrents). Hélas, pour les trois autres (Jeremy Davies, Rebecca Mader, et Ken Leung), la narration ne les exploitent que partiellement. Sa première moitié de saison joue du suspense de la découverte tandis que les enjeux de la deuxième ne les inclus que comme spectateurs.
De grands dessins (mystiques) impliquent de grandes responsabilités.
Toutefois, cette quatrième saison a fort à faire concernant le reste de son casting. Et malgré son format amputé de 10 épisodes, cette saison de LOST est rythmée de manière identique aux précédentes. Avec ses hauts et ses bas. Hormis sa solide reprise, 3 grands moments composent cette salve de 14 épisodes. Le 5e « The Constant« , le 9e « The Shape of Things to Come » et son (triple) final « There’s No Place Like Home« .
Dans le premier cas, la série et son éternel duo de scénariste (Damon Lindelof & Carlton Cuse) et le réalisateur Jack Bender nous renvoient dans les contrées lointaines et dangereuses de la Science-fiction. En s’intéressant plus concrètement au destin unique de Desmond, la série accomplit pourtant un tour de force narratif.
En plus d’épaissir plus concrètement sa mythologie si peu perceptible dans ses contours, l’équipe renoue avec la force de l’émotion qui sont l’une des forces de sa première saison. Par le biais de la romance impossible qui lie Desmond et Penny (Sonya Walger). Un élément qui servira même de salut lors de son sauvetage en toute fin de saison. De plus, c’est en posant son antipathique paternel, Charles Widmore (Alan Dale) comme nouvel antagoniste de choix que la narration gère la suite des événements avec brio.
De plus, et pour ne citer que lui, toute la narration entourant Benjamin Linus (Michael Emerson) demeure l’un des segments les plus riche de l’intrigue. Étroitement liée au paternel Widmore, l’ambiguïté latente de son personnage en fait l’un des plus percutants dans ses motivations. (Comme le prouve la perte de sa fille dans l’un des plus grands moments d’action de la saga ou encore le recrutement de Sayid (Naveen Andrews)). À contrario d’autres personnages, comme la passionnante Juliet (Elizabeth Mitchell) qui perdent (pour l’instant) en intérêt dans des destins moins tumultueux.

Conclusion
Ainsi, plutôt rapidement cette quatrième aventure arrive à sa conclusion. Une nouvelle fin de saison globalement rondement menée entre sacrifice, adieu et de nombreux départs donc. Même si tout ne fonctionne pas entièrement. Si son déplacement dans l’espace-temps est assez excitant et se révèle crucial pour la suite, certains ressentis demeure plus abrupts. À l’instar de certains destins.
Le sacrifice de Michael semble ainsi aussi expédié que son introduction dans cette saison et questionne sur l’intérêt de son retour. Le sympathique Jin (Daniel Dae Kim) est alors laissé pour mort (l’affiche promotionnelle de la prochaine saison laisse même planer le doute). Ou le départ précipité de Claire (Emilie de Ravin, qu’on ne reverra pas de si tôt) après les apparitions ambigu d’un inconnu (sous les traits du patriarche Shepard (John Terry)), impose trop de confusion pour convaincre.
Néanmoins, le cheminement des « Oceanic 6 » nous amène sur une future dynamique tout aussi excitante pour la suite que ses incartades de Fantastique S.F. Si son plan final – la mort de John Locke – soulève encore de (trop ?) questions, le revisionnage de cette quatrième saison s’est révélé bien meilleure que dans mon souvenir. Comme quoi, la magie ne s’est pas (encore) estompé.
Les + :
- Une production toujours cohérente dans l’implication de ses scénaristes et réalisateurs récurrents.
- Des flash-forward bien exécutés.
- Une nouvelle dynamique de suspense et d’action renforcée par les questions que posent ses nouveaux segments de l’histoire.
- Une saison raccourcie et moins étiré.
- Une saison qui répond aux interrogations de son final précédent.
- De grands moments de Science-fiction, d’action et de suspense pour la saga.
- Une division qui n’a jamais été aussi nette entre les Disparus. Entre Foi et déni d’un dessin mystique.
- L’arc narratif de Benjamin Linus tout aussi riche que l’ambigu personnage.
- L’histoire d’amour poignante entre Desmond et Penny.
Les – :
- Malgré un suspense remanié, ses rares flash-back et plus courants flash-forward disposent de moins d’émotions qu’auparavant.
- Malgré une durée de saison drastiquement réduite, son rythme demeure en dents de scie.
- Des effets spéciaux plus nombreux et qui ont prit de l’âge.
- Toujours trop peu d’éclaircissement concernant ses mystères fantastiques et S.F.
- Quelques destins et personnages un peu mis de côté au détriment d’autres.
- Le retour de Michael qui manque de cohérence et d’utilité, à l’instar de son sacrifice.
MA NOTE : 16/20

Les crédits
CRÉATEURS : Damon Lindelof, J.J. Abrams & Jeffrey Lieber
AVEC : Matthew Fox…, Evangeline Lilly…, Josh Holloway, Michael Emerson, Terry O’Quinn, Naveen Andrews, Jorge Garcia, Yunjin Kim, Daniel Dae Kim, Emilie de Ravin,
Henry Ian Cusick, Jeremy Davies, Rebecca Mader, Ken Leung, Harold Perrineau, Jeff Fahey, et Elizabeth Mitchell (…)
mais aussi : Kevin Durand, Sam Anderson, L. Scott Caldwell, Alan Dale, Sonya Walger, Nestor Carbonell, Mira Furlan, M.C. Gainey, Tania Raymonde, John Terry (…)