INVASION – saison 3 (finale)

Le crépuscule d’une saga en apnée

C’est donc sur un créneau familier pour la saga, entre la fin de l’été et le milieu de l’automne, que la série de science-fiction Invasion trouve sa conclusion. Après deux saisons, entre 2021 et 2023, qui n’auront jamais su réellement trouver leur public (ni leur tempo), la série d’Apple TV+ tire sa révérence dans une troisième salve de dix épisodes qui tentent de resserrer enjeux et intrigues pour un grand final.

Différentes perspectives se rencontrent pour la première fois, alors que les personnages principaux de la série sont réunis et partent en mission pour infiltrer le vaisseau-mère extraterrestre. Les aliens ont atteint leur apogée, étendant leurs tentacules à travers la planète. Nos héros devront unir leurs forces et user de leur expérience et de leur expertise pour sauver l’humanité. De nouvelles relations se nouent, d’autres sont mises à l’épreuve, allant même jusqu’à se briser, alors que les personnages doivent faire équipe avant qu’il ne soit trop tard.

Son début de saison commence pourtant comme les précédents : la narration se focalise d’abord sur un (ou plusieurs) personnage(s) avant de s’unifier à mi-parcours. Une éventuelle promesse d’action accrue, d’un ton plus soutenu et d’une intensification de l’invasion extraterrestre ? Une promesse, oui… mais loin d’être tenue.

Ses retours critiques, toujours aussi tièdes, le prouvent bien : Invasion n’aura jamais su trouver le bon angle pour raconter son histoire — ni dans son intimité, ni dans sa dimension globale. Elle demeure un show de science-fiction dystopique vidé de substance.

Entre ambitions cosmiques et vide narratif

Au départ de cette saison, on pouvait pourtant entrevoir quelques pistes intéressantes, notamment grâce à une ellipse temporelle conséquente qui permettait de prendre un certain recul sur l’histoire. Composée de nombreux mystères mystiques et cosmiques, la série échoue hélas dans sa représentation d’une nouvelle émergence alien, au sein d’un monde encore marqué par les stigmates du passé. Un angle plein de potentiel, mais trop rapidement balayé.

Dès lors, Invasion 3 conserve cette vision intime qui finit par étouffer son spectateur autant que son rythme. Un constat d’autant plus frustrant que la plupart des épisodes ne dépassent guère les 42 minutes : une durée modeste qui donne pourtant la sensation d’un interminable étirement.

Preuve d’une formule qui ne se renouvelle que partiellement — et qui peine toujours à fonctionner — la seconde moitié de saison s’ouvre sur un sixième épisode particulièrement laborieux, malgré un spot de lumière braquer sur une nouvelle venue (Erika Alexander), pleine d’ambiguïté et pourtant mal exploitée à travers une secte redondante.

Plus globalement, Invasion souffre d’une écriture erratique, incapable de rendre hommage à son potentiel science-fictionnel comme à ses personnages.

Un travail d’équipe… en solitaire

Parmi ces derniers, on retrouve une distribution fidèle (malgré quelques faiblesses qu’on est ravis de seulement apercevoir, notamment du côté des enfants d’Aneesha, incarnée par Golshifteh Farahani). Nos trois protagonistes principaux retrouvent une place centrale dans cette conclusion : Mitsuki (Shioli Kutsuna) et Trevante (Shamier Anderson) en tête, chacun accompagné de son comparse symbolique pour compléter les rangs.

Ce casting restreint aurait pu être une force — il devient malheureusement un révélateur des limites de la série. Sans véritable cohésion ni émotion, Invasion s’enlise dans un traitement de connivence qui échoue à créer l’alchimie attendue. Face à eux, la menace alien reste étonnamment faible, voire éludée, et les éclaircissements finaux peinent à convaincre.

Une science-fiction sans contact

Si Invasion s’inscrit dans un sous-genre de la science-fiction qui m’attire peu — même s’il a déjà brillé, notamment avec Premier Contact — la série manque, quoi qu’il en soit, de corps pour pleinement exister. Dernière coquille vide d’une saga en manque de souffle, elle ne parvient jamais à transcender ses ambitions initiales.

On pourra toujours se raccrocher à son esthétisme sobre mais élégant, ainsi qu’à quelques effets spéciaux de bonne facture. Mais même avec cette enveloppe réussie, Invasion ne parvient pas à faire vivre les thèmes qu’elle aborde, trop absorbée par son écriture approximative et son rythme anesthésiant.

Conclusion

En somme, Invasion restera une saga de science-fiction qui n’aura jamais su nous faire vibrer dans ses moments de survie, ni nous émouvoir dans le chemin de croix de ses personnages, ni même nous éclairer malgré la multiplicité de ses points de vue. Et ce ne sont pas ses sous-entendus sociétaux (la peur de l’autre, en miroir de ses aliens), ni ses ambitions psychologiques ou métaphoriques, ni même sa notion de sacrifice qui suffiront à sauver l’ensemble.

Honnêtement, si la série n’avait pas annoncé sa conclusion avant la diffusion de cette troisième saison, je ne l’aurais sans doute pas regardée. C’est donc un sacrifice auquel je consens — mais que je ne recommande pas — après le visionnage de cette saga manquée.

EN DEUX MOTS : Avec cette troisième saison, Invasion confirme qu’elle n’aura jamais trouvé son véritable équilibre. Malgré une ambition visuelle certaine et la volonté d’unifier enfin ses multiples intrigues, la série reste prisonnière d’un rythme étouffé, d’une écriture hésitante et d’un manque d’émotion constant. Son grand final, plus mécanique que cathartique, échoue à transformer la tension accumulée en véritable souffle épique. Invasion se clôt donc comme elle a vécu : une œuvre soignée sur la forme, mais vide sur le fond, dont la conclusion ne laisse qu’un goût d’occasion manquée.

MA NOTE : 1.5/5


Points forts

  • Esthétique soignée et cohérente : photographie élégante, effets spéciaux convaincants.
  • Une ambition de convergence narrative : tentative louable de réunir enfin les arcs épars.
  • Quelques idées visuelles et symboliques intéressantes, notamment sur le rapport entre humanité et altérité.

Points faibles

  • Rythme toujours poussif, donnant la sensation d’une série qui s’étire inutilement.
  • Écriture erratique et peu inspirée, manquant de liant entre les intrigues.
  • Manque de cohésion entre les personnages : le concept d’équipe reste théorique.
  • Menace alien sous-exploitée, perdant toute puissance dramatique dans le final.
  • Final sans tension ni émotion réelle, plus explicatif que narrativement satisfaisant.
  • Sous-texte sociétal et psychologique traité trop superficiellement.
  • Absence de renouvellement : la saison reprend les travers des précédentes sans les corriger.

Les crédits

CRÉATEURS : Simon Kinberg & Jim Hecht

AVEC: Shioli Kutsuna, Shamier Anderson, Golshifteh Farahani, Enver Gjokaj, India Brown, Shane Zaza, et Erika Alexander (…)

ÉPISODES : 10 / Durée moyenne : 45mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Apple TV+

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