HOUSE OF THE DRAGON : S.2 – épisode 8 (The Queen Who Ever Was) (finale)

Avant-propos : voilà arrivée l’heure de la conclusion. Durant 8 semaines, pour les aficionados, la deuxième saison du spin-off House of the Dragon nous aura amené dans un tourbillon d’aventures imparfaite, mais méchamment addictif. Une épopée plus politique que guerrière a la narration toutefois aussi dense que son univers fantastique. Pour ma part, une tempérance frustrante, mais nécessaire et qui m’a largement contenté dans sa qualité.

Pour une critique plus globale et sans spoilers de cette saison c'est : ICI.

Ce final était l’occasion de bouleverser de nombreux événements. Ou par exemple, de mettre en scène une nouvelle grande scène d’action pour conclure sa saison ? L’occasion d’introduire un nouveau lieu ou de nouveaux personnages, à l’image de Daeron Targaryen, pour teasé la saison prochaine ? De faire revenir le génie politique Otto Hightower ? Ou de faire sortir Daemon de son trou maudit ? Ou enfin, de nous montrer que son découpage en huit épisodes était un choix judicieux ?

De nombreux choix narratifs qui s’offrent à nous, qui ne contenterons pas tout le monde (à l’instar de cette deuxième aventure), mais qui force le respect par leurs densités tragique. Toujours est-il que ce final de 1h10 demeure à l’image de cette seconde saison : tempéré. Ce qui, finalement, est un climat où il fait bon vivre.

ÉPISODE 8 : THE QUEEN WHO EVER WAS

EN DEUX MOTS : Pour la réalisation de ce huitième épisode, c’est la très solide réalisatrice Geeta Vasant Patel qui revient aux affaires. Sous la plume principale non pas du showrunner Ryan Condal, mais de sa seconde main, Sara Hess. Son titre, lui, « La Reine qui l’a toujours été », fait forcément référence à la regrettée Rhaneys (Eve Best), qui demeurera le seul personnage majeur à périr durant cette saison, mais indirectement, aussi, à la Reine noire Rhaenyra (Emma D’Arcy) dans son combat légitime pour le trône.

Ce titre est également cité durant l’épisode comme étant le nouveau nom du navire de Corlys Velaryon (Steve Toussaint). Ce qui évoque, à la fois, un renouveau, une refonte ou un nouveau départ. Un parallèle évident à ses dernières minutes qui multiplie les mouvements des personnages. Toujours est-il que, pour ce qui est de mes attentes, ce final favorise la solidification de ses intrigues contre le spectacle. Ce qui peut s’avérer à double tranchant évidemment.

Par exemple, elle démarre de l’autre côté du Détroit par une scène inédite de négociation entre Tyland Lannister (Jefferson Hall) et la Triarchie. C’est aussi exotique et plaisant que trop encombrant pour un final de cette envergure. Néanmoins, on ne peut que se réjouir de ce décor inédit et l’exploitation d’un personnage jusqu’à présent mis de côté. De plus, cela amène une pièce supplémentaire sur l’échiquier (grandeur nature) dans la guerre qui oppose les deux camps.

En réponse à l’une de mes attentes, sa grande scène d’action pour conclure sa saison est donc verbale. Et oppose à nouveau nos deux têtes d’affiche dans un face-à-face très dense et inédit. Encore une fois. Le retour de la réalisatrice a d’autant plus de sens ici puisqu’elle mettait déjà en scène la première rencontre secrète entre les deux femmes, dans l’épisode 3.

La Terre (de Westeros) gravite autour du Soleil (qui anime ses aspirants).

Avant cela et avant un nouvel avenir, HotD 2 conclut sa saison via de nombreux destins. Et de nouveaux horizons. Un point récurrent dans la saga. Par le biais de quelques scènes, son nouveau lieu n’est donc pas celui espéré, mais demeure convaincant dans son contenu prometteur. Et toujours rafraîchissant quand il s’agit de voir les uses et coutumes à l’extérieur de Westeros. (comme le laisse entendre un mariage polygame ou des barbes teintés amusantes).

Bien plus succinctement, via une image aussi rapide que mystérieuse, le retour d’Otto Hightower (Rhys Ifans) a bel et bien lieu, mais nous laisse dans le flou sur l’identité de son ou ses ravisseur(s). Le destin d’un de ses plus fervents opposant et principaux personnages, Daemon Targaryen (Matt Smith) atteint quant à lui une direction plus claire, qui ravira la plupart.

Et enfin, pour son découpage en huit épisodes, aussi frustrant soit son contenu tempéré, il achève sa saison avec excitation. Un choix judicieux ? Pas vraiment. Encore que, tout dépend ce que nous offrira son début de saison prochaine.

Cette fin de saison, elle, demeure une guerre en ébullition constante, faite d’allégeances, de manipulations et de dissuasions. Celle-ci éclate parfois, mais pas aujourd’hui. Quasiment. Car cela ne nous empêche pas d’apercevoir, brièvement, la colère déchaînée du prince régent (Ewan Mitchell) sur la petite ville côtière de Pointe-vive. Un jeune homme et souverain intérimaire décidément envieux et cruel, mais tout de même méchamment passionnant.

Ironiquement, cela définit un peu cette saison toute entière : cruel dans son montage alléchant, mais passionnante à suivre. Quoi qu’il en coûte. La preuve en image.

Le banquet des Dragonniers

Réjouissons-nous, mais pas vraiment. House of the Dragon, comme son aîné n’est pas un conte idyllique. Son banquet de dragonniers de la Team Black le prouve à merveille dans une composition mal assurée. Il suffit parfois d’un trouble-fête pour gâcher la partie. À ce jeu, Ulf (Tom Bennett) est tout simplement parfait. Aussi insolent qu’insupportable. Ce n’est pas pour rien si la production le place face à la Reine durant le repas.

En contre-poids, heureusement, Addam (Clinton Liberty) et surtout l’ancien forgeron Hugh (Kerian Bew) sont aussi respectables qu’attachant. Ils nous tardent de les voir réellement en action bien sûr, mais leurs présences sont déjà l’occasion d’observer l’amertume flouée du jeune Jaque (Harry Collett) dont la différence sociale se fait dès lors ressentir.

À ses côtes, Beala (Bethany Antonia) demeure en retrait, comme trop régulièrement au fil des épisodes précédents. Leur relation (suite à leurs fiançailles) n’ayant malheureusement pas eu d’impact sur leurs intrigues personnelles jusqu’à présent.

Enfin, évoquons sa sœur Rhaena (Phoebe Campbell), dont la mince (et étirée) intrigue à finalement mener à la découverte d’un formidable nouveau dragon. À l’esthétisme, encore une fois, divine. Hélas, sa vision succincte est tout ce que nous apporte son montage qui se stoppe sur l’impression stupéfaite de la Targaryenne. C’est trop peu pour satisfaire durant une fin de saison. Heureusement, ce n’est pas le cas de l’ensemble de ses (nombreux) personnages…

Marcher vers la salvation, la résignation, l’introspection ou l’annihilation…

Parmi les principaux participants à la guerre durant cette saison, Aegon (Tom Glynn-Carney) se dirige vers l’oubli avant la salvation. Sauvé par Larys Strong (Matthew Needham) en direction de Braavos, reste à connaître l’implication du duo avant son retour. Je reste très partisan de ses deux profils misérables, dont cette saison à lever de superbes nuances à l’écran.

Aegon : Mon dragon est mort. Je suis brûlé, et repoussant, et seul. Je suis infirme. [Larys : Vous n’êtes pas seul.] Ma queue est ravagée. On vous l’a dit ? Elle a éclaté comme une saucisse sur la broche.


Aussi antipathique sois le personnage de Criston Cole (Fabien Frankel), la scène qui lui est allouée face au frère de la reine douairière, Gwayne Hightower (Freddie Fox) est révélatrice sur l’état de sa résignation. De son devoir de chevalier jusqu’à sa culpabilité. Mais aussi sur le destin qui l’attend face à la force (et la cruauté) des dragons. Toujours est-il qu’après une première partie de saison qui faisait largement la lumière sur son caractère, ce retrait est plutôt plaisant.

Cole : Ne croyez pas que la honte me soit étrangère. Le désir ne m’a apporté que des malheurs. [Gwayne Hightower : Alors résistez-y.] Si c’était si simple. [Vos frères de la Garde royale y arrivent.] Vraiment ? Peut-être bien. Ou peut-être tous les hommes sont-ils corrompus. Et le véritable honneur est une brume qui se dissipe au matin. (…) Les dragons dansent et les hommes ne sont que poussière. (…) Nous marchons vers notre annihilation.

PTSD

Plus impliqué dans son rôle de Main, Corlys reprend la mer au côté de l’honorable Alyn (Abubakar Salim), qui lui a probablement (enfin) fait comprendre les conséquences de son comportement envers ses héritiers, à contrario de son indifférence envers ses bâtards. Une remise à niveau nécessaire avant le salut, pour ce riche personnage qui demeure charismatique.

Alyn : Je vendais du poisson au marché de l’aube jusqu’au crépuscule. Pour gagner de quoi repousser l’hiver. Je voyais l’homme qui se tient là passer au marché avec son fils, son héritier, qui avait de la fourrure sur les épaules. Ils choisissaient des friandises à manger au coin du feu. Ce garçon est mort. Et sa sœur avant lui. Et le nouvel héritier. Et vous vous rappelez enfin mon existence. Vous souhaitez soudain m’offrir quelques attentions. Je suis un homme d’honneur et je vous servirai par obligation. Mais si ça ne change rien, je déclinerai vos propositions d’aide. Si je survis à cette guerre, je continuerais comme j’ai commencé. Seul.

Daemon le domestiqué

Enfin, la longue introspection de Daemon aura finalement mené à quelque chose, à défaut d’action. Devant la grandeur d’Harrenhal (extérieur puis intérieur), le prince consort (re)prête allégeance à son épouse, devant une foule de figurants toute ouïe. Une scène grandiose et très plaisante. Le coup d’Etat n’aura finalement pas lieu et on peut autant se réjouir que le délectable Simon Strong (Simon Russell Beale) en arrière-plan.

Rhaenyra : À qui dois-tu allégeance ? [Daemon, en valyrien : Le monde n’est pas tel que nous le pensions. Cette guerre-là, ce n’est que le commencement. L’hiver vient, et avec lui, la nuit et la mort.] Tu parle comme mon père. [J’ai tout vu. J’ai vu que nous ne pourrons pas y résistez. Pourtant, d’une façon ou d’une autre, il le faudra. Le seul espoir du royaume est un souverain qui l’unira, est le choix de mon frère s’est porté sur toi. Tu es la reine Rhaenyra.]

Néanmoins, House of the Dragon n’agit pas sans raisons. À l’instar de nombreux shows incohérents. Si sa tempérance peut lui être reproché, sans aucun doute, cette saison 2, maintient sa filiation avec son œuvre d’origine, et notamment via la prophétie de « la chanson du feu et de la glace ».

Le dogme des prophéties.

Dans un montage qui rappelle forcément les visions de Bran dans GOT, ce final ouvre les yeux de Daemon vers son destin et celui de la famille Targaryen.

Alys : A votre arrivée vous étiez comme un poing fermé. Vous vouliez soumettre le monde à votre volonté. Mais vous avez découvert, je pense, que ce monde ne se laisse pas gouverner. Il existe des présages, ici, pour ceux qui les cherchent. Vous ne vous moquer pas ? [Daemon : Je n’en ai plus le désir.] Je suis contente de l’entendre. Souhaitez-vous apprendre ce qui vous est offert ? Toute votre vie, vous avez voulu commander votre destin. Mais aujourd’hui, vous êtes prêt.

Pour cela, le récit exploite modérément, mais avec tact, ses deux personnages féminins touchés par ce mystérieux don de voyance. Alys Rivers (Gayle Rankin) d’abord, aux sous-entendus constants et qui va donc amener Daemon à changer de voie, faute de ses propres ambitions. Dommage, en revanche, que les motivations de ce formidable personnage ne soient pas abordée de toute la saison. Un brouillard d’abord nécessaire, mais, qui, arrivé au final n’est plus suffisant.

Corneille à trois yeux, marcheurs blancs, chute dans les eaux abyssales, naissance des dragons de Daenerys, Rhaenyra sur le trône… Autant de visions d’un avenir aussi certain pour nous, qu’incertain pour eux, et qui s’achève sur les paroles cohérentes d’Helaena Targaryen (Phia Saban) sur la suite des événements.

« C’est une histoire. Et vous n’en êtes qu’un chapitre. Vous connaissez votre rôle ». Cela fait autant référence au spin-off, qu’à la fin de Game of Thrones, l’importance des histoires (et la souveraineté de Bran), ou du destin éphémère de ses nombreux personnages. Qui ne sont finalement que des chapitres d’un vaste univers.

Helaena, suite à la proposition d’action de son frère : Et si je refuse ? Tu me brûleras comme tu as brûlé Aegon ? [Aemond : Tu mens.] Je l’ai vu. Tu l’as brûlé et tu l’as laissé chuter. [Tes paroles sont une trahison.] Aegon sera de nouveau roi. Il connaîtra la victoire. Il est assis sur un trône de bois. Et toi… tu seras mort. Tu as été englouti à l’Oeildieu. Tu n’es jamais réapparu.

Et dans l’opposition récurrente de Daemon et de son neveu Aemond, la scène suivante nous amène vers une confrontation amère pour le régent. Déstabilisante. Preuve que le personnage d’Helaena à tout de même du répondant et que son personnage est infiniment plus dense que dans le roman. Dommage que son implication demeure restreinte. Pour le moment ? Le scénario pourrait encore nous surprendre.

CONCLUSION

Ses quinze dernières minutes vont, quant à elles, remettent en scène les deux têtes d’affiche pour éviter un bain de sang. Une voie qu’à toujours cherché Rhaenyra, inquiète de faire souffrir le peuple, et qui découle de l’initiative d’Alicent (Olivia Cooke) cette fois. Pour son propre salut. Une négociation résigné, amère, pour une prise de pouvoir de Port-Réal, une meilleure souveraine, puis une fuite. Ce qui impose toutefois Alicent à un choix cornélien, et fait directement référence à l’affiche promotionnelle. « ALL MUST CHOOSE« . (version US).

Alicent : J’ai enfin réfléchi à ce que je choisirais si j’oubliais le devoir. [Rhaenyra : Destitueras-tu ton fils pour régner ?] Non. Je ne veux pas régner, mais vivre. Être libérée des intrigues et des aspirations. La Couronne veut vaincre à n’importe quel prix. En ce qui me concerne, je veux emmener ma fille et son enfant, et tout abandonner.

Rhaenyra : Il est trop tard, Alicent. Le sang a coulé. Des villes brûlent et tu voudrais te laver les mains de ce que tu as causé. (…) Pensais-tu trouver l’absolution ? (…) Si je prends le trône, je dois mettre un terme à l’opposition. Je dois exécuter Aegon. Et à la vue de tous, tu le sais. Tu cherches à te dérober, mais tu le sais. Choisis. Reculeras-tu devant la tâche que tu t’es donnée ou iras-tu jusqu’au bout en faisant ce sacrifice ? Un fils pour un fils.

Magnifique résignation pour Alicent donc et une douleur incontestée dans les yeux de Rhaenyra. Les deux actrices prouvent, une énième fois, l’étendu de leurs talents et que ce spin-off rend résolument hommage aux caractères féminins en tous genres.

Les dernières avancés, ou marches, de l’épisode nous prépare à la guerre (encore) pour un résultat aussi grisant qu’excitant. Les armées Hightower (survolée par le jeune Daeron justement), Stark, Lannister, ou Tully (sous la direction de Daemon) avancent vers leurs annihilations probables. Idem en mer, entre la Triarchie et les Velaryon.

C’est loin d’être suffisant, ça fera (encore, beaucoup) grincer des dents, mais HotD force le respect. Malgré cette amertume de fin. Une fois encore, l’attente risque d’être interminable. Néanmoins, vu l’épaisseur de cette saison, nul doute que sa suite sera encore meilleure.


Les + :

  • Une intrigue qui favorise la logique au spectacle.
  • Le retour d’allégeance et de résignation de Daemon envers Rhaenyra. Dans une scène grandiose et forte.
  • Sa vision fantastique : « The Song of Ice and Fire », magnifique filiation avec son œuvre d’origine.
  • Les paroles d’Helaena qui corrèle avec le tout. Preuve aussi que la série s’avère bien plus riche que son roman Fire & Blood.
  • L’amertume global qui se dégage de ses nombreux personnages.
  • Une seconde rencontre en catimini entre les deux têtes d’affiche. En découle un scène poignante, également entre amertume et résignation.
  • L’excitation de son montage final… À double tranchant.

Les – :

  • Sans chercher à être vraiment anti-spectaculaire, ce final ne contente pas suffisamment dans son contenu dévoilé.
  • Des destins de personnages pas suffisamment concluant dans leurs finalités. À l’instar de Rhaena, Corlys, Alys ou la captivité d’Otto.
  • En achevant sa saison sur un nouveau cliffhanger excitant (qui annonce la guerre) son parallèle avec sa première saison sur la différence de chemin parcouru paraît trop courte.
  • Da décision d’une saison réduit à 8 épisodes laisse ainsi perplexe. Plus c’est long, plus c’est bon… Mais bon.

MA NOTE :

MON CAMP FAVORI DURANT L’ÉPISODE : (EX-ÆQUO) TEAM GREEN / BLACK

Les crédits

RÉALISATION : Geeta Vasant Patel / SCÉNARIO : Sara Hess

DIFFUSION (France) : 05 Aout 2024 / DURÉE : 70mn / CHAÎNE : HBO

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