HOUSE OF THE DRAGON : S.2 – épisode 1 (A Son for a Son)

Avant-propos : moins de deux ans sépare la première saison de House of the Dragon et cette nouvelle fournée. En décalant sa diffusion au début de l’été et non pas à sa fin, la nouvelle série phare tiré de l’univers de Game of Thrones demeure brûlante. Notamment quand son précédent final s’achever sur la promesse d’une guerre prête à éclore.

Après une saison introductrice très dense et que j’ai, personnellement, trouvé aussi audacieuse que merveilleusement narré, cette saison 2 semble donc embrassé son plein potentiel et dispose, aussi, de quelques attentes à son égard. Ayant lu le roman, il y a de ça quelques années, ce spin-off dispose d’éléments chocs au fort potentiel tragique. Mes attentes ne sont pas tant le « Feu & Sang » : promesse de « la maison des dragons », mais davantage le sens de la tragédie et l’ambiguïté de ses personnages.

« A Son for a Son », qui est diffusée justement le jour de la fête des pères, dispose d’un titre explicite. Avec ce premier chapitre d’une nouvelle saison plus courte, mais aux épisodes globalement rallongés, cette reprise s’avère tranchante.

ÉPISODE 1 : A SON FOR A SON

Au revoir les grosses ellipses de temps, House of the Dragon adopte un montage plus linéaire. C’était déjà le cas depuis le huitième merveilleux épisode de sa première saison, à vrai dire. Toujours est-il que pour marquer ce changement, la série adopte même un nouveau (merveilleux) générique. Sous l’éternel thème composé par Ramin Djawadi, cette deuxième saison s’ouvre donc sur la découverte d’une magnifique tapisserie qui se mut et se nimbe de sang à mesure qu’elle laisse entrevoir ses nombreux secrets.

Passé cette bonne surprise cette nouvelle saison s’ouvre réellement sur un autre thème sacré du compositeur : « Goodbye Brother ». Un morceau qui a forcément beaucoup de sens suite à la mort de « Luc » et qui nous révèle enfin le Nord dans ce spin-off via les paroles de son jeune Gouverneur, Cregan Stark (Tom Taylor). S’ensuit un entretien succinct et efficace face à l’aînée de Rhaenyra, le Prince « Jace » (Harry Collett) en haut du Mur. Un face-à-face plaisant entre deux jeunots aux airs juvéniles dissipés et assurément la naissance d’un certain potentiel pour l’avenir.

D’un fils à un fils

Revoir le bastion du Nord puis son imposant Mur est évidemment source de plaisir et de nostalgie. Le retour d’Alan Taylor à la réalisation l’est également. Le metteur en scène a, entre autres, réalisé sept épisodes significatifs de Game of Thrones (dont « Baelor », « Fire and Blood », « The North Remembers » et « Beyond the Wall »). Ce grand habitué des séries TV (et HBO) pose ainsi ses caméras dans de nouveaux et d’anciens décors pour un épisode de reprise conséquent.

Faire de neuf avec du (saison) 2.

L’intrigue de cet épisode va ensuite se dérouler dans des lieux bien connus du public, central pour le récit. C’est ce qui faisait défaut à la saison précédente, pourtant aujourd’hui cette nouvelle aventure en multiplie les angles inédits. D’exigus couloirs à des panoramas plus larges, Peyredragon et Port-Réal prennent vie de façon plus large. Gravite dans ses décors de nombreux personnages. Le générique en fait mention d’ailleurs en y nommant 18 récurrents, dont 3 nouvelles têtes.

Un fils pour un fils.

Daemon à Rhaenys

Pourtant difficile d’y faire exister certains profils, qui devront patienter pour leur heure de gloire, tandis que d’autres bouffent naturellement l’écran. C’est le cas du magnétique Matt Smith, crédité en premier lieu, et qui revient dans la peau d’un Daemon sur le pied de guerre. Son personnage sera d’ailleurs l’investigateur du terrible acte qui conclut cet épisode.

Deuil silencieux

Dans une partition plus dramatique, l’artiste non-binaire Emma d’Arcy m’a de nouveau épaté. Dans son rôle de mère endeuillée, Rhaenyra s’avère bluffante de sincérité, et ses retrouvailles (plus tard dans l’épisode) avec son fils aîné m’ont plutôt secoué. Preuve que HotD (pour faire court) parvient encore à associer des sentiments tragique et épique insidieusement.

Son montage réintègre ainsi peu à peu ses principaux personnages, tout en y faisant graviter des visages plus secondaires. Au détour de la rencontre de Corlys Velaryon (Steve Toussaint) avec son mystérieux sauveur, le marin Alyn (Abubakar Salim), l’intrigue nous renvoie à la Capitale. Le camp des Verts n’est pas en reste et bascule le show vers l’un de ses meilleurs aspects : la politique.

Guerre froide

Dans une tension palpable, ce premier épisode semble vraiment prendre la température de l’état dans lequel se trouve le royaume. Avec son lot de trublions prêt à la guerre, chacun des deux camps temporise en attendant de voir qui va réellement lancer les hostilités. Derrière cette façade de facilité, se cache une réalité qui a du sens. Non seulement cela cultive le suspense, mais cela permet de jauger les différents caractères qui avancent leurs pions durant cette guerre.

Pour preuve, après une intronisation galvanisante, Aegon II (Tom Glynn-Carney) ne cesse de prouver qu’il est un jeune Roi inapte. Amputé de sens politique et enclin au vice de la beuverie (entre autres) avec sa cour de coqs. Face à lui, son grand-père Otto Hightower (Rhys Ifans) demeure un éminent politicien peu apprécié. Malgré le peu d’empathie que dégage son profil glacial, je reste très partisan de son personnage qui me semble avisé. Notamment dans la rigueur qu’il insuffle à sa fille, Alicent (Olivia Cooke).

La nuance est mon moteur

– Nous devrons surveiller Aegon tant que régner l’amusera. Il se lassera et nous acquerons notre victoire.

– Une stratégie judicieuse, ma fille. Mais il faut accepter que la victoire passe désormais par la violence.

– Je sais. Néanmoins, elle ne doit pas être gratuite.

Alicent à son père, Otto.

Le personnage de la reine-mère m’avait déjà largement convaincu grâce à l’interprétation très intense de l’actrice britannique. Cette saison 2 lui apporte encore de nouvelles nuances. Comme le prouve son désir charnel envers l’imbuvable Lord Commandant (Fabien Frankel). Parallèlement, ce petit monde peut trembler face à la toile que tisse le dangereux maître confesseur Larys Strong (Matthew Needham), qui fait d’ailleurs preuve de son talent de manipulation envers le Roi.

Dans tous les cas, pour l’instant, si cette reprise manque de force vive, elle cultive l’ambiguïté de ses profils. Mais aussi la valeur de son moteur politique, qui demeure central à la cohérence de son univers.

L’envolée cruelle.

Certainement, son montage demeure encore trop bref sur certains échanges (l’épisode aurait mérité de dépasser l’heure.). Mais reste à voir ce que cette suite a l’intention de raconter vu la densité de sa guerre, intitulé la Danse des Dragons (créatures qu’on voit succinctement, sans surprises). Ce premier pas vers une guerre totale et sans merci s’effectue par une vengeance sans vergogne. Indicible, froide avant d’être brûlante. À ce jeu, il suffit du mot (ou d’un nom) pour que les événements funestes s’accélèrent.

L’insidieux désir, celui de la vengeance

Vecteur d’un certain désir malsain, la relation entre Rhaenyra et son oncle/mari Daemon demeure magnétique. À l’image de ses deux personnages, preuve de la force Targaryenne à l’état pure. Seulement, avec deux caractères parfois opposés, la force souveraine flirte avec ses limites. Muselé par la crainte d’un chaos total, Daemon use donc de son influence (et par extension des filouteries de la rescapée Mysaria aka le Ver Blanc (Sonoya Mizuno)) pour établir sa vengeance.

Le dernier tiers de l’épisode détail encore comme l’univers de GOT peut s’avérer cruel. En puisant dans l’ambiguïté de son roman cette fois, le showrunner et scénariste Ryan Condal prend de nouvelles libertés. Moins cruel que dans les pages de Fire & Blood, il dépeint les basses besognes de deux mercenaires moins sadiques qu’on aurait pu y assister. Attention, HotD nous secoue dans cette nouvelle démonstration de cruauté. Seulement, elle temporise les actes qui y sont commis.

Si la scène ne m’a pas intensément bousculé, le jeu très subtil de Phia Saban m’a largement convaincu. Déjà merveilleusement caractérisée en quelques scènes dans cette détresse émotionnelle qui allie fragilité et folie, l’actrice dévoile une retenue et une sincérité désarmante dans son rôle d’Heleana Targaryen. Bien évidemment l’accomplissement de ses « prophéties » est plein de sens.

CONCLUSION

Enfin, si j’ai d’abord été déçu par l’absence d’Alicent durant la scène en question, j’ai particulièrement apprécié que sa fille vienne s’immiscer dans sa chambre alors qu’elle se trouve en pleins ébats avec Cole. De cette façon, House of the Dragon fait un retour en demi-teinte. Entre génie et retenu.

Je reste tiraillé entre la force de son jeu, d’acteurs comme politique, et le muselage nécessaire de son intrigue. Difficile d’être complètement objectif toutefois après autant d’attente, preuve que la série dispose d’un fort sex-appeal. Toujours est-il que l’été s’annonce chaud, le jeu tendu, et que huit épisodes vont vite être engloutie. Espérons qu’ils contentent maintenant.


Les + :

  • Une intrigue qui a du sens, large bien qu’elle soit condensée à une heure pour sa reprise.
  • Quelques profils méchamment magnétiques et nuancés. Ses têtes d’affiche, Emma d’Arcy, Olivia Cooke, Rhys Ifans et Matt Smith toujours au-dessus du lot.
  • Le retour d’Alan Taylor à la réalisation, pour une saga plus Game of Thrones que jamais.
  • Un nouveau tour d’horizon de ses lieux les plus iconiques.
  • Une force émotionnelle qui s’allie toujours merveilleusement à son sens de la tragédie. Du deuil de Rhaenyra à la détresse psychologique d’Heleana.

Les – :

  • Une intrigue riche et dense, mais qui demeure (pour le moment) muselé par ses grandes ambitions tragiques.
  • Avec beaucoup de personnages remis sur le devant de la scène, le montage peine à en éclairer certains à leurs justes valeurs.
  • Avec la mise en œuvre d’une scène fondatrice de la guerre totale à venir, la série tempère. Elle tempère en cruauté là où son ambiguïté demeure cependant plus réaliste dans l’acte commis.

MA NOTE :

MON CAMP FAVORI DURANT L’ÉPISODE : TEAM GREEN

Les crédits

RÉALISATION : Alan Taylor / SCÉNARIO : Ryan Condal

DIFFUSION (France) : 17 Juin 2024 / DURÉE : 58mn

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