HOUSE OF THE DRAGON – saison 1 (Part. II)

SUCCESSION PAR LE FEU 🔥 ET LE SANG

AVIS & ANALYSE : Depuis fin août les amateurs de fantasy sont aux anges. Avec deux productions (et prequel) majeurs sur petit-écran, le succès est au rendez-vous. A chacun d’apprécier l’une ou l’autre, ou les deux, ici HOUSE OF THE DRAGON sur HBO pulvérise à nouveau la concurrence. Et à mon sens rempli bien plus ses attentes que son adversaire THE RINGS OF POWER qui s’est achevée 10 jours auparavant. 

Et si la chaîne câblée américaine ne nous a jamais vraiment déçu jusqu’à présent, certaines craintes étaient de mise après le succès mondiale de GAME OF THRONES. D’abord artistique, avec un showrunner peu engageant en la personne de Ryan Condal, et pourtant… Et pourtant après visionnage et revisionnage cette première saison d’HOUSE OF THE DRAGON est une belle surprise. Ou du moins un démarrage très solide malgré le déroulement d’une intrigue atrocement casse-gueule. 

Pour retrouver la première partie de la critique de la saison 1 c'est : ICI  

RETOUR VERS LE FUTUR

Sa première partie nous le démontre : le récit de cette nouvelle saga, qui explore le passé du règne Targaryen, navigue avec le temps. Sans réel indicatif, avec certes (beaucoup) moins de personnages dans le récit, il faut connaître un minimum l’univers dense de G.R.R Martin pour saisir la grandeur des enjeux présentés. La série dispose dans tous les cas d’un caractère intime qui l’éloigne de son aînée. Là où elle s’avère toujours très nuancée vis-à-vis de ses personnages. 

Après son introduction, les cinq premiers épisodes naviguent alors sur quelques années. Tout en introduisant quelques profils forts au centre de son récit. Parmi eux, deux jeunes et magnifiques révélations féminines : Milly Alcock et Emily Carey. Avec elles, l’intimité et la fragilité d’une sororité cruciale dans la suite de l’histoire.

Cette seconde partie décuple ses ambitions (et les risques) en débutant avec un sixième épisode « The Princess and the Queen » qui fait presque office de second pilote. La preuve, l’épisode, et le suivant, sont même réalisés par le metteur en scène adulé Miguel Sapochnik. 10 ans séparent donc le mariage sanglant (une tradition) et de connivence (tout aussi traditionnel) de la fougueuse Rhaenyra Targaryen avec un Velaryon. Puis 6, après le nouveau mariage de Rhaenyra avec son oncle Deamon (Matt Smith, qui vole toujours chaque scène).

Largement teasé depuis la mise en chantier de la production, c’est donc deux nouveaux visages, adultes et féminins, qui prennent place au centre de l’intrigue. Deux personnages féminins centrales qui disposent d’une magnifique mise en lumière (toujours très naturelle) à l’écran. Et sur le papier. Si Emma D’Arcy n’atteint tout d’abord pas le charme et la fougue de son interprète jeune, Olivia Cooke impressionne. Et ceux dans son rôle de femme aux multiples facettes, qui multiplie les regards désespérés.

PLACE FORTE

L’évolution du profil atypique de chacune avait la particularité d’être changeant vis-à-vis du nombre de responsabilités qui incombent leurs positions respectives. Là où les hommes vieillissent et se rembrunissent, bercer parfois d’amertume. Rhaenyra et Alicent, elles, deviennent mères, et c’est également leurs progénitures qui prennent une place majeures dans le récit. Par le biais d’interprètes évolutifs et définitifs à partir du huitième épisode.

Un récit qui se densifie et opère des changements radicaux dans son casting. Ce qui peut déstabiliser aux premiers abords, encore une fois les moins accoutumés. Des changements heureusement réussi, comme le prouve le magnétique Ewan Mitchell dans la peau de Aemond Targaryen. Et comme ses scénaristes l’ont décidés, l’intrigue se concentre sur des événements majeurs afin de ne pas trop s’éparpiller à l’écran. Avant tout à la Capitale, dans des décors familiers et toujours bien mis en valeur.

Hormis la forteresse grandiose de Peyredragon, ou Lamarck la demeure Velaryon, ont aurait apprécié davantage de lieux atypiques. Car chaque épisode décortique certains moments clés qui enrichissent la genèse de la guerre. Et de ce qui en découle dans les arcanes familiaux. D’un accouchement, d’un enterrement (à la mer), d’une revendication politique jusqu’à un Coup d’État.

ET SECONDES FACETTES

A tour de rôle les principaux personnages disposent de moments cruciaux qui mettent en valeur leurs dilemmes et aspirations politiques. En parallèle, cette deuxième partie de saison laisse plus de place aux seconds rôles qui enrichissent son univers. De l’orgueilleux Corlys (Steve Toussaint), à sa femme Rhaenys (Eve Best) la Reine qui ne le fût pas, qui s’illustre sur son dragon.

Jusqu’à un maître confesseur impitoyable (Matthew Needham), une mystérieuse chuchoteuse (Sonoya Mizuno), à un chevalier antipathique (Fabien Frankel). Et même si parfois l’intrigue ne les fait durer que le temps d’un épisode, la plupart remplissent un rôle prépondérant. 

L’ÉMOTION NOUS ÉGARE : C’EST SON PRINCIPAL MÉRITE

Et pour que le récit fonctionne, car il fonctionne indéniablement, c’est la densité de son scénario qui épate. Ou sa finesse. Car en plus d’une certaine expertise a la réalisation qu’on retrouve grâce à des metteurs en scènes engagés, il y a la subtilité de son écriture qui simente le tout. Des subtilités qui renforcent le récit et transcendent sa dramaturgie. La transformant de simple tragédie médiévale en arcanes familial du pouvoir et de la division. 

Son écriture est d’autant plus réussie qu’elle accomplit un petit exploit. Celui d’additionner des dialogues inspirés à un jeu d’ambiance et de regards saisissants. En soit deux forces de GOT entre le début de sa saga et sa fin. Sauf qu’ici HOUSE OF THE DRAGON se base sur un roman nuancé et pas fleuve comme celui débuté par George R.R Martin dans les années 90. 

Elle apporte également un réel regard féminin à son récit par des rôles de femmes conditionnés aux fonctions et aux désirs masculins. L’indépendance et le besoin de libertés qui en découlent, ceux de briser une ligne définis, seront pas ailleurs parfaitement mis en valeurs. De leurs possibilités et impossibilités.

Puis il y a subtilité qui entoure la mort du Roi (Paddy Considine) lors d’un huitième épisode grandiose. Accoutumer au principe de la mortalité récurrentes des personnages, les scénaristes parviennent à donner une perception inédite au trépas du suzerain. Mort en sursis, véritable zombie, sa décrépitude atteint un paroxysme bluffant. D’autant que celle-ci est très vite teasée durant la saison. Pourtant, au terme d’une réelle mélancolie, sa disparition s’avère bouleversante. 

LA FINESSE DU MOMENT

Le talent de son interprète y est pour beaucoup. Tout comme ses interlocuteurs et leur tristesse n’ont feint. A ce propos, la scène improvisée dans la salle du trône d’un frère ramassant la couronne (qu’il a un temps désiré) pour la replacer sur la tête de son propriétaire demeure un grand moment de cinéma. 

Des grands moments, ce qui manque en partie aux cinq premiers épisodes, a contrario d’une deuxième partie plus intense. Il faut d’ailleurs retenir l’immense talent de compositeur de Ramin Djawadi qui dévoile des titres inédits aussi lyriques qu’épique. 

Pour autant, la série n’est pas exempte de tous défauts. Même si la liste est courte. Faute de temps, ou peut-être de budget même si cela paraît peu probable, certains effets spéciaux manquent de finesse. Rien de très laid, et avant tout sur les bâtiments ou même ce qui entourent la foule. A contrario le design des différents dragons impressionne encore. Notamment l’imposant Vhagar dans une superbe chevauché nocturne durant l’épisode 7 jusqu’à celle du 10. Ou le rouge vif Meleys dans le neuvième

Son rythme « lent » n’en est pas vraiment un car la densité du scénario ne parvient pas à ennuyer malgré la longueur de cette saison. Qui additionne tout de même une bonne heure à presque chaque épisode. 

Ainsi, après un mariage incestueux entre deux personnages grandioses, de nombreuses manipulations de couloirs (qui font le sel de la saga) jusqu’à une paix presque notable dans un dîner de famille sous tension, la poésie laisse place à la guerre. Du simple fait d’une allégorie incomprise les évènements s’accélèrent jusqu’au coup d’État. Et la tragédie qui suit et lance la guerre. 

DIVISÉS POUR MIEUX S’ENTRETUER.

Lors des deux derniers épisodes, la série se paye même le luxe de présenter l’après décès du Roi de chaque côté des deux clans. D’abord avec celui des Verts qui intronise devant le peuple de Port-Réal le lubrique Aegon II (Tom Glynn-Carney). Puis dans un second temps, le clan des Noirs à Peyredragon, avec une Rhaenyra qui essuie les tragédies. Dans un final tant attendue, après un avant dernier épisode qui temporise, le résultat ne déçoit pas.

HOUSE OF THE DRAGON a en effet cumuler un certain nombre de qualités au cours de sa diffusion. Avec son dixième épisode elle les conjugue toutes pour bonifier ce qu’elle dévoile lors de sa dernière heure. Avec un sens aiguisé pour son contexte épique, poétique et tragique, sans oublier son sens du spectacle, la série lance sa Danse dans un dernier regard révélateur. Elle saisit une mesure de sa dramaturgie, et parvient à user d’un recul puis d’une perspective pour la suite.

La guerre est loin d’être gagnée pour autant. Pour la production. Et ce malgré une future succession d’événements tragiques qui vont alimenter cette Danse. Elle devra maintenir avec rigueur cette nuance constante et magnifier ses moments tragiques pour nous surprendre. Cela demeure très engageant. Compte tenu du caractère épique du show, malgré l’exercice périlleux qu’est cette saison d’introduction. 

Quoi qu’il en soit, se replonger dans l’univers imaginé par George R.R. Martin fut un plaisir inouï. Et addictif semaine après semaine. Le constat est plus que positif et dispose d’une dimension shakespearienne intime et profonde. HBO aura su éviter le piège du spin-off à but purement lucratif (même si la série génère des bénéfices déjà fou) pour quelque chose de plus ample. Accélérons le temps à présent pour un retour probable en 2024… 

Première partie de la critique de la saison 1 : ICI

CONCLUSION

Les + (de la seconde partie) :

  • Des moments plus épique et tragique qu’en première partie de saison
  • Un renouveau du casting qui fonctionne à merveille
  • Le trépas émotionnel du spectateur lors de celui du Roi Viserys, magnifié par la performance de Paddy Considine
  • La subtilité du scénario
  • La bande-originale de Ramin Djawadi qui transcende les grandes scènes

Les – (de la seconde partie) :

  • Malgré sa rigueur sur des moments clés de l’histoire, une intrigue qui avance à toute berzingue
  • Certains dragons vu trop succinctement
  • Quelques effets spéciaux qui manque de finesse

MA NOTE (de la seconde partie) : 18.5/20

CRÉATEUR(s): Ryan Condal & George R.R. Martin

AVEC : Paddy Considine, Olivia Cooke, Emma D’Arcy, Rhys Ifans, et Matt Smith,

Steve Toussaint, Eve Best, Fabien Frankel, Sonoya Mizuno, Graham McTavish, Matthew Needham, Jefferson Hall,

Ewan Mitchell, Tom Glynn-Carney, Harry Collett, Bethany Antonia, Phoebe Campbell, Phia Saban,

mais aussi : Elliot Grihault, Bill Paterson, Gavin Spokes, Ryan Corr, Wil Johnson, John Macmillan, Nanna Blondell, Kurt Egyiawan, Luke Tittensor, Elliott Tittensor (…)

ÉPISODES : 5 / Durée (moyenne) : 1h / DIFFUSION : 2022

GENRE(s) : Drame, Aventure, Fantastique / CHAÎNE : HBO

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