EN DEUX MOTS : Dernière nouveauté de taille en cette fin d’année 2018, la discrète nouvelle mini-série de Showtime, Escape at Dannemora détaille méthodiquement la réelle évasion, et cavale, de deux prisonniers d’un pénitencier de l’Etat de New York, en 2015. Une histoire vraie survenue sur plusieurs mois de cette même année (grossièrement 1 mois par épisode) et qui passionna le peuple Américain durant les trois semaines de chasse à l’homme qui s’ensuivit en Juin.
C’est évidemment là que la limite de la fiction dépasse la réalité, puisque la série détaille son histoire sous le point de vue de trois personnages centraux. Pour interpréter la figure féminine du trio de tête dans un rôle majeur de bouc émissaire, dindon de la farce, et outil d’évasion pour nos deux malfrats, on retrouve la convaincante Patricia Arquette.
Enlaidie à l’accès afin de coller au portrait réel de cette superviseuse d’atelier de couture du pénitencier nommée Joyce ‘’Tilly’’ Mitchell, son personnage est un portrait dense et plus complexe qu’il n’y paraît pour cette femme qui entama une liaison avec chacun des deux détenus, avant de les aidés. Elle donne la réplique au charismatique Benicio Del Toro diablement intense dans la peau du violent Richard Matt, ainsi qu’au plus jeune et surprenant Paul Dano qui incarne lui, David Sweat.
Tandis que ces acteurs de renoms jouent de performances devant la caméra (avec comme récurrent supplémentaire David Morse, dans la peau d’un gardien laxiste), derrière la caméra c’est le bien connu Ben Stiller qui réalise l’intégralité des 7 épisodes de la mini-série, et signe par la même occasion sa meilleure réalisation jusqu’à lors. Format 16:9, plan large, serré, travelling, ou statique, le metteur en scène remplit le cahier des charges d’une réalisation solide qui prête à l’authentique.
A l’écriture on retrouve les deux showrunners (Brett Johnson & Michael Tolkin), une fois encore sur les 7 épisodes, pour un résultat au montage drôlement efficace. En effet la préparation de l’évasion et l’évasion elle-même se fait sur l’intégralité des 5 premiers épisodes, d’une durée moyenne de 55 minutes. 5 épisodes durant lesquels les scénaristes, et la mise en scène, décomposent la vie carcérale (et parallèlement l’univers de Tilly) en utilisant habilement les décors afin de renforcer la métaphore d’étouffement chez les personnages.
Après leur évasion, le 6ème épisode effectue un revirement dans la time-line et détail en 3 parties un événement passé crucial pour chacun des principaux protagonistes : les meurtres ayant conduit nos deux détenus à la perpétuité, et l’infidélité récurrente dans la jeunesse de Tilly, bien plus manipulatrice qu’elle n’y paraît. Enfin, le final d’1h40 s’attarde sur la traque de Matt et Sweat à travers l’Etat durant 3 semaines, qui se soldera par la mort du premier, et l’incarcération définitive du second, à quelques centaines de mètres de la frontière Canadienne.
Le manque total d’images d’archives dans ce final renforce le côté fiction bien présent dans le show qui s’impose comme une œuvre réussi et révélatrice sur l’aspect du rêve Américain moderne et brisé. Solide et efficace, l’une des productions fortes de l’année 2018.
MA NOTE : 15/20
CRÉATEUR(s): Brett Johnson & Michael Tolkin
AVEC: Benicio Del Toro, Paul Dano, et Patricia Arquette,
mais aussi : Bonnie Hunt, Eric Lange, Jeremy Bobb, et David Morse (…)
EPISODES : 7 / Durée : 58mn ANNÉE DE DIFFUSION : 2018
GENRE : Drame, Biopic CHAÎNE DE DIFFUSION : Showtime