DEXTER : Original Sin

EN DEUX MOTS : Il y a plus de dix ans, la série culte DEXTER s’achevait dans la douleur. Une fin décriée parmi tant d’autres, mais qui avait particulièrement déplut par ses multiples choix narratifs. Le tueur en série le plus célèbre (et sympathique) du petit-écran faisait alors son retour en 2021 dans une nouvelle série intitulé New Blood. Une suite en forme de fausse légation, pas si mauvaise, mais tout de même assez oubliable. De quoi néanmoins clore l’histoire de l’iconique Dexter Morgan avec plus de cohérence… Sauf que non.

Depuis, une autre suite, intitulé « Resurrection » (eh oui…) a été annoncée et va voir le jour. Dans le courant de cette année, qui plus est. L’ensemble, toujours chapeauté par Clyde Phillips, l’un des multiples scénaristes de la série d’origine, se voit aujourd’hui doté d’un pur préquel avec Original Sin, qui revient sur les années charnières du tueur.

En 1991 à Miami, Dexter est un étudiant en passe de devenir un tueur en série. Lorsque ses pulsions sanguinaires ne peuvent plus être ignorées, le jeune homme trouve réconfort et compréhension auprès de Harry, son père adoptif. Celui-ci lui enseigne des règles pour l’aider à repérer et à tuer des personnes qui méritent de mourir, tout en évitant de se faire coincer par les forces de l’ordre. C’est un défi particulier pour le stagiaire débutant en médecine légale au département de police de Miami.

Prequel axé sur la jeunesse du tueur immortalisé par Michael C. Hall. Les événements se déroulent 15 ans avant la série originale « Dexter » (2006-2013).

Si on peut y déceler une certaine continuité rassurante, cette nouvelle production se pose comme un préquel gentiment inutile. On appréciera toutefois le retour récurrent de Michael C. Hall en voix-off, tandis que sa scène introductive fait le lien avec la série à venir. Dans tous les cas, Original Sin est empreint d’une très forte nostalgie. Pour preuve, ce spin-off déborde de clin d’œil (parfois littéralement) et d’éléments qui rappelle la série originale.

De son casting, son générique, ses thèmes musicaux, sa ligne policière à son ambiance latine et légère typique, malgré ses événements macabres, cette nouvelle série de l’univers DEXTER nous ramène en terrain connu. Peut-être trop. En effet, passer le charme de ses premières saisons, la série s’était farouchement approcher d’une production négligée. Ainsi, ce préquel en tutoie (et en singe) les caractéristiques pour un résultat efficace, mais diablement peu original. Et parfois presque nanardesque.

Original copycat.

Sous les traits charmeurs de Patrick Gibson, l’acteur de 29 ans tente d’insuffler dans son jeu le caractère atypique du tueur, via son manque d’empathie ou ses airs vaguement inquiétants. Pour un résultat à double tranchant, tant il s’avère fidèle, mais maintenu par l’acteur d’origine. À ses côtes, les Morgan prennent vie via les performances plus libres, mais marquées. De Molly Brown (entre vulgarité et désinvolture) et surtout Christian Slater dans la peau d’Harry, père et créateur du « code ».

Survient ici la première incohérence majeure avec la série d’origine, à savoir l’absence du Dr. Vogel, co-créatrice du code au côté du père de Dexter. L’occasion pour la franchise de gommer l’une des nombreuses lacunes de ses dernières saisons et de se reconnecter avec la nostalgie des 4 premières saisons. (les quatre suivantes parachevant peu à peu le déclin de la série policière). Pour preuve, côté distribution, ce préquel n’y va pas de main morte via ses copies conformes de l’entourage récurrent de Dexter.

De l’agaçant, mais attendrissant Masuka (Vince Shimizu), l’inspecteur cubain Batista (James Martinez) et enfin la belle LaGuerta (Christina Milian). 15 ans sépare l’histoire de ce préquel et la première saison et pourtant Original Sin se délecte dans être une réplique nostalgique. Hélas, avec un sens de la narration bien moins percutant.

Mon péché est policier.

Au fil des saisons, la série DEXTER se composait de nombreux flashbacks explicatifs. Via ses informations sur la jeunesse mouvementée du tueur, la série n’avait que peu de surprises sur les événements passés. Dès lors, la notion de suspense s’avère quasi-nulle dans ce préquel malgré l’arrivée au casting de quelques personnages inédits. Patrick Dempsey et Sarah Michelle Gellar en tête.

Le Docteur Mamour et Buffy se dévoilent comme de simples caricatures, sous des enveloppes fades. Notamment concernant les secrets du Cpt. Spencer. Dans ce pur esprit d’intrigue et de fil rouge policier, Original Sin lève le voile sur quelques mystères de connivences. Même si jamais désagréable. Une fois encore, la série souffre d’un traitement de série B qui la rend attachante, mais jamais percutante.

Côté Thriller, ce préquel est une aventure plutôt bien dosée, qui, comme la série d’origine ponctue sa saison de quelques sales types qui vont servir de hors-d’œuvre à notre jeune tueur en plein apprentissage. Ici, la dynamique demeure plutôt efficace et notamment grâce au charme salvateur du jeune acteur irlandais.

En revanche, face à lui, la caractérisation d’Harry manque cruellement d’intensité et de gravité dans son rôle de mentor submergé. Comme le prouve d’ailleurs ses nombreux flashbacks aussi peu subtil qu’utile. En fin de saison, la série va même jusqu’à apporter une filiation supplémentaire à l’enfance de Dexter via un personnage central de son passé. Une filiation osée, mais qui révèle bien plus d’incohérences dans son exécution que d’intérêt hélas.

Conclusion

Ainsi, DEXTER : Original Sin s’inspire et souffre du charme et de la nostalgie qui résulte de la série culte. Sauf que quasiment 20 ans après son commencement, ce préquel aurait eu besoin de s’en absoudre un tantinet, plutôt que s’y plonger corps et âme. Cette production Showtime (en association avec Paramount +) se révèle alors bien plus kitsch qu’elle n’aurait dû l’être. Malgré son ambiance 90’s et vintage qui colle bien à la Floride.

Toutefois, difficile de réellement bouder cette série qui revient vraiment à la source de la formule DEXTER qui m’a personnellement accompagné durant quelques années.


Les + :

  • Une cohérence d’univers conséquente avec la présence de son showrunner et le retour de Michael C. Hall en voix-off.
  • Un jeune acteur – Patrick Gibson – plutôt très convaincant malgré l’exercice périlleux que représente sa prestation.
  • Une nostalgie réconfortante et qui colle bien avec l’ambiance latina macabre de Miami.
  • Une certaine efficacité non-négligeable.

Les – :

  • Un projet farouchement inutile et qui n’apporte rien de concret à l’univers de Dexter.
  • Une distribution globalement singée et peu inspirée.
  • Une nostalgie qui déborde abondamment, mais ne révèle aucune forme d’originalité.
  • Une production globalement nanardesque et kitsch.
  • Des révélations et des éléments narratifs inédits aux yeux plus gros que le ventre.

MA NOTE : 13/20

Les crédits

CRÉATEUR : Clyde Phillips

AVEC : Patrick Gibson, Christian Slater, Molly Brown, Christina Milian, James Martinez, Vince Shimizu, Reno Wilson, avec Patrick Dempsey, et la voix de Michael C. Hall,

special guest star : Sarah Michelle Gellar, mais aussi : Brittany Allen, Aaron Jennings, Raquel Justice, Isaac Gonzalez Rossi, Roby Attal (…)

ÉPISODES : 10 / Durée moyenne : 50mn / DIFFUSION : 2024-25 / CHAÎNE : Showtime

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *