DEAD RINGERS

EN DEUX MOTS : Significative et curieuse nouveauté dévoilée sur Amazon Prime Video au printemps, DEAD RINGERS est typiquement une production qui risque de diviser. Et pour plusieurs raisons. D’abord il s’agit d’un remake d’un film reconnu du même nom, réalisé par David Cronenberg. Ensuite son thème et son propos demeure très peu accessible pour les amateurs de séries aux genres conventionnels.

Elliot et Beverly Mantle sont des jumelles qui partagent tout : la drogue, les amants et un désir non dissimulé de faire tout ce qu’il faut, y compris repousser les limites de l’éthique médicale dans le but de remettre en question des pratiques désuètes et de mettre les soins de santé des femmes au premier plan.

D’après le roman « Twins » (de Bari Wood et Jack Geasland) déjà adapté en 1988 au cinéma par David Cronenberg.

Allociné

Néanmoins son synopsis officiel se révèle être légèrement mensonger sur ce qui lie les deux sœurs jumelles (Rachel Weisz). De plus, ma critique se base sur la découverte de cette intrigue, n’ayant ni lu le roman en question, ni vu le film de Cronenberg. Difficile donc de comparer. Mon point de vue est ainsi focalisé sur l’intégralité de cette mini série.

ALTER-EGO, SOSIE, FAUX-SEMBLANTS…

En France, sur la plateforme Prime Video, DEAD RINGERS s’intitule Faux-semblants. Une traduction logique mais pas littérale du titre VO qu’on pourrait également traduire par sosie ou alter-ego. Ce titre se révèle être le ciment de cette production qui dispose d’une multitude de thèmes abordés.

Au centre pourtant, seule la vision intime, féministe, sur la maternité est essentielle. Et bien sûr la connexion entre deux sœurs, peu à peu déchirées par la jalousie d’une attraction extérieure (représenté par une jeune et talentueuse actrice de série (Britne Oldford)).

Rachel Weisz, immense et principale attraction du show prend toute la place à l’écran, dans un double rôle où elle se donne elle-même la réplique. Le point positif réside dans la différence notable des deux sœurs Mantle, Elliot & Beverly. Identique mais diamétralement opposée. C’est ce point précis qui ne reflète pas totalement la vérité dans son synopsis. Mais tant mieux.

Elliot s’avère franc du collier, vulgaire (avec ses fuck à toute les sauces), débridée (multipliant les drogues et les expériences sexuelles), et curieuse dans ses explorations scientifiques. Beverly demeure plus nuancée. Introvertie, empathique, passionnée par son sens et ses envies de maternité, puis d’amour féminin. Mais avec de réelles sursauts de vérités (ou méchancetés gratuites).

Pourtant, autour d’elle(s) seulement 4 interprètes rejoignent le casting de récurrents. Et à peu près autant de guests viennent, de façon concrète, donner la réplique à la (double) tête d’affiche. Cela révèle un problème majeur de l’intrigue incapable de s’extraire de ses principaux personnages. Une vision à double tranchant et formellement trop étriqué sur la longueur.

L’ARGUMENT DU CHOC ET DU BIZARRE

DEAD RINGERS joue également de sa non conformité dès son ouverture. Son pilote (très sobrement intitulé « Un » pour clarifier le numéro des épisodes) dispose d’une volonté, peu subtile, de choquée. Accouchements en gros plans, sexe lubrique, étrangeté et gerbes de sangs, etc… Plusieurs événements qui feront décrocher un grand nombre de spectateurs, c’est certains. C’est bien dommage car son second épisode s’avère assez brillant (pour tout à chacun). Chose que la série va répéter dans ses scènes terribles de dîner.

En 6 épisodes d’une heure (à peine si on lui soustrait ses longues minutes de crédit en fin d’épisodes) la mini-série multiplie les pistes, et sous pistes narratives. Hélas pour peu de résultat dans sa finalité. Car il s’agit bel et bien d’une mini-série, peut-être trop gourmande puisqu’elle semble largement étirée son sujet dans sa forme. Tout comme les genres qu’elle abordent. La série ne semble que les abordés s’en jamais choisir où s’en nourrir réellement. Cela fait d’elle une œuvre incomplète.

Toutefois son enveloppe s’avère exquise. Photographie, mise en scène, bande-son, DEAD RINGERS est un délice. Principalement visuel. Sa showrunner, Alice Birch (notamment scénariste sur la saison 2 du mastodonte SUCCESSION) délivre par ailleurs quelques joutes verbales succulentes et malignes. Mais c’est principalement son travail sur The Wonder ou The Young Lady qui prédomine ici pour sa vision féministe du projet.

Ce drame, ou thriller teinté d’horreur, semble être un remake moderne qui s’émancipe aisément de son aîné. Encore une fois, difficile de statuer sans avoir vu l’original. Quoi qu’il en soit, et malgré ses défauts significatifs, DEAD RINGERS mérite le coup d’œil par la seule prestation dantesque de Rachel Weisz. Cela semble peu, mais autour de son enveloppe délicieuse et psychotique c’est suffisant.


CONCLUSION

Les + :

  • Rachel Weisz, impériale et multiple
  • Sa force esthétique
  • Quelques joutes verbales croustillantes

Les – :

  • Une volonté inutile de choqué, à ses débuts
  • Une intrigue qui s’étire, avec une qualité en dent de scie
  • Une tête d’affiche qui prend toute la place, et qui écrase par la même occasion ses seconds rôles
  • Un nombre de thèmes et de genres abordés sans donner suites

MA NOTE : 12.5/20

CRÉATEUR : Alice Birch

AVEC : Rachel Weisz, Britne Oldford, Jennifer Ehle, Michael Chernus, Poppy Liu, mais aussi : Emily Meade, Ntare Mwine (…)

ÉPISODES : 6 / Durée : 58mn / DIFFUSION : 2023

GENRE : Drame, Thriller, Épouvante-horreur / CHAÎNE : Amazon

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