TRUE DETECTIVE – saison 2 (anthologie)

La Californie sans tralala

EN DEUX MOTS : L’une des plus grosse attente de l’année était le retour de TRUE DETECTIVE, un et demi après une 1ère saison qui avait fait sensation dans ses audiences, comme dans ses critiques (public et presse). Pourtant, la saison 2 n’a pas reçu les mêmes éloges, loin de là. Si le succès des audiences est encore meilleur, le succès critique, lui, est assez mauvais.

A quoi cela est dû ? Pour beaucoup, la lenteur et la confusion inutile du scénario, et des personnages pas suffisamment travaillés en profondeur. Il y a clairement du vrai dans ses propos, mais surtout il y a la frustration d’une intrigue qui ose se renouveler. Et aussi car sa 1ère saison placée la barre haut, très (trop) haut ?

Exit la Louisiane donc, bonjour la Californie, mais pas comme on la connaît. Outre L.A, l’intrigue évolue dans une petite ville industrielle, pauvre, qui pue l’alcool, l’argent sale et la corruption. Le récit, toujours policier, s’appuie moins sur les détails d’une enquête, mais plus sur les hommes et les répercussions qu’elle entraîne dans sa spirale d’intérêts sociaux et/ou financiers.

C’est davantage un jeu du chat et de la souris, qui s’appuie sur une sordide affaire de corruption. Les faux-semblants sont constant et la position de chacun, incertaine (une force de cette saison). Mais la différence de taille réside dans son nombre de personnages principaux, passant du simple au double. En les présentant sommairement :          

  • Ray (Colin Farrell), un inspecteur corrompu anéanti par le viol de son ex-femme, une dizaine d’années auparavant. Il fit justice lui-même, et tomba dans une spirale de drogue, de dette, et d’alcool.
  • Ani (Rachel McAdams), une flic chevronnée et de terrain. Froide et disciplinée, chargée de résoudre le mystérieux meurtre du mystérieux Caspere, ainsi que lever le voile sur différentes corruption au sein de la ville fictive de Vinci, dans le comté de Los Angeles.
  • Paul (Taylor Kitch), un jeune patrouilleur sur autoroutes homosexuel refoulé et traumatisé, d’abord relever des ses fonctions, mais qui basculera dans l’enquête avec les deux autres flics après avoir découvert le corps de Caspere.
  • Et Frank (Vince Vaughn), un gangster de renom sur le point de conclure une affaire impliquant tout ses fonds personnel. Il se retrouve dos au mur avec sa femme (Kelly Reily), du à la perte de son argent dans le meurtre de son associer. C’est lui-même qui renseigna Ray (Colin F.) pour le violeur, et depuis il le corrompt contre différents services.

Dans tous les cas, Pizzolatto aime décrire ses principaux profils policiers comme des sujets enclins à l’autodestruction. Le format reste à priori identique – 8 épisodes – même si leurs durées augmentent (surtout son final d’1h25…) et que l’intrigue s’avère bien plus tentaculaire (à l’image de ses autoroutes qui s’entrelacent), et multiplie les protagonistes.

Tout comme la 1ère saison, les premiers épisodes amènent à un développement révélant peu à peu ses personnages, en surface plus que dans la profondeur toutefois, et bien qu’elle freine cette fois l’éclaircissement de sa sordide affaire. Les dix dernières minutes du 4ème épisode ‘’Down Will Come’’ – rappelant la fin du 4ème épisode de la précédente saison justement – nous amène alors à une furieuse et sanglante fusillade (une trentaine de morts, entre policiers, gangsters, et civils), renversant enfin le pouvoir de l’intrigue par une ellipse temporel de 2 mois.

Et si la suite du récit est loin d’atteindre la réussite de la saison 1, elle met en lumière des interactions efficace entre les têtes d’affiches et révèle une tension déjà existante, bien que mal exploité jusqu’à présent.

Ainsi, si la 2ème partie de la saison ne gomme pas les défauts de rythme et de cohésion générale des épisodes précédents, elle corrige le tir d’une suite qui ose renouveler sa formule. Elle multiplie alors les moments réussi : de la soirée infiltrée (un moment étouffant, malsain et déroutant qui met en lumière la luxure excessive des corrompus et des puissants), à la traque mis en place dans les deux derniers épisodes amenant à la mort de trois des quatre protagonistes principaux. De Paul froidement exécuté par surprise après un moment de gloire, à Frank se vidant de son sang, après un face à face vaniteux contre des dealeurs, jusqu’à Ray abattu par des flics pourris, après avoir été à deux doigts de s’échapper.

Une fin subtile et injuste, qui, grâce à une écriture suffisamment maitrisé permet de (modérément) nous attacher aux sorts de nos héros, mais proche de la réalité (comme son créateur l’aime) qui sait se stopper au bon moment dans son récit.

Même si la série possède un bon nombre d’imperfections et pâtie de la comparaison assommante à sa 1ère saison, on retiendra la subtilité des principaux jeux d’acteurs – Colin Farrell, visage démoli, expressions impressionnante, excelle, tandis que Vince Vaughn et Rachel McAdams, parviennent à être bien plus épatant dans le registre du polar que de la comédie.

Alors certes, cette 2ème saison anthologique s’avère beaucoup moins bonne que la 1ère. Son intrigue plus confuse et son rythme en dent de scie n’aide pas le récit. Il y a un manque flagrant de cohésion sur l’ensemble (chose qu’on peut expliquer par le nombre de réalisateurs que se succèdent – 6 au total) et le lieu pourtant hypnotique de Los Angeles n’est pas suffisamment appuyé à l’écran. Mais il y aussi quelques touches toute en finesse dans l’histoire. Notamment autour du personnage de Ray et de la proximité peu commune qu’il tente d’avoir avec son fils. L’homosexualité refoulée de Paul, ou le trauma commun sur l’enfance des personnages. Ou simplement un générique encore une fois impressionnant esthétiquement.

La saison 2 n’est pas la saison 1, c’est pour ses différences qu’on l’aime (moins), mais aussi car TRUE DETECTIVE sait clairement dégager quelques choses de fort et puissant dans ses images ! Vivement donc une autre, sombre histoire de Nic Pizzolatto !   


MA NOTE : 16/20

CREATEUR: Nic Pizzolatto

AVEC: Colin Farrell, Vince Vaughn Rachel McAdams, Taylor Kitsch, Kelly Reilly,

mais aussi : Christopher J. Baker, Ritchie Coster, Michael Hyatt, James Frain, Afemo Omilami, Chris Kerson, Lolita Davidovich,

Timothy V. Murphy, John Lindstrom, Leven Rambin, Fred Ward, W. Earl Brown, Gabriel Luna, Abigail Spencer, et David Morse (…)       

 EPISODES : 8  / Durée : 58mn    ANNEE DE DIFFUSION : 2015

GENRE : Policier, Thriller, Drame   CHAINE DE DIFFUSION : HBO

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