THE OUTSIDER

Ma meilleure nouveauté ET série de 2020 !

EN DEUX MOTS : Déjà adapté une bonne cinquantaine de fois sur le petit et grand écran, on peut tout de même compter sur les doigts d’une main les réelles bonnes adaptations du maître de l’horreur fantastique : Stephen King ! Pourtant, quand l’américain (et référence) HBO décide d’adapter l’auteur, une lueur d’espoir apparaît pour tout fan qui se respectent.

La chaîne, promesse de qualité à elle seule, fait donc appel à un scénariste expérimenté de son écurie : Richard Price. (a l’écriture de notamment : The Wire, The Deuce, ou l’acclamée The Night Of qu’il a dirigé). Celui-ci officie aujourd’hui comme showrunner et scénariste sur la quasi-intégralité de la saison.

Pour sa 1ère diffusion, mini-série, et nouveauté de 2020, et plutôt que d’adapter un chef d’œuvre de l’auteur, HBO et la production nous prennent à contre-pied avec celle du roman : The Outsider. (paru en France en 2018). Un jeune roman qui mélange tout de même les thèmes de prédilections de l’auteur référence. À savoir : affaire policière macabre, aspect fantastique surnaturel et angoissant, sans oublier sa petite bourgade dont les habitants lambdas sont confrontés à d’atroces événements.

Le corps atrocement mutilé d’un garçon de onze ans est retrouvé dans une petite ville de l’Oklahoma. Les empreintes digitales et l’ADN présents sur les lieux du crime désignent aussitôt le coupable : Terry Maitland, l’un des habitants les plus respectés de la ville, entraîneur de l’équipe locale de baseball. L’affaire semble évidente à un détail près : Terry Maitland a un alibi en béton. Il était en effet à plusieurs centaines de kilomètres au moment où le meurtre a été commis. Le détective Ralph Anderson, proche de Maitland, est chargé de faire la lumière sur cette affaire pour le moins étrange. Et son explication pourrait bien dépasser l’entendement.

Allociné

Un scénario qui semble plutôt commun sur le papier (si on exclut son cliffhanger au début de la saison), mais qui puise toute sa force dans la démonstration de son ambiance, glaciale à souhait. C’est tout d’abord l’aura de son showrunner qui fait des merveilles ici. Habitué aux trames policière et sociale, il insuffle une force du naturel dans son écriture qui permet aux incartades d’épouvante et de fantastique d’interférer insidieusement dans l’intrigue. Et ce, de manière très efficace dans une Amérique intemporel et rural.

À l'occasion de la sortie de la plateforme MAX en ce mois de juin 2024, qui regroupe l'ensemble du riche catalogue HBO, petite revue de critique sur l'un de mes coups de cœur de ces dernières années : THE OUTSIDER. L'occasion de redécouvrir cette mini-série d'horreur policière après un troisième visionnage. Rien que ça.

Le KING à l’horreur.

THE OUTSIDER frappe avant tout par son esthétisme soigné. Son début de saison (le pan le plus fidèle du roman et le plus apprécié du public) nous met très rapidement dans l’ambiance. Sous un cadrage sage, posé, qui facilite l’angoisse (notamment dans les nombreuses scènes où l’outsider apparaît dans un plan fixe) le show maximise l’horreur dans le réel. C’est d’ailleurs l’acteur phare Jason Bateman (toujours très bon dans un registre dramatique) qui officie devant et derrière la caméra durant les deux premiers épisodes.

Dans un montage astucieux, le show fait coïncider ses mystères à son ambiance lugubre. Il construit une lente mythologie fantastique autour de la mort. Sur ses premiers épisodes, la série se montre à la fois austère et réaliste quand elle flirte avec la faucheuse. L’exemple le plus frappant se fait via la décimation de la famille de la jeune victime. Une succession d’horreur en tous genre, qui passe par la choquante scène de fusillade lors du second épisode. Un moment en deux temps qui marque la rétine.

L’horreur fait ainsi partie intégrante de cette adaptation languissante. Mais pas uniquement. Ce qui est curieux, c’est quand seulement quelques années l’industrie des séries télévisées fait peu à peu marche arrière sur leurs durées. THE OUTSIDER s’inscrit comme une production lente au contenu composé de multiples détails. La série se construit sur 10 épisodes assez complets même s’ils semblent parfois étirés.

Malgré un rythme linéaire, elle impose un grand sens du suspense à la décortication de son enquête, puis dans l’abattement des croyances qu’insuffle son mystérieux antagoniste. Une enquête qui va basculer en véritable traque sur ses 3 derniers épisodes, lesquels maintiennent une pression constante jusqu’à l’explosion de violence de son final. Seulement, avant ça, sa trame policière va longuement se construire autour d’une belle partition dramatique.

El cuco n’est pas cocue.

La réussite de sa partition dramatique s’effectue par ses personnages. Et notamment principaux. Avec une dizaine de récurrent, THE OUTSIDER ne se montre pas toujours égale dans leurs traitements respectifs. Néanmoins, avec deux principaux enquêteurs merveilleusement narrés, celle-ci fait mouche. En premier lieu, on y découvre l’Australien Ben Mendelsohn, épatant dans la peau d’un enquêteur terre-à-terre.

Le formidable acteur, plus habitué aux personnages white trash borderline, nous éloigne des standards du genre pour livrer une performance intense. Usé et pragmatique, ce flic en deuil demeure merveilleux dans l’abattement de ses certitudes. Surtout quand il croise la route de l’assez peu orthodoxe Holly Gibney.

Cette dernière apparaît à partir du 3ème épisode, dans un rôle féminin très riche, peu commun et lui vole même la vedette. La magnifique Cynthia Erivo (découverte dans Les Veuves) compose une version inédite de la détective. Un personnage cher au cœur de l’auteur (à laquelle il a consacré une excellente aventure solo en 2024). Tout deux forment un duo solide qui dispose d’un bon équilibre lors de cette plongée vers les ténèbres.

À noter que parallèlement, le casting secondaire n’est pas en reste. Si certains rôles manquent d’interactions durant l’enquête (on pense au génial Bill Camp ou au discret Jeremy Bobb) la qualité de la distribution est idéal. L’intrigue traite, par exemple, intelligemment du deuil et du harcèlement grâce au personnage de la veuve interprétée par Julianne Nicholson. Même l’étonnant rôle d’ancien taulard joué par Paddy Considine (qui va s’illustrer, deux ans plus tard, dans House of the Dragon) surprend agréablement dans son implication final.

CONCLUSION

Sa deuxième partie de saison s’avère plus discutable en termes de qualité. Même si elle regorge de moments forts. Son final a largement été contesté dans sa résolution. Imparfait, c’est certain. Toutefois, avant cela j’ai particulièrement apprécié la dynamique de groupe qui s’y instaure. Un point qui renforce son dénouement funeste, qui demeure à mon égard, un grand moment d’asphyxie et de terreur sourde. Avant une conclusion plus douce.

Quoi qu’il en soit, la mythologie du croque-mitaine demeure à son apogée dans le récit grâce à la rigueur du script. Un script qui laisse nombreuses questions sans réponses, et s’achève même par une scène post-générique cocasse. THE OUTSIDER s’impose à mes yeux comme une œuvre sombre et puissante, qui détient une force viscérale rare, sans occulté l’émotion. Un bijou noir !


Les + :

  • Enfin une adaptation fidèle du maître de l’horreur-fantastique : Stephen King. Cette min-série dévoile, notamment, une ambiance lugubre à souhait tout du long, grâce à son esthétisme.
  • L’écriture de l’émérite Richard Price, très à l’aise dans les trames sociales et qui fait coïncider l’horreur et l’étrange au réalisme de son déroulement d’enquête, minutieuse.
  • Une vaste distribution de qualité, composée en tête de deux enquêteurs que tout oppose. Dans un registre qui l’éloigne des standards du genre, Ben Mendelsohn est parfait, tandis que plus tardivement, Cynthia Erivo s’impose comme un profil délectable et peu orthodoxe.
  • Outre l’horreur macabre du récit, l’intrigue alimente sa partition dramatique habilement. Son mélange des deux genres, sous une dynamique policière, transpire de réalisme malgré son aura fantastique.
  • Son début de saison nous plonge très vite dans ce cauchemar surréaliste grâce à des incartades funestes parfois marquantes.
  • La dynamique de groupe qui s’instaure en fin de saison. Ce qui renforce émotionnellement l’estomaquant massacre qui s’ensuit.
  • L’habile fin ouverte.

Les – :

  • En faisant le choix d’une adaptation au format long, le show s’étire légèrement sur la longueur.
  • Quelques riches personnages (empreint de réel) qui auraient mérité qu’on s’y attarde un peu plus.
  • Un face-à-face final qui manque de force vive et de cruauté.

MA NOTE : 17.5/20

Les crédits

CRÉATEUR: Richard Price

AVEC: Ben Mendelsohn, Cynthia Erivo, Bill Camp, Jeremy Bobb, Julianne Nicholson, Marc Menchaca, Paddy Considine, Mare Winningham, Yul Vazquez,

mais aussi : Hettienne Park, Derek Cecil, Michael Esper, Max Beesley, Martin Bats Bradford, et Jason Bateman (…)

 ÉPISODES : 10 / Durée (moyenne) : 55mn / DIFFUSION : 2020 / CHAÎNE : HBO

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