EN DEUX MOTS : La dernière saga en date de l’excellent auteur David Simon pour HBO (et George Pelecanos, scénariste ayant déjà travaillé sur ses précédentes productions) s’achève ainsi, au terme de 3 saisons, comme le showrunner l’avait initialement choisi au début du projet, deux ans auparavant.
L’industrie du porno à donc bien évolué et le temps à passé, plus que jamais dans The Deuce. 7 ans pour être précis, disant adieu aux années 70 puisque cette dernière saison débute en 1985, dans un N.Y où règne la VHS et le VIH…
David Simon l’a plusieurs fois démontré dans ses histoires, rien n’est édulcoré et comme dans la vie, le temps passent, les choses finissent parfois mal, et souvent dans la nostalgie. Cette ultime saison en 8 épisodes sera donc celle du deuil. La fin d’une ère (de la pornographie où chacun se faisait du blé), de la désillusion (du rêve Américain) et surtout la fin d’une histoire (des gens qui la peuplent dans l’indifférence d’une ville changeante).
Dans le double rôle-titre : James Franco en sera la 1ère victime lorsqu’à la fin du 4ème épisode l’attachante tête brûlée, Franky, se fera plombé par un mafieux italien et finira par se vider de son sang dans les bras de son frère jumeau Vincent. A partir de là, chaque épisode apporte mort et destin funeste autour des personnages récurrents.
Le compagnon de Paul (Chris Coy / Aaron Dean Eisenberg) décède lentement et douloureusement du V.I.H, dont il est lui-même atteint (ép.5). Rudy (Michael Rispoli) finit injustement trahi par son homme de main, Tommy (Daniel Sauli), qui l’exécutera (ép.6). Lori (Emily Meade), dont la carrière dans le porno la peu à peu consumée, finit par se loger une balle dans la tête (ép.7). Et Big Mike (Mustafa Shakir), isolé et malade, décède du sida au fond d’une cabane dans les bois (ép.8).
Autant de situations et d’actes non spectaculaires, mais tristement familiers et destructeurs dans le quotidien des nombreux protagonistes de l’intrigue (mais aussi pour les téléspectateurs) présents depuis la 1ère heure. Avec cette émotion procurée, The Deuce saison 3 se révèle être un dernier acte idéal puisqu’il nous bouscule dans son réalisme et ses enjeux dramatiques.
L’épilogue de 10 minutes dans le final le prouve, dans cette scène qui suit longuement un Vincent septuagénaire dans les rues du N.Y de 2019. Celui-ci aperçoit de nombreux visages familiers d’une vie lointaine. Le dernier plan fait même apparaître son ancienne amour, Abby (Margarita Levieva), devenue avocate.
Si la série n’atteindra jamais l’épaisseur scénaristique de The Wire, son histoire vintage qui oscille entre réalisme et fiction évolue, avec son rythme, dans une dynamique beaucoup plus plaisante que Treme notamment. Ainsi, après la découverte crue et croustillante en Acte I, la passerelle narrative (le ventre mou de l’histoire) en Acte II, cette Acte III a le luxe de s’imposer comme la fin de parcours d’une époque révolue vieille de déjà 40 ans.
C’est donc une écriture méticuleuse du récit qui demeure ici, soigné, et qui encadre l’humain avant tout. Les messieurs et madame tout le monde évoluant dans des villes gangrenées par l’opulence et l’avarice de la nature humaine. Que cela soit Baltimore, La Nouvelle-Orléans, ou bien New-York, le schéma se répète et David Simon demeure un conteur du réel .
THE DEUCE se révèle aboutie, plus stylisé que ces précédentes productions, et pour tous les points énoncés ci-dessus une belle référence de ces dernières années chez HBO.
MA NOTE : 16/20
CREATEUR(s): David Simon & George Pelecanos
AVEC : James Franco, Maggie Gyllenhaal, Chris Coy, Chris Baeur, Lawrence Gilliard Jr., Margarita Levieva, Emily Meade, Luke Kirby, David Krumholtz, Michael Rispoli,
Sepideh Moafi, Olivia Luccardi, Daniel Sauli, Mustafa Shakir, Zoe Kazan, Aaron Dean Eisenberg, Corey Stoll, Domenick Lombardozzi, et David Morse (…)
EPISODES : 8 / Durée : 58mn ANNEE DE DIFFUSION : 2019
GENRE : Drame, Policier CHAINE DE DIFFUSION : HBO