EN DEUX MOTS : Initialement prévu pour Avril, soit 3 ans après la 3ème saison, Fargo débarque pour l’automne – faute à la pandémie. Une saison qu’on attendait plus, après autant d’absence, pour l’implication de son créateur – Noah Hawley – sur d’autres projets, et aussi car avec 3 anthologies aussi différentes que croustillantes Fargo semblait avoir fait le tour de son sujet, et par la même occasion du Minnesota.
Et pour cause, cette 4ème saison est celle du renouvellement pour plusieurs raisons. Tout d’abord car elle dévoile une intrigue bien antérieure aux précédentes, dans un lieu, une époque, et un État inédit *.
*1950. Dans un Kansas City marqué par d’importantes vagues migratoires, deux syndicats du crime – l’un d’origine italienne, et l’autre afro-américaine – se partagent le contrôle de l’économie souterraine qui repose sur la corruption, l’exploitation et la drogue. Afin de consolider leur pacte, les chefs des deux familles ont échangé leurs fils aînés.
Le second point de son intrigue qui demeure majeur dans son changement est le point de vue policier. Secondaire et corruptible ici, tandis que dans ses intrigues précédentes, Fargo favorise toujours une ou plusieurs figures policière représentant le ‘’bien’’ et la triste ironie face à la violence dans l’intrigue.
Ainsi, avec sa 4ème saison, Noah Hawley dévoile les fondements migratoires des Etats-Unis en traitant frontalement du racisme. Un cinéma différent, évolutif, et plus mature comparé à ses œuvres antérieures issus du même univers. Quoi qu’il en soit, cette 4ème saison conserve des similarités bien reconnaissables aux saisons précédentes, ce qui en fait une valeur sûre, et s’offre même un lien direct avec la 2ème saison de la saga, dévoilé à la toute fin de cette saison.
Distinguable par un enchevêtrement d’arc narratif reliant ses différents protagonistes – bien que sa ligne directrice soit plus linéaire – Fargo 4 ne déroge pas à la règle et, tout comme sa 2ème saison et ses multiples criminels, propose un (très) large choix de personnages à découvrir*. Toutefois on peut constater que son showrunner délivre plus d’importance, ou du moins plus d’empathie, envers la bande de Loy (Chris Rock) – les afro-américains – que les Italiens, plus vaniteux, déplaisants, et qui font davantage figures d’antagonistes.
Un léger manque d’ambiguïté qui fait légèrement perdre de sa superbe au show anthologique qui à toujours su magnifier ses différents protagonistes, qu’ils soient : maléfiques, empotés, lâches, ou simplement bons. Ici, Noah Hawley dresse un constat plus politique avec son thème sur la ségrégation raciale, qui perd par la même occasion de son mordant ironique au long de sa saison.
Une saison en 11 épisodes, aux durées très variables : Les 5 premiers épisodes durent une bonne heure, et demeurent une grosse introduction à ce nouvel univers et les nouveaux personnages qui le peuplent. Les suivants alternent leurs durées entre 40 et 50 minutes et décortiquent les rebondissements de la guerre opposant les deux clans. La dernière déception réside en cela – par une tension trop modérée, là où son genre (le thriller des années 50) s’apparente si bien au western et donc à une tension palpable et croissante.
Fargo saison 4 parvient difficilement à surprendre malgré une ambiance capitale qui chérit le 7ème art. De quoi rebondir en termes positif toutefois car si ses différentes formes de renouvellement s’avèrent moins incisifs qu’escompter le show conserve une force de cinéma dingue qui varie entre photographie crépusculaire, (l’ép. 9 ‘’East/West’’ en noir/blanc, et sa tornade est un régal pour les yeux) & mise en scène aussi virtuose qu’inspirée !
*La série s’offre une fois encore un bel univers grâce à des profils haut en couleurs. Tête d’affiche parmi les têtes d’affiches l’humoriste Chris Rock n’a jamais autant fait son âge (55ans) que dans la peau de Loy Cannon, en parrain malingre mais charismatique. Face à lui Jason Schwartzman est le choix parfait pour un personnage de fils gâté, chétif, avec trop de pouvoir entre les mains. Efficace et réussi mais convenue.
La vraie surprise vient de Jesse Buckley qui incarne une infirmière serial killer aussi dérangeante que mystérieuse. Additionnellement, Ben Whishaw, à contre-emploi, propose l’un des personnages les plus réussi de la franchise. Dans la peau d’un flic corrompu, traumatisé et toqué Jack Huston finira plombé par le taureau Italien, massif, à l’œil de tueur – Gaetano (Salvatore Esposito), frère de Josto – qui ironiquement trébuchera et se tira une balle dans le crâne…
Rare survivante parmi les crédités la jeune E’myri Crutchfield interprète une délicieuse narratrice au rôle crucial qui arrivera à tirer ses parents, un couple mixte, (Andrew Bird / Anji White) des magouilles criminels. Le casting se complète par différents criminels charismatique (Francesco Acquaroli, Glynn Turman…), hommes de mains ou un Marshall (Timothy Olyphant) mormon atypique, quoi qu’il en soit Fargo propose une palette complète qu’elle n’épargne pas
Dans sa finalité cette 4ème saison de FARGO est en demi-teinte puisqu’elle déçoit (un peu) mais demeure un beau moment de cinéma. Captivante par son ambiance, ses personnages exquis et son scénario (plus sage mais rocambolesque tout de même) – la série conserve son statut de best-seller parmi les thrillers, et s’avère être une valeur sûre du petit-écran. Pour la 4ème fois !
MA NOTE : 16/20
CREATEUR: Noah Hawley
AVEC: Chris Rock, Jessie Buckley, Jason Schwartzman, Jack Huston, Ben Whishaw, E’myri Crutchfield, Salvatore Esposito, Andrew Bird, Anji White, Jeremie Harris,
Matthew Elam, James Vincent Meredith, Corey Hendrix, Francesco Acquaroli, Gaetano Bruno, Karen Aldridge, Stephen Spencer, avec Glynn Turman, et Timothy Olyphant (…)
EPISODES : 11 / Durée : 52mn ANNEE DE DIFFUSION : 2020
GENRE : Drame, Thriller, Policier CHAINE DE DIFFUSION : FX