EN DEUX MOTS : Durant l’été 2019 le réalisateur de génie Nicolas Winding Refn (ou NWR) dévoilait sur Amazon TOO OLD TO DIE YOUNG. Un projet aussi magnétique qu’imparfait qui conjugue tous ses fantasmes de cinéma. Aujourd’hui, en ce tout début d’année, celui-ci fait son retour à la télévision (encore) chez son principal concurrent : Netflix. Le metteur en scène Danois ne compte pas révolutionner sa formule, bien au contraire. Mais effectue un retour aux sources à différents niveaux.
Avec COPENHAGEN COWBOY NWR renoue avec sa langue et sa terre natale pour un nouveau récit criminel auquel il rattache enfin (après ses nombreuses œuvres métaphoriques) une once de fantastique. Sous un scénario principalement écrit par Sara Isabella Jønsson Vedde, la série se dévoile comme une production plus accessible que la précédente grâce à son format court (de 5 heures) divisé en 6 épisodes. Ces derniers étant intégralement réalisés par le réalisateur visionnaire.
Après une vie de servitude en tant que porte-bonheur humain, une femme aux étranges pouvoirs cherche à se venger de ceux qui lui ont fait du mal.
Allociné
COCHONS DANOIS
Fétichiste sur de nombreux aspects, NWR et sa scénariste resserre quasiment exclusivement leurs regards sur l’intrigante Miu (Angela Bundalovic). Celle-ci évoluant dans les bas-fonds criminels de Copenhague, faisant la connaissance des pires individus qui la peuplent. Trafic sexuel, d’êtres humains, de drogues, d’armes, ou de pouvoirs, COPENHAGEN COWBOY recèle d’horreurs humaines pour étayer son propos.
Et principalement sous le joug d’une distribution secondaire aussi habitée que magnétique. Notre héroïne rencontre les pires des individus du Danemark. Gangsters albanais (Ramadan Huseini), Chinois (Jason Hendil-Forssell), ou locaux. (Allant d’un avocat véreux (Zlatko Burić, toujours merveilleux depuis la trilogie Pusher) jusqu’à une famille des hautes sphères, avec un fils dérangé (Andreas Lykke Jørgensen)). Les hommes sont irrémédiablement les pires, qu’ils soient comparés à des porcs ou qu’ils usent de leurs influences pour assouvir les femmes.
La mystérieuse Miu se pose là, en figure vengeresse aux grands yeux prêt à mettre à feu ce monde de fou. Avec son esthétisme de super-héroïne presque kitch (coupe au bol et survêtement bleu qui rappelle le »costume » de Drive) et une prédilection pour le combat à mains nues, la figure centrale de COPENHAGEN COWBOY est ici magnifiée par NWR.
Par l’utilisation de ses plans fixes tournoyants, de ses couleurs aux néons tape à l’œil, ou ses longues scènes quasi mutiques galvanisées par une nouvelle bande-son électrique de Cliff Martinez.
UN RÊVE DE LYNCH
Cette nouvelle production »by NWR » ne brille pas son originalité, mais bel et bien par sa maîtrise de cinéma unique en son genre. Ce qui fait d’elle une expérience de cinéma inclassable et sensoriel. Autant qu’elle déroute, agace, ou recèle de grâce. Bien qu’elle en manque. A mon sens.
En son antre tournoie tous les sujets phares de son réalisateur. Fétichisme de la femme objet, relation malsaine de la mère, pouvoir destructeur de l’homme, ultra violence… Sous une mise en images métaphorique et pleine de mystères. Souvent trop. Et un certain nombre de manque de réponses à nos questions. La nouvelle œuvre de NWR s’avère à ce propos toujours aussi crue et sans vergogne, mais bien moins à l’écran. Car principalement en hors-champ.
Sa partie fantastique n’est ici qu’un prétexte de cohérence à une intrigue criminelle fascinante et fournie. En partie. Et une fois encore car ses mystères disposent de bien trop de mystères pour convaincre. Néanmoins en 6 épisodes le récit évolue dans différents lieux atypiques et marqués par un esthétisme fort.
D’un manoir glacial, véritable palais de courants d’air, a un restaurant chinois sous néons, jusqu’aux cités illuminés de Copenhague où règne le trafic de drogue. A ce propos, la capitale danoise est ici représentée uniquement de nuit, hormis dans sa périphérie. Plus glamour tu meurs.
Avec son univers qui nous rappelle sans cesse ceux de David Lynch, COPENHAGEN COWBOY demeure une expérience baroque. Et toujours très peu accessible. Son succès paraît alors incertain sur la plateforme au N rouge, et son renouvellement quasiment compromis. Dommage car sa saison s’achève sur un cliffhanger quasiment méta (avec la présence d‘Hideo Kojima…).
CONCLUSION
Les + :
- Un esthétisme dingue
- Quelques personnages magnétique
- Une expérience de cinéma comme seul son réalisateur en a le secret
- Une structure scénaristique solide
- Une nouvelle partition électrique de Cliff Martinez
Les – :
- De trop rares moments de grâce
- Des longueurs inévitables
- Une violence parfois trop hors-champs
- Une mise en scène superbe mais qui manque de renouvellement
- Quelques mystères noyer sous les métaphores
MA NOTE : 15/20
CRÉATEUR(S) : Nicolas Winding Refn
AVEC : Angela Bundalovic, Andreas Lykke Jørgensen, Jason Hendil-Forssell, Li li Zhang, Zlatko Burić, Valentina Dejanović,
Dragana Milutinović, Ramadan Huseini, Maria Erwolter, Thomas Algren, Lola Güldenløve Corfixen, Ebriama Jaiteh (…)
ÉPISODES : 6 / Durée : 52mn / DIFFUSION : 2023
GENRE : Drame, Thriller, Fantastique / CHAÎNE : Netflix