BLACK BIRD

Le noir de l’âme

EN DEUX MOTS : Aussi discrète que fausse petite nouveauté de la plateforme Apple TV +, BLACK BIRD se dévoile comme la petite surprise estivale pour les amateurs du genre. Tiré de faits réels et notamment d’une autobiographie de Jimmy Keene, la mini-série a tout du parfait synopsis exploitable sur grand écran pour les amateurs du Silence des agneaux ou des œuvres policières de David Fincher (à savoir moi). 

DIRECTION UNANIME

Le projet a de quoi séduire pour les qualités de sa production également, puisque ici l’imposant scénariste Dennis Lehane (Mystic River, Shutter Island, Quand vient la nuit…) qui est derrière le projet. Tandis que Michaël R. Roskam (Bullhead ou… Quand vient la nuit) filme les corps bodybuildés comme personne sur 3 des 6 épisodes.

L’histoire s’inspire donc d’une partie de la vie de James Keen :

Un champion de football américain au lycée et fils d’un policier décoré, condamné pour trafic de drogues à une peine de 10 ans dans une prison de sécurité minimale. Il se voit offrir le choix de sa vie : intégrer une prison de sécurité maximale pour criminels aliénés et se lier d’amitié avec le tueur en série présumé Larry Hall, ou rester où il est et purger l’intégralité de sa peine sans possibilité de libération conditionnelle. Keene se rend vite compte que la seule issue est d’obtenir avant le procès en appel de Larry Hall la confession de ce dernier sur la localisation des corps de plusieurs jeunes femmes enterrées. Mais le tueur présumé dit-il la vérité ? Où s’agit-il simplement d’un énième mensonge d’un serial menteur ?

Apple tv +

Pour incarner ce héros beau parleur et charmeur, l’anglais Taron Egerton (Kingsman / Rocketman) s’avère un choix parfait par son physique et son aisance de jeux, tandis que l’inquiétant serial killer est interprété par le remarqué Paul Walter Hauser qu’on a notamment pu découvrir sous la caméra de Clint Eastwood dans le cas Richard Jewell.

Le bedonnant acteur demeure le phénomène du show par ses mimiques et son physique qui mélange inquiétude et vulnérabilité, largement appuyé par une voix aiguë et enfantine, parfaitement repoussante, mais hypnotique. À l’image même de son personnage.

Le mince casting qui les accompagne au générique (à la Seven) s’avère au même titre parfait. Du sympathique Greg Kinnear en enquêteur attentif, à la méconnue Sepideh Moafi, parfait mélange d’agent fédéral sensuelle et burnée, jusqu’au très regretté et buriné Ray Liotta dans un rôle secondaire (puissant) de père affaibli et inquiet. Ceux-ci brillent par l’exploitation d’un jeu naturel, mais surtout d’une écriture rigoureuse comme le dévoile si bien le récit durant sa saison.

RACONTE MOI UNE HISTOIRE

Un récit largement remanié comparé au roman dont il s’inspire et qui joue d’un montage en parallèle (entre enquête sur le terrain et drame carcéral). Durant ses deux premiers épisodes introductifs, l’intrigue navigue ainsi au milieu des années 90 pour présenter et caractériser ses personnages, dont les deux principaux juste avant et après leurs incarcérations.

Dès le troisième épisode, la dynamique se lance et s’attarde par une aisance naturelle sur les fonds de son intrigue avec la rencontre des deux détenus. C’est ici que notre tête d’affiche déploie tous ses talents d’acteur, pris au piège dans un enfer carcéral pas trop appuyé, mais suffisamment inquiétant et violent pour alimenter le suspense. Parallèlement, notre duo policier lève le voile sur une partie du profil psychologique atypique du serial killer avec un recoupement de preuves fabriquées par ses soins. Le tout apporte un équilibre très réussi sur le format court du show.

Avec son format court justement BLACK BIRD développe sans tarder son récit et la relation entre les deux détenus en têtes d’affiches. Dès l’épisode 4  »WhatsHerName » celui-ci exclut temporairement les autres acteurs récurrents et s’intéresse aux liens qui unit les deux hommes, de leurs relations avec les femmes jusqu’à leurs enfances difficiles – par le biais de nombreux flashbacks. Si la série perd pour la première fois en rythme, elle gagne en profondeur dramatique et se laisse bercer par la douce bande originale de Mogwai.

La fin du récit nous amène à un dernier acte soutenu, toujours mené par un sens certain de la narration – comme le prouve l’épisode 5  »The Place I Lie », assez formidable, ponctué par des moments de vie de la dernière victime en date de Larry. Entre des visions parano pour notre héros et ça, sans oublier la superbe utilisation du casting secondaire, BLACK BIRD dévoile un équilibre solide et passionnant.

Son final le prouve dans une démonstration au dénouement attendue mais pourtant maîtrisée de bout en bout. La mini-série demeure donc un exercice de style parfaitement classique mais absolument passionnant à suivre. Sur un format aussi court et généreux que celui-ci et une direction pareil BLACK BIRD est un plaisir inconditionnel à ne pas manquer.


Les + :

  • Un casting court mais exemplaire
  • Une aisance dans le déroulement du récit
  • Une enveloppe solide (de la mise en scène à l’ambiance magnifié par sa b.o)

Les – :

  • Un manque de folie dans le scénario
  • Une histoire passionnante pour les aficionado mais (presque) banale

MA NOTE : 16/20

CREATEUR : Denis Lehane

AVEC : Taron Egerton, Paul Walter Hauser, Sepideh Moafi, avec Greg Kinnear, et Ray Liotta,

mais aussi : Robert Wisdom, Tony Amendola, Robyn Malcolm, Jake McLaughlin, Joe Williamson (…)

EPISODES : 6 / Durée : 58mn ANNEE DE DIFFUSION : 2022

GENRE : Drame, Policier, Biopic Carcéral CHAINE : Apple TV +

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