AVATAR : de Feu et de Cendres

Avatar 3 : de feu, de cendres… et de redites

S’il a fallu attendre treize ans pour la suite d’Avatar, seulement trois ans séparent ce troisième volet du précédent. Dans une continuité plus directe, De Feu et de Cendres s’inscrit comme la conclusion d’une trilogie plutôt conséquente pour le réalisateur oscarisé James Cameron. D’autant que, selon le succès de ce troisième film, la trilogie pourrait véritablement clore la saga sur Pandora… Même si on y croit pas une seconde.

Ce nouvel opus monstrueux s’impose donc comme un événement majeur de la saga d’aventure et de science-fiction. Et sa durée le prouve : 3h17 en font l’épisode le plus long à ce jour, même s’il ne s’agit que de quelques minutes supplémentaires par rapport au précédent film. Cette direction semble également explorer plusieurs facettes de son environnement, comme son titre l’indique.

Si Fire and Ash (en VO) évoque l’embrasement final d’un combat épique sur Pandora, ce volet s’éloigne aussi de son monde aquatique — sans toutefois l’exclure, bien au contraire — et promet davantage d’âpreté à l’écran. Après l’eau, c’est donc le feu qui devient central, notamment via la présentation d’un clan Na’vi inédit, cette fois ennemi et non allié.

Ce clan se dévoile sous les traits insidieux de Varang, terrible cheffe pillarde à l’allure vicieuse. Pour mettre en scène cette antagoniste charismatique, le réalisateur confie le rôle à la méconnue Oona Chaplin. Une bonne façon, sur le papier, d’étendre encore un peu plus son riche univers et de redynamiser ses enjeux dramatiques. Est-ce réellement le cas ? Pas vraiment, hélas. Car ce Avatar 3, en plus de sa largeur, tend surtout à étendre les faiblesses de son opus précédent.

La Voie de l’Eau deux points zéro

Tournée dans la foulée du déjà monstrueux La Voie de l’eau, cette suite poursuit son aventure dans ses pas. À eux deux, les deux volets totalisent près de 6h30 de spectacle. Mais une étrange impression de déjà-vu s’installe : De Feu et de Cendres se déroule avec une similarité troublante, malgré des enjeux supposément montés d’un cran. L’autre problème réside dans l’utilisation de sa large distribution.

En confiant la voix off de l’aventure au fils survivant de Jake Sully (Sam Worthington), la saga Avatar bénéficie d’une continuité somme toute logique, permettant d’ancrer une notion de sacrifice pour un avenir encore incertain. Néanmoins, sa conclusion — que je tairai — n’a pas l’effet escompté, tant elle manque de surprise et de prise de risque. Toujours est-il que sa première partie, la meilleure de loin, nous replonge dans l’aventure avec une certaine fougue, malgré un montage laissant quelques trous dans son sillage.

Les Sully quittent à nouveau leurs contrées d’adoption pour un voyage prometteur, égayé par la vision de clans Na’vi inédits — voyageurs aériens comme pillards — offrant un peu plus de largeur à Pandora.

Et malgré de nouvelles scènes d’action parfaitement soutenues ou quelques plans somptueux, De Feu et de Cendres ne tient pas toutes ses promesses, surtout sur la longueur. La suite du film ne fait que confirmer certaines disparitions soudaines (le Na’vi voyageur incarné par David Thewlis, par exemple) ou encore une perte d’ambiguïté pourtant bienvenue chez ses antagonistes.

Tout le monde a un Na’vi sur la question

Outre la superbe Varang — parfaite opposée au clan de l’eau, notamment dans son rejet de la divinité Na’vi — c’est encore une fois Quaritch (Stephen Lang) qui hérite de l’une des partitions les plus intéressantes de ce troisième film. Du moins dans un premier temps. Car, à l’instar de l’inquiétante pillarde, qui finit par se dissimuler dans l’ombre du colonel, cet antagoniste passionnant souffre d’un traitement bancal sur la durée.

Ainsi, quand Avatar 3 ne fait pas apparaître de manière très convenue ses seconds rôles pour de brèves apparitions sans véritable conclusion, il ressasse ses problématiques tout en faisant l’impasse sur de nouveaux éléments. Terres et traditions des nouveaux clans Na’vi demeurent donc de façade, à peine effleurées, tandis que les antagonistes sombrent dans une certaine redondance.

Et si le scénario de Cameron et consorts faiblit par moments, il n’en fait guère plus pour ses héros, tiraillés par des conflits intérieurs désormais bien connus.

Enfin, son dernier point dommageable réside dans l’exploitation de son environnement. En accordant si peu de lumière au territoire de Varang, ce troisième opus se reconnecte un temps à la luxuriante forêt et, hélas, bien trop aux archipels du clan de l’eau, où se situe — encore — le climax de la bataille finale. Même la ville-usine créée par l’homme, pourtant plus exploitée esthétiquement, demeure sous-utilisée sur le plan thématique, notamment dans son exploration du colonialisme.

Conclusion

Pour toutes ces raisons, Avatar : De Feu et de Cendres demeure, de loin, l’opus le moins abouti de sa trilogie. Après la découverte renversante du premier Avatar, puis un second opus intelligemment tardif, davantage axé sur la famille et l’élargissement de son univers, la vision épique de ce troisième volet s’écroule sous le poids de ses ambitions.

Demeurent sa partie technique — évidemment, même si le film subjugue bien moins que ses prédécesseurs — et son lore fantastique. Ce dernier trouve d’ailleurs un certain salut à travers le personnage de Kiri (Sigourney Weaver), même si, une fois encore, ce Avatar laisse de nombreux éléments en suspens pour se concentrer sur un déroulé d’aventure méchamment mécanique.

Il s’agira à chacun d’y trouver son compte. N’étant pas un grand fan de la saga, à mes yeux, De Feu et de Cendres s’avère gangrené par la faiblesse de son scénario. Trois ans après le superbe — visuellement — La Voie de l’Eau, le spectacle ne suffit plus à convaincre.

EN DEUX MOTS : Malgré une ambition toujours démesurée et une maîtrise technique indéniable, Avatar : De Feu et de Cendres échoue à renouveler réellement sa formule. Trop proche de La Voie de l’Eau, le film étire ses faiblesses narratives, sous-exploite ses nouveaux clans et dilue ses enjeux dramatiques dans une aventure mécaniquement balisée. Si Pandora conserve un pouvoir de fascination certain, le manque de risques scénaristiques finit par l’emporter sur l’émerveillement. Ici, le spectacle ne suffit plus à masquer les limites d’un univers qui peine à se réinventer.

MA NOTE : 2.5/5


🔹 Points forts

  • Une ampleur visuelle et technique toujours impressionnante, malgré un effet de surprise amoindri
  • L’introduction de nouveaux clans Na’vi, enrichissant le lore de Pandora
  • Le personnage de Varang, antagoniste charismatique et visuellement marquante
  • Quaritch, toujours fascinant dans ses premières apparitions

🔻 Points faibles

  • Un scénario trop mécanique, manquant de risques et de surprises
  • Une sensation de redite avec La Voie de l’Eau
  • Des personnages secondaires sous-exploités ou abandonnés en cours de route
  • Une exploration superficielle des nouveaux environnements et thématiques

Les crédits

RÉALISATION : James Cameron / SCÉNARIO : James Cameron & Rick Jaffa & Amanda Silver

AVEC : Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver, Stephen Lang, Oona Chaplin, David Thewlis,

Cliff Curtis, Joel David Moore, Edie Falco, CCH Pounder, Jemaine Clement, Brendan Cowell, et Kate Winslet, 

mais aussi : Jamie Flatters, Britain Dalton, Trinity Jo-Li Bliss, Jack Champion, Bailey Bass, Filip Geljo (…)

Durée : 3h17 / Sortie (France) : 17 décembre 2025 

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