Predator: Badlands

Trois ans après Prey, petit film à la fois prequel et hommage à la saga culte Predator, le réalisateur Dan Trachtenberg poursuit son exploration de cet univers de science-fiction dans ce qui s’impose comme une véritable tentative d’innovation du genre. Cette fois, c’est pour une proposition pensée pour le grand écran, plus ambitieuse et plus risquée.

Dans le futur sur une planète lointaine, un jeune Predator, exclu de son clan, trouve une alliée improbable en la personne de Thia et entreprend un voyage en territoire hostile, à la recherche de l’adversaire ultime.

Si Prey s’intéressait au côté primal de la chasse, mais du point de vue humain (et féminin), Badlands inverse les perspectives et se place, pour la première fois, du côté du Predator – plus précisément du chasseur chassé. En prime, Trachtenberg y ajoute une androïde (Elle Fanning) dont le lien avec l’univers voisin d’Alien n’est pas anodin.

Concept audacieux, clin d’œil intrigant et goût certain pour l’aventure : autant de qualités qui caractérisent un film cherchant à réconcilier les fans historiques tout en attirant un public plus large. Sa campagne promotionnelle fut d’ailleurs généreuse, et sa classification PG-13 aux États-Unis – une première pour la saga – confirme cette volonté d’ouverture.

Après une série animée sur Disney+, les attentes étaient multiples : rassurantes et inquiétantes à la fois. Badlands permet désormais de prendre la température sur la direction que prend la franchise, un peu à l’image d’Alien: Earth, sorti plus tôt cette année sur plateforme. C’est à la fois un divertissement léché et la mort d’une grande saga. En gros.

La saison de la chasse.

En 1h45, Predator: Badlands va droit au but. Son introduction, qui pose les bases de son histoire et effleure la mythologie Predator, est claire : la lore demeure brute et impitoyable. Passée une mise en contexte un peu expéditive mais réjouissante – notamment avec une première scène d’action sur Genna, la planète extraterrestre qui sert de décor –, c’est bel et bien la première partie du film qui se montre la plus efficace.

La mise en scène de Trachtenberg se révèle fluide et inspirée pour un blockbuster du genre. Le réalisateur exploite intelligemment les outils numériques de son temps, et malgré quelques séquences un peu sombres ou confuses, Badlands offre une belle lisibilité visuelle. Sur grand écran, le spectacle est indéniablement au rendez-vous.

En proposant une aventure vue du point de vue de l’antagoniste mythique, le réalisateur (également co-auteur de l’histoire, tandis que le scénario est signé par Patrick Aison) insuffle un dynamisme inédit à la franchise. Si l’empathie envers Dek (interprété par le néo-zélandais Dimitrius Schuster‑Koloamatangi), le Predator banni, reste limitée, sa ténacité et son instinct de survie imposent le respect. Son code d’honneur, lui, suit une logique implacable mais prévisible.

Situé dans un futur plus proche de celui de la saga Alien, Badlands adopte un ton résolument différent. Pour le meilleur et pour le pire : son approche rafraîchissante et son énergie sont indéniables, mais elles scellent peut-être la fin d’une ère pour une franchise qui perd ici un peu de son aura originelle.

À deux de tension… le frisson s’envole

Avec sa durée resserrée, Predator: Badlands devait faire des choix – et il a choisi le divertissement plutôt que la tension. Exit la peur viscérale et la traque oppressante : malgré les épreuves imposées à Dek, le film ne procure que peu de sueurs froides. Sa dimension survival s’efface au profit d’un grand spectacle d’action et d’aventure qui embrasse son côté fantastique et science-fiction.

Le film brille surtout par sa planète hostile, véritable terrain de jeu où le danger guette à chaque recoin. Trachtenberg et son équipe y développent un bestiaire varié et une faune extraterrestre intéressante, même si l’ensemble peine à s’ancrer durablement dans la mémoire visuelle.

La véritable curiosité réside dans le personnage d’androïde incarné par Elle Fanning. Résultat : partagé. Atout comique et touche de légèreté bienvenue – malgré un double usage parfois ambigu – son duo avec Dek fonctionne par contrastes : fascinant sur le papier, inégal à l’écran. Leur alliance, entre rigueur et humanité simulée, aborde des thèmes classiques (exclusion, loyauté, clan), mais sans réelle profondeur.

Enfin, avec son classement PG-13, Badlands penche clairement vers un public plus large. La brutalité reste présente, mais le sang et la tension disparaissent, au profit d’un ton plus familial. L’introduction d’une petite créature alien, pensée comme future mascotte, en est la preuve : sympathique, mais très éloignée du sarcasme et de la cruauté emblématique du Predator.
Chacun devra faire le deuil du monstre qu’il espérait revoir.

Conclusion

En somme, Predator: Badlands demeure enthousiasmant à plusieurs égards : sa mythologie étendue, son lien potentiel avec Alien et sa perspective inédite en font une œuvre curieuse et audacieuse.
Mais ses ambitions sont freinées par le désir de plaire à tout le monde. Malgré une esthétique soignée et quelques visuels marquants, le film perd peu à peu en intensité et en personnalité.

Son originalité s’effrite sous le poids d’un cahier des charges trop sage. Dire que Badlands n’assure pas le spectacle serait injuste : il divertit, indéniablement.
Mais il manque de profondeur et d’émotion pour satisfaire les fans de la première heure. Ce fut, personnellement, mon cas.

EN DEUX MOTS : Ambitieux mais trop sage, Predator: Badlands trahit autant qu’il réinvente son héritage. En cherchant à séduire un public plus large, Trachtenberg dilue la brutalité et le frisson qui faisaient la force de la saga. Un divertissement correct, mais le Predator y perd un peu de ses crocs.

MA NOTE : 13/20


✅ Points forts :

  • Une mise en scène fluide et visuellement efficace
  • Le parti pris narratif du point de vue Predator
  • La tentative de relier la saga à Alien

❌ Points faibles :

  • Manque de tension et de frisson
  • Scénario trop lisse et PG-13 restrictif
  • Duo central inégal et univers trop adouci

Les crédits

RÉALISATION : Dan Trachtenberg / SCÉNARIO : Patrick Aison

AVEC : Dimitrius Schuster‑Koloamatangi & Elle Fanning (…)

SORTIE (France) : 05 Novembre 2025 / DURÉE : 1h47

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