
La cruauté au pas de course
Si mon engouement pour la sortie de Marche ou crève reste mesuré, il n’en demeure pas moins motivé par plusieurs raisons évidentes. En choisissant d’adapter un roman de Stephen King vieux de quarante-cinq ans, Francis Lawrence s’écarte de la vague d’adaptations récentes et ressuscite un récit à la fois sombre et implacable. Typique de l’auteur à l’époque.
Le jeune Garraty va concourir pour » La Longue Marche « , une compétition qui compte cinquante participants. Cet événement sera retransmis à la télévision, suivi par des milliers de personnes. Mais ce n’est pas une marche comme les autres, plutôt un jeu sans foi ni loi…
Derrière son postulat dystopique et sa mécanique de « spectacle télévisuel », l’histoire conserve une résonance troublante avec notre époque, preuve que la cruauté du divertissement n’a rien perdu de son actualité. Et qui mieux que le réalisateur de Hunger Games pour donner chair à ce thriller où l’endurance physique et psychologique devient un véritable champ de bataille ? Ainsi, en tant que fans de l’auteur et amateur du genre, The Long Walk (en version originale) avait de quoi me convaincre. Et il le fait, surtout là où je ne l’attendais pas.
Ma critique en PODCAST :

MA CRITIQUE RAPIDE : Un jeu qui tient la route
Marche ou crève, adaptation intemporelle du roman de Stephen King paru en 1979, frappe par son dépouillement et une intensité insoupçonnée. Dès les premières minutes, le film installe son décor aride : des routes désertiques qu’une cinquantaine de jeunes hommes se préparent à fouler, sous la menace permanente d’une exécution. Loin des longues expositions, le récit esquisse son univers totalitaire à travers les dialogues, construisant progressivement le portrait d’un pays dévasté. Ainsi que sa jeunesse broyée.
Comme dans Hunger Games, le réalisateur mise sur un casting jeune et diversifié. Cooper Hoffman, découvert dans Licorice Pizza, se distingue en tête d’affiche : son physique banal, presque fragile, et sa sincérité naturelle en font un héros à contre-emploi, qui incarne à merveille une détermination et une émancipation brisée par la cruauté du jeu. À ses côtés, le britannique David Jonsson confirme un talent éclatant après ses passages dans la série Industry et le film Alien Romulus.
Chemin de croix
Sur près de deux heures, le film ne faiblit pas. La marche s’étire, mais sans jamais lasser : chaque exécution sanglante (voir gore), chaque silence tendu, maintient le spectateur en éveil, comme ces jeunes âmes condamnées à avancer. Portrait d’une jeunesse sacrifiée par un régime fasciste, Marche ou crève illustre bien la dégradation physique et psychologique de ses personnages autant que le vide moral de ceux qui les surveillent. Mark Hamill, figure impassible du pouvoir autoritaire, incarne ce détachement inhumain avec une efficacité glaçante et sous sa voix graveleuse mythique.

La plus grande surprise réside pourtant dans la sensibilité du film. Là où l’on pouvait craindre une marche froide et mécanique, Lawrence et son scénariste J.T. Mollner injectent une humanité inattendue. L’alchimie entre le fils de Phillip Seymour Hoffman et Jonsson, qui pourrait être perçue comme du pathos, confère au récit une profondeur sincère qui équilibre parfaitement avec la violence du film.
En définitive
Marche ou crève s’impose comme un thriller dystopique solide, à la fois brutal et sensible, porté par une mise en scène fluide et une direction d’acteurs inspirée. Sans révolutionner le genre, le metteur en scène livre une adaptation intelligente et actuelle d’un des textes les plus sombres de Stephen King. Une réussite de cinéma de genre, à la fois viscérale et percutante.

EN DEUX MOTS : Marche ou crève réussit à transformer un postulat simple en une expérience immersive, aussi brutale qu’émouvante. Francis Lawrence signe une adaptation fidèle mais contemporaine, où la violence brute n’éclipse jamais l’humanité des personnages. Un thriller dystopique tendu, qui confirme que le Stephen King de 1979 a encore beaucoup à dire au monde d’aujourd’hui.
MA NOTE : 15/20

Les crédits
RÉALISATION : Francis Lawrence / SCÉNARIO : J.T. Mollner
AVEC : Cooper Hoffman & David Jonsson, Garrett Wareing, Tut Nyuot, Ben Wang, Charlie Plummer, Joshua Odjick, Jordan Gonzalez, avec Judy Greer, et Mark Hamill (…)
SORTIES (France) : 1er Oct. 2025 / (U.S) : 12 Sept. 2025 / DURÉE : 1h48