
Les losers les plus brillants du MI5 rempilent. Encore.
C’est assurément l’un des rendez-vous sériels les plus excitants de l’année. Non seulement Slow Horses fait partie des rares shows d’une plateforme privée à maintenir une production annuelle, mais il combine en plus un humour british ravageur, une formule de polar contemporain exaltante et une distribution d’exception. La série s’est ainsi imposée comme une petite référence du petit écran.
L’aventure continue donc dès la rentrée avec une cinquième salve de six épisodes adaptant cette fois le roman London Rules de Mick Herron.
La méfiance s’accentue lorsque Roddy Ho, le geek de l’équipe, a une charmante nouvelle petite amie. Mais lorsqu’une série d’événements tous plus étranges les uns que les autres se produisent dans Londres, il incombe aux « Slow Horses » de comprendre comment tout ceci est connecté. Après tout, Jackson Lamb sait que dans le monde de l’espionnage, les « règles de Londres » doivent toujours s’appliquer.
Qui dit nouvelle saison dit nouvelle enquête et nouveaux visages, même si cette cinquième mouture se montre plus avare en guests marquants. (On peut au moins citer Nick Mohammed en Maire qui cite Fast & Furious 7…).
On peut évidemment compter sur le retour des principaux interprètes : Gary Oldman, plus insalubre que jamais, Jack Lowden, toujours plus désabusé, et toute l’« étable » de Slough House, fidèle au poste.
Pas de nouveau membre cette fois, mais les personnages en place sont toujours aussi bien exploités : Shirley (Aimee Ffion-Edwards) et Standish (Saskia Reeves), mais surtout l’insupportable Roddy Ho (Christopher Chung) et le faussement mutique, vaguement sociopathe JK Coe (Tom Brooke).
On regrettera en revanche le départ (définitif ?) de Louise (Rosalind Eleazar) dès le premier épisode.
Un tournant (ou une simple déviation ?) en coulisses.
Le fait le plus marquant de cette saison, en coulisses du moins, reste le départ de son showrunner historique, Will Smith (II).
Un tournant pour la série, déjà renouvelée pour deux nouvelles adaptations à venir.
Fallait-il s’attendre à une saison d’anthologie ? Pas forcément, surtout après l’annonce d’un ton plus léger malgré des enjeux toujours ancrés dans le thriller d’espionnage.
Dans les faits, cette saison 5 ne révolutionne pas sa formule : elle oscille entre efficacité narrative et humour acide, rendant l’ensemble une nouvelle fois terriblement addictif – et c’est déjà beaucoup.
Avec son format « de poche », Slow Horses conserve une énergie parfaitement calibrée, entre tirades mordantes et intrigue à la fois dense et limpide.
La série demeure ainsi incroyablement moderne tout en restant intemporelle.
Il faut cependant attendre deux épisodes avant qu’elle ne trouve réellement son rythme.
Le premier tiers installe une intrigue mêlant tuerie de masse, manœuvres politiques et déstabilisation orchestrée au cœur de Londres.
L’espionnage est plus que jamais un miroir de notre époque : la série continue d’égratigner le paysage politique britannique en opposant deux camps clairement identifiés et d’autant plus féroces.
Règle d’or
Malgré un rythme linéaire, la série parvient à maintenir l’attention sans jamais faiblir.
On retrouve tout le charme de Slow Horses : ce savant mélange de satire bureaucratique et de crise locale, nourri d’un humour noir percutant.
Le contraste entre les deux factions des services secrets anglais reste passionnant, tout comme la galerie de personnages : des losers magnifiques, rongés par le cynisme et un certain goût pour l’auto-sabotage.
Gary Oldman continue d’incarner un Jackson Lamb magistral : odieux, lucide, mais étrangement touchant.
Face à lui, Kristin Scott Thomas oppose son flegme glacial avec une élégance toute britannique.
Mention spéciale aussi à James Callis, dont le personnage perfectible offre un nouveau regard sur les dérives institutionnelles du monde de l’espionnage.
Parallèlement, la série aborde avec toujours autant d’acuité ses thèmes sociétaux : la surveillance, le populisme, la radicalisation politique, ou encore les dérives technologiques et administratives du renseignement.
Autant de sujets qui ancrent Slow Horses dans une modernité saisissante sans jamais renier son humour ni sa dimension humaine.
Conclusion
En somme, cette saison 5 ne renouvelle ni sa formule ni sa mise en scène, mais elle conserve la continuité et la qualité qui font la force de la série.
Le final, intitulé « Scars », conclut brillamment cette salve tout en entretenant une délicieuse ambiguïté autour de Lamb.
Et avec la promesse d’une menace interne et le retour du charismatique Hugo Weaving (après son passage remarqué en saison dernière) les prochaines saisons s’annoncent toujours aussi stimulantes.
Slow Horses n’a décidément pas fini de faire briller le petit écran. Cheers !
EN DEUX MOTS : Sans révolutionner sa formule, Slow Horses signe une cinquième saison aussi acide qu’efficace. Portée par un Gary Oldman impérial et une écriture toujours aussi affûtée, la série conserve son équilibre unique entre satire bureaucratique et thriller d’espionnage.
Moins percutante dans son démarrage mais plus politique et humaine, cette salve confirme la solidité d’un show désormais culte.
Une saison de transition réussie, qui prouve qu’à Slough House, les chevaux lents n’ont rien perdu de leur mordant.
MA NOTE : 15/20

✅ Points forts
- Gary Oldman et Jack Lowden, toujours impeccables et complémentaires.
- Des dialogues brillants, mêlant humour noir, ironie et gravité.
- Une satire politique et sociale fine, ancrée dans notre époque.
- Tension maîtrisée et rythme solide malgré un ton plus détendu.
- Casting secondaire excellent, de Kristin Scott Thomas à Tom Brooke.
- Une identité visuelle cohérente et élégante, typiquement britannique.
- Final stimulant et ouverture prometteuse pour la suite.
- Fidélité à l’esprit originel : cynisme, humanité et humour ravageur.
⚠️ Points faibles
- Démarrage lent, la saison met deux épisodes à pleinement décoller.
- Peu de nouveauté dans la formule ou les personnages.
- Rythme linéaire, sans grandes surprises narratives.
- Sensation de transition plus que de renouvellement.
Les crédits
CRÉATEUR : Will Smith (II)
AVEC : Gary Oldman & Jack Lowden, et Kristin Scott Thomas,
Aimee-Ffion Edwards, Saskia Reeves, Tom Brooke, Christopher Chung, James Callis, Nick Mohammed, Ruth Bradley,
mais aussi : Cherrelle Skeete, Hiba Bennani, Monty Ben, Fady Elsayed, Ahmed Elmusrati, Abraham Popoola, Christopher Villiers, Victoria Hamilton, avec Rosalind Eleazar, et Jonathan Pryce (…)
ÉPISODES : 6 / Durée moyenne : 42mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Apple TV+