
EN DEUX MOTS : Les différentes affiches américaines ne laissent rien au hasard quant aux événements survenus dans Sovereign. 4e film d’une compétition prometteuse, et quelques mois après sa présence au festival de Tribeca, ce thriller dramatique aspire à un réalisme fatalement percutant. Et effrayant.
En se basant sur les événements survenus à West Memphis en 2010 (sur lesquels je ne vais pas m’étendre pour ne rien spoilers), son réalisateur Christian Swegal entend dresser le portrait d’une Amérique fragilisée bien réelle. Et plus que jamais radicalisé. Un film coup de poing comme le Festival en a besoin. Même si l’exercice se compose de quelques défauts.

À l'occasion de la 51e édition du Festival du cinéma Américain de Deauville, retour sur quelques séances et films inédits projetés durant l'événement.
En l'occurrence ici le : 4e film de la compétition projeté le dimanche 07 septembre. (En présence du réalisateur Christian Swegal)
Jerry, père célibataire en rupture avec la société, endoctrine son fils Joe dans le mouvement des Citoyens Souverains, composé d’activistes anti-gouvernementaux. À mesure que cette idéologie les consume, père et fils se dirigent inexorablement vers une confrontation avec un chef de la police qui a consacré sa vie à défendre les lois que Jerry s’acharne à piétiner.
Après son expérience sur des séries TV ou encore à l’écriture, le jeune réalisateur écrit et réalise ici son premier long métrage. Sur un montage idéal de 1h40, le metteur en scène dresse d’abord le portrait de son duo comme on pouvait s’y attendre. Et principalement via le regard d’un fils (Jacob Tremblay) qui semble livrer à lui-même. Mais ce, après une introduction lourde de sens, qui sera le point d’éclatement du film avant sa conclusion.

Les souverains
Ainsi, outre la présence du bien connu Dennis Quaid ou même de Thomas Mann dans la peau des agents de l’ordre en fonction, l’intérêt de sa distribution réside dans son duo père-fils. Et en premier lieu ses marginaux, puisqu’il s’avère double ici. Via des portraits idéals de radicaux en marge de la société et d’une doctrine familiale dévastatrice, la présence de Nick Offerman dans la peau du paternel déviant avait de quoi réjouir.
Loin de son portrait tendre de survivaliste dans la série The Last of Us ou évidemment de ses nombreux rôles comiques, l’Américain parvient avec justesse à montrer toute la nuance de son caractère taciturne. Avec d’un côté, un homme radicalisé et un père aimant de l’autre.
À ses côtés, le jeune Jacob Tremblay s’éloigne dans son image de garçon jovial dans un rôle plus introverti. Et il y a justement une retenue qui, s’il elle s’avère juste, manque d’intensité face au regard toute en contraste de son homologue.

Quoi qu’il en soit, le réalisateur aborde la question de la masculinité et de l’héritage dans son film. (son double duo en est le double reflet volontaire). Et pour ce faire, il ne lésine pas sur l’aspect authentique de son œuvre. (Comme le prouve son tournage sur les lieux des événements, en Arkansas, et sa réflexion sur un pays fracturé qui a pourtant désespérément besoin d’unité.
Mais quand arrive l’inévitable confrontation avec la réalité, le film ne parvient pas à montrer la totale incohérence de la situation. Ni la grande violence qui en émane. Une certaine timidité qui résulte d’un déroulement globalement imparfait à mes yeux et qui m’a éloigné de ses atouts émotionnels. Et c’est dommage, parce que son sujet et son traitement demeurent percutants.
MA NOTE : 14/20


Les crédits
De : Christian Swegal
Année : 2025
Durée : 100 min
Avec : Nick Offerman, Jacob Tremblay, Dennis Quaid, Thomas Mann, Martha Plimpton, Nancy Travis
Nationalité : États-Unis
Scénario : Christian Swegal
Directeur de la photographie : Dustin Lane
Musique : James Mcalister
Montage : David Henry