
EN DEUX MOTS : Si les rescapés de Cannes sont légion lors du Festival de Deauville, Eleanor the Great demeure un candidat idéal pour la Compétition. Et ce, pour plusieurs raisons évidentes. Non seulement, il s’agit d’un premier film, mais en plus celui de la célèbre actrice Scarlett Johansson. Un point suffisamment rare pour être souligné, d’autant qu’en mai, celui-ci a eu des retours critiques plutôt positif lors de son passage au festival de Cannes. Et pour le coup, ses quelques éloges sont mérités.

À l'occasion de la 51e édition du Festival du cinéma Américain de Deauville, retour sur quelques séances et films inédits projetés durant l'événement.
En l'occurrence ici le : 3e film de la compétition projeté le dimanche 07 septembre.
Ce 3e film de la Compétition (et 1er visionné pour moi) se révèle comme une odyssée féministe sincère qui met en lumière l’actrice quasi-centenaire June Squibb. Et naturellement, conscient que ce premier film doit éviter l’écueil d’un récit plombant en se focalisant sur une nature morte, il dresse le portrait d’une nonagénaire de 94 ans aussi vive que sincère. Malgré ses mensonges…
Dévastée par la mort de sa meilleure amie, Eleanor Morgenstein quitte la Floride et s’installe à New York auprès de sa fille et de son petit-fils dans l’espoir de renouer avec eux. Pourtant, elle se sent plus seule et transparente que jamais. Un jour, elle débarque involontairement dans un groupe de parole où elle n’a pas franchement sa place : elle invente alors une histoire qui, bien malgré elle, suscite l’intérêt du groupe.
Fort d’un postulat d’une grande simplicité, mais non sans efficacité, l’Américaine derrière la caméra use de son scénario avec une simplicité qu’on va pouvoir associer à sa mise en scène. Sans éclats, mais avec un naturel qui va parvenir à bien capter ses personnages.
Rire ou mourir, il faut choisir.
Ainsi, si Scarlett Johansson n’est pas l’auteure du scénario qu’elle adapte elle parvient à donner le tempo nécessaire à ses personnages pour exister et il s’agit d’une des plus belles forces de ce premier long-métrage.

Sous un montage et une durée très classique d’à peine 1h40, Eleanor the Great va avoir le luxe et l’intelligence de présenter le tenant de sa situation cocasse. À savoir l’amitié sincère de notre héroïne avec son amie disparue (Rita Zohar). C’est à l’image du film, simple, sincère et plutôt lumineux. Et au-delà d’une apparente quelconque introduction de connivence, cette comédie dramatique en tire son essence et son sens le plus simple : le deuil.
Car c’est bel et bien sous ce thème fondateur que le film se construit et présente dans un second temps le personnage crucial de Nina (Erin Kellyman). Encore méconnue malgré sa participation à quelques gros projets et un physique plein de charme, l’actrice britannique crève l’écran au côté de la nonagénaire. De son profil d’étudiante et amie insolite à fille en deuil (dont on peut applaudir le choix parfait de Chiwetel Ejiofor dans le rôle de son père) son personnage trouve le ton juste pour fonctionner à l’écran.
Alors certes, le film dispose d’un déroulement somme tout peu surprenant, c’est indéniable. (auquel ce grief des mélodies simples et nombreuses). Mais heureusement cela ne parvient pas à lui amputer son sens de l’émotion, mais aussi de l’humour grâce aux nombreux éclats de son actrice en tête d’affiche.
Eleanor the Great est donc empli d’une énergie communicative et d’une sincérité vraiment touchante. (larmes à l’appui). Pas l’étoffe d’un grand film, mais assurément celui d’un grand petit film.
MA NOTE : 15/20


Les crédits
De : Scarlett Johansson
Année : 2025
Durée : 98 min
Avec : June Squibb, Erin Kellyman, Jessica Hecht, Rita Zohar, et Chiwetel Ejiofor
Nationalité : États-Unis
Scénario : Tory Kamen
Directeur de la photo : Hélène Louvart
Musique : Dustin O’halloran
Montage : Harry Jierjian