PEACEMAKER – saison 2

Déjà trois ans et demi séparent la première et la seconde saison de la série D.C. : Peacemaker. Entre-temps, son talentueux créateur James Gunn a pris la tête du studio super-héroïque (côté créatif) et a même dévoilé son Superman cet été. Un détail loin d’être anodin, puisque le super-héros aussi attendrissant, violent que crétin (incarné par John Cena) y fait une brève apparition. De quoi permettre à cette nouvelle saison de raccrocher les wagons avec l’excellent The Suicide Squad.

Peacemaker découvre une réalité alternative dans laquelle la vie semble enfin correspondre à ses rêves les plus profonds. Mais cette découverte le confronte aussi à son passé traumatique, l’obligeant à reprendre le contrôle de son avenir.

Avec l’outil narratif idéal pour rafistoler les intrigues — la réalité alternative (ou multivers) — Peacemaker saison 2 se réinvente. Le casting, lui, reste fidèle au poste et s’enrichit notamment de Frank Grillo dans la peau de Flag Sr., introduit dans l’animé Créature Commandos et aperçu rapidement dans le dernier Superman.

Mais le vrai coup de maître de cette saison, c’est le retour de James Gunn aux commandes. Non seulement il réalise le pilote (puis deux autres épisodes), mais surtout, il signe l’écriture de l’intégralité de la saison. Résultat : un univers parfaitement cohérent, dopé par un humour qui fait mouche presque à chaque scène. (Une certaine séquence d’orgie en est la preuve éclatante.)

Ainsi, si la série continue de faire largement sourire (non, en faite souvent rire), il lui fallait pour son retour une intrigue solide et une continuité crédible. C’est précisément là que la réalité alternative trouve son utilité : elle permet à la fois un renouvellement et une redécouverte de l’univers. Un effet qui, sur la durée, réussit plutôt bien et parvient même à enrichir son lore ? Carrément, ouais !

Un GUNN dans ta face.

La saison 2 de Peacemaker bénéficie d’une écriture nettement plus efficace que sa mise en œuvre, un peu plus sage cette fois. Il faut dire que James Gunn a le chic pour diriger ses éternels losers, qu’ils soient en solo ou en équipe. Ici encore, il parvient sans mal à insuffler un second souffle à son quintette vedette pour de nouvelles aventures aussi folles que réjouissantes. (Mention spéciale à Steve Agee, alias le “ginger cool” – hilarant.)

John Cena, montagne de muscles à la mâchoire carrée et au brushing old school, manie toujours aussi bien l’autodérision. Son sens du tempo comique fait mouche, surtout quand il tente de se prendre au sérieux. Le voir benêt ou amoureux reste un plaisir certain. Mais plus important encore – et c’est là toute la force d’un show qui jongle habilement avec les genres – Peacemaker parvient vraiment à faire rire. (À condition, bien sûr, d’apprécier l’humour si singulier de James Gunn.)

Qu’il s’agisse d’un aigle de compagnie déchaîné ou d’une galerie de personnages hauts en couleur, le tempo est parfaitement maîtrisé. On notera d’ailleurs l’apparition inédite et savoureuse de l’humoriste Tim Meadows, irrésistible en agent spécial incapable de distinguer les oiseaux… C’est à l’image de son nouveau générique dansé et chorégraphié : absolument absurde, mais terriblement hilarant.

Go to the Multivers

Sur le plan narratif, Peacemaker saison 2 réserve son lot de belles surprises — et quelques caméos savoureux. Parmi eux, on retrouve brièvement un Rick Flag Jr. (Joel Kinnaman) aussi débile que névrosé, ou encore un Michael Rooker méconnaissable en chasseur d’aigles au look amérindien. (après son apparition d’ouverture dans The Suicide Squad).

Si la saison démarre sur les chapeaux de roue avant de connaître un (très) léger creux à mi-parcours, difficile de bouder son plaisir devant tant d’efficacité. D’autant plus que les révélations croustillantes sur son “monde parfait” dans la dernière partie maintiennent l’intérêt jusqu’au bout. Et avec des épisodes qui dépassent rarement les quarante minutes, la série conserve ce tempo comique idéal qui fait tout son charme. (Si on exclut son final d’une heure, surprenant sur plus d’un aspect)

Au final, cette nouvelle aventure D.C. confirme tout le savoir-faire de James Gunn : une écriture affûtée, un humour ravageur et des personnages à la fois grotesques et touchants. La série réussit à se renouveler sans trahir son ton si singulier, celui d’un univers où la débilité assumée cache souvent une vraie sensibilité.

Reste que, si l’on devait lui reprocher quelque chose, ce serait surtout — et presque seulement — son enveloppe globale. Au-delà d’un kitsch assumé (et souvent voulu), la série se révèle parfois un peu pauvre visuellement et techniquement, des cascades jusqu’à ses décors les plus simples. Rien de rédhibitoire, mais juste assez pour rappeler qu’ici, la forme n’a jamais vraiment voulu voler la vedette au fond.

Aussi bête que brillante, Peacemaker prouve qu’on peut rire fort tout en tirant dans le mille — casque chromé en tête.

EN DEUX MOTS : Sans révolutionner sa formule, Peacemaker saison 2 confirme tout le talent de James Gunn pour mêler humour absurde, émotion sincère et sens du rythme. Portée par un John Cena toujours irrésistible et une écriture plus affûtée que jamais, la série parvient à se renouveler tout en restant fidèle à son ADN. Malgré une mise en scène plus sage et une technique parfois inégale, ce retour réussit l’essentiel : rappeler à quel point le chaos peut être jouissif quand il est orchestré avec autant de cœur. Du plaisir à l’état pur.

Points forts

  • Retour inspiré de James Gunn à l’écriture : le cinéaste signe une saison entièrement écrite par lui, garantissant un ton homogène, des dialogues percutants et une vraie continuité narrative. Son univers, son ton et sa sensibilité sont pleinement retrouvés.
  • Humour incroyable : Toujours absurde, irrévérencieux et efficace — à condition d’adhérer au style Gunn.
  • Personnages hauts en couleur : Peacemaker et son équipe restent attachants, idiots et brillamment écrits, avec une belle dynamique de groupe.
  • John Cena impeccable : Entre muscles, maladresse et autodérision, il incarne parfaitement ce héros crétin mais sincère.
  • Caméos savoureux : Chaque membre de sa distribution ajoutent une touche réjouissante à l’aventure. (Tim Meadows largement en tête.)
  • Rythme bien calibré : Des épisodes courts, un tempo comique efficace, et une narration qui sait relancer l’intérêt jusqu’à la fin.

Points faibles

  • Réalisation plus sage : Moins d’audace visuelle et d’énergie brute que dans la première saison ou même The Suicide Squad sur un autre calibre.
  • Aspect technique inégal : Cascades, décors et effets parfois un peu pauvres, donnant une impression de série “moins chère”.
  • Petit creux à mi-saison : Un léger ralentissement du rythme, même si l’ensemble reste plaisant.

MA NOTE : 15.5/20


Les crédits

CRÉATEUR : James Gunn

AVEC : John Cena, Danielle Brooks, Freddie Stroma, Steve Agee, Jennifer Holland, avec Frank Grillo, et Robert Patrick,

mais aussi : Nhut Le, Tim Meadows, David Denman, Sol Rodriguez, Brandon Stanley, Reinaldo Faberlle, Taylor St. Clair, et Michael Rooker (…)

ÉPISODES : 8 / Durée moyenne : 40mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : HBOmax

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