
EN DEUX MOTS : Suite du film culte 28 jours plus tard de Danny Boyle, ce 28 semaines plus tard survient, lui, 4 ans plus tard. Et tandis que son réalisateur Britannique d’origine laisse la réalisation à un jeune confrère espagnol, il reste proche de la production, comme l’indique son poste de producteur exécutif. Un œil vif et nouveau s’inscrit néanmoins dans ce nouveau film, cette fois co-écrit par Juan Carlos Fresnadillo lui-même. (pour une écriture mûrie et qui dura plus d’une année).
Danny Boyle aurait ainsi contribué dans ce choix de réalisateur. Une volonté qui s’inscrit dans une mouvance de réussite pour le travail de cinéastes américains d’origine latine et des réalisateurs espagnols, ce qui amène à une vision inédite de Londres et son univers S.F dans ce contexte apocalyptique. Notamment grâce à diverses influences. Et justement ce contexte s’avère lui aussi particulier et l’éloigne des standards d’horreur habituels.
Il y a six mois, un terrible virus a décimé l’Angleterre et a transformé presque toute la population en monstres sanguinaires.
Les forces américaines d’occupation ayant déclaré que l’infection a été définitivement vaincue, la reconstruction du pays peut maintenant commencer.
Don a survécu à ces atroces événements, mais il n’a pas réussi à sauver sa femme et la culpabilité le ronge. Lorsqu’il retrouve ses enfants, Andy et Tammy, qu’il n’avait pas revus depuis la catastrophe et qui reviennent à Londres avec la première vague de réfugiés, il leur apprend la mort de leur mère. Partagés entre la joie des retrouvailles et le chagrin, tous trois tentent de se reconstruire et de reprendre une vie normale dans la ville dirigée par l’armée américaine.
Pourtant, quelque part, un effroyable secret les attend. Tout n’est pas terminé…
Ici, réside l’une des forces d’un genre trop souvent codifié et qui nous amène à quelques belles idées. Sa seule limite ? (hormis technique, malgré un petit budget confortable). Une mise en œuvre de 100 minutes montre en main. Ça paraît peu, tandis que sur le papier le scénario s’avère bel et bien ambitieux.
Et c’est parce que 28 semaines plus tard va plutôt à toute allure, expose ses idées, ses personnages, son nouvel ordre, avant de (re)basculer dans le chaos. Avant le chaos, le deuxième film de l’espagnol Juan Carlos Fresnadillo s’ouvre pourtant sur une introduction musclée. Vive et très intense. Un bel hommage à la frénésie du premier film, pas si anodin puisque Danny Boyle a accompagné la deuxième équipe du tournage pour filmer quelques scènes. Il nous reste ainsi moins d’1h30 pour assister à la deuxième chute de Londres.

Attention la suite contient des spoilers
Le choix des hommes.
La rage des contaminés de 28 jours plus tard demeure toujours aussi vive. Mais pas que. L’une des forces du précédent long métrage résidait dans l’exploration des rapports humains à large échelle, comme de façon beaucoup plus intime. La friction d’une satire politique avec la fable dramatique sous sa forme la plus viscérale.
Dans cela, 28 semaines plus tard débute sous des auspices prometteurs puisqu’elle place sa soi-disant « tête d’affiche » – Robert Carlyle (qui s’est notamment illustré dans Trainspotting de… Danny Boyle) – dans un dilemme moral d’envergure. Sauver sa femme (Catherine McCormack) ou sauver sa vie. Le second choix sera un acte d’antihéroïsme dont les répercussions colossales mèneront donc à la principale problématique de cette suite, ainsi qu’à la (re)chute d’un monde encore vacillant.

La culpabilité et le mensonge de cet homme auront d’autant plus d’impact face à ses enfants (Imogen Poots (déjà superbe) et Mackintosh Muggleton) qui seront au centre de ce nouveau cauchemar. Ce duo sera d’abord synonyme d’insouciance. Comme le prouve leur escapade de l’autre côté de la Tamise où ils retrouveront leur foyer abandonné. Mais aussi une mère contaminée. Ici, se place la question inédite de l’immunité héréditaire, dont le jeune Andy demeurera une planche de salut contre le fléau du virus. Du moins jusqu’à son épilogue plutôt éloquent.
Avant que le film ne bascule (et même ensuite) le réalisateur espagnol multipliera les plans larges représentant une capitale anglaise abandonnée. Sur cet aspect, 28 semaines plus tard s’avère très convaincant, d’autant que sa mise en scène prône un certain réalisme. (un autre hommage au précédent film). Et si le résultat manque parfois de clarté, presque 20 ans après, le film demeure encore très convaincant.
Code Rouge
Néanmoins, l’aspect le plus réaliste du long-métrage réside bel et bien dans la gestion de sa crise sanitaire. D’un confinement strict jusqu’à des mesures draconiques pour éviter une nouvelle épidémie. Certes, quelques facilités de scénario précipitent (trop) rapidement le film dans sa course contre la montre durant sa seconde moitié. Toutefois, outre ses commodités, cette fable d’épouvante-horreur et de Science-fiction réaliste jouit d’une rare violence graphique efficiente. (comme le démontre ce déferlement de rage d’un mari contaminé contre sa femme infectieuse).
En plaçant ce père de famille comme nouveau patient zéro puis comme prédateur déchaîné, 28 semaines plus tard donne une certaine intimité au carnage qui s’ensuit. Le film de Juan Carlos Fresnadillo ne recule devant rien pour parachever les horreurs et les injustices de la guerre. Des inévitables tirs contre les civils (la scène des snipers, formidable) jusqu’à ses rues rasées au napalm.

Et c’est via ses quelques profils secondaires réussis et hors du chemin familial que le film complète sa distribution. Et donne, par la même occasion, plus de visibilité aux rouages militaires mis en place. (même si le film n’évite pas quelques clichés). Avant de belles carrières au cinéma, on n’y retrouve la toute jeune Rose Byrne en médecin-chef déterminée, Jeremy Renner en soldat qui se rachète une conscience, ou Idris Elba en général impassible. Autant de profils traversés par la mort et les désillusions en chemin. (la scène des lance-flammes, assez parlante).
Ainsi, après une course effrénée dans Londres et des alliés décimés, notre jeune duo se retrouve contraint de faire voler en éclats ce qu’il reste de leur noyau familial, tandis qu’Andy se retrouve porteur du virus puis fini par traverser la Manche en hélicoptère… Une fin presque too much.
Conclusion
Car fausse bonne idée du film (?), alors que son épilogue à l’astuce de se placer « 28 jours plus tard« , une horde de contaminés déboule dans les rues de Paris. Ce qui, jusqu’à présent, était suggéré dans le film de Danny Boyle – à savoir une pandémie – prend vie sous nos yeux, mais sans plus d’informations. Cela aurait pu être la porte d’entrée à une suite – 28 mois plus tard – qui ne se fera finalement jamais.
Par conséquent, 28 semaines plus tard ne manque pas d’exemples mordants pour exploités son sujet, d’autant qu’il le fait en un temps record. On pourra tout de même regretter son exécution parfois abrupte et trop concise ou ses quelques facilités scénaristiques. En revanche, ce deuxième volet demeure un bel hommage au premier opus, plus qu’une réelle suite, d’autant qu’elle brille d’une nouvelle bande-originale signé John Murphy.
Dans sa finalité, le film de Juan Carlos Fresnadillo se retrouve coincé entre l’œuvre de commande et l’œuvre de genre. Dans les deux cas, elle parvient à s’émanciper de ses titres pour livrer un exercice en grande partie réussi. Ce qui en fait, avec le recul, un segment à part entière de la saga à défaut d’un véritable classique.
Les + :
- Un postulat de départ réfléchi et réaliste.
- Une introduction intense, violente et amère.
- Une belle distribution, aux points de vue variés.
- Une ambiance délectable, d’un Londres déserté jusqu’à la nouvelle bande-originale de John Murphy très atmosphérique.
- Une violence et une frénésie parfaitement retranscrites à l’écran.
- Son engrenage militaire en pleine crise, terrifiant et pragmatique.
Les – :
- Quelques facilités scénaristiques.
- Malgré son tempo assez dense, 1h40 paraissent peu et quelques minutes supplémentaires auraient pu apporter d’autant plus de climax à l’intrigue.
MA NOTE : 15.5/20

Les crédits
RÉALISATEUR : Juan Carlos Fresnadillo / SCÉNARIO : Juan Carlos Fresnadillo & Rowan Joffé (…)
AVEC : Robert Carlyle, Rose Byrne, Jeremy Renner, Mackintosh Muggleton, Imogen Poots, Harold Perrineau, Catherine McCormack, et Idris Elba (…)
SORTIE : 2007 / DURÉE : 1h40